Livestock Research for Rural Development 35 (11) 2023 LRRD Search LRRD Misssion Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Paramètres de reproduction des petits ruminants et stratégies d’adaptation des femmes aux changements climatiques au Bénin

Dimon E, Toukourou Y, Worogo H S S, Idrissou Y, Bougouma-Yameogo V M C1, Traore I A et Gbangboché A B2

Laboratoire d'écologie, santé et productions animales (LESPA), Faculté d'agronomie (FA), Université de Parakou (UP), 01 BP 123, Parakou, République du Bénin
dimelodie@gmail.com
1 Institut de développement rural (IRD), Université Nazi Boni (UNB), Bobo-Dioulasso, Burkina Faso
2 Ecole de Gestion et d’Exploitation des Systèmes d’Elevage, Université Nationale d’Agriculture, Kétou BP 43, Bénin

Résumé

Les paramètres de reproduction des ovins et caprins élevés par des femmes au Bénin ont été évalués en fonction de leurs stratégies développées pour faire face aux changements climatiques. Les types de stratégies étaient l’intégration cultures et animaux (ICA), l’intégration de cultures, arbustes et animaux (ICArA) et l’alimentation basée sur les sous-produits agro-industriels et résidus de récolte (ASPR). Les différents paramètres déterminés ont été soumis à une analyse de variance ANOVA à un facteur et les moyennes ont été comparées par le test de Student grâce au logiciel R. Tous les paramètres de reproduction ont varié significativement entre les groupes (p<0,05) au niveau des deux espèces. Chez les ovins, l’âge moyen à la conception, la durée moyenne de la gestation, l’âge au premier agnelage et l’intervalle moyen entre agnelage ont été de 259±11, 158±8, 504±80 et 402±34 jours respectivement. Chez les caprins, ils ont été de 245±14, 156±10, 416±28 et 273±26 jours respectivement. La taille moyenne de la portée a été de 1,25±0,13 agneau et de 1,74±0,21 chevreau par femelle. Au niveau des deux espèces, les paramètres tels que l’âge à la conception, la durée de la gestation, l’âge à la première mise bas, l’intervalle entre mise bas et la taille de la portée des femelles ont été plus faibles dans les élevages de type ASPR comparativement aux élevages de type ICA et ICArA (p<0,05) et la taille de la portée était plus élevée dans les élevages de type ASPR comparativement aux élevages de type ICA et ICArA (p<0,05). Il en résulte que les élevages dont la stratégie utilise l’alimentation basée sur les sous-produits agro-industriels et résidus de récolte ont présenté les meilleurs paramètres de reproduction dans un contexte d’adaptation au changement climatique.

Mots clés : caprin, Djallonké, intégration agriculture-élevage, ovin


Small ruminants reprodution parameters and adaptation strategies of women to climatic changes in Benin

Abstract

The reproductive parameters of sheep and goats raised by women in Benin were evaluated according to their strategies developed to cope with climate change. The types of strategies were Integrated Crops and Animals (ICA), ICArA Integration of Crops, Shrubs and Animals (ICArA) and Feed Based on Agro-Industrial By-Products and Crop Residues (ASPR). The different parameters determined were subjected to a one-factor ANOVA analysis of variance and the means were compared by the student test using the R software. All the reproduction parameters varied significantly between the groups (p <0.05) at the level of the two species. The mean age at conception, the mean length of gestation, the age at first lambing and the mean interval between lambing were 259±11, 158±8, 504±80 and 402 ±34 days respectively in sheep, and 245±14, 156±10, 416±27 and 273±26 days respectively in goats. The average litter size was 1.25±0.13 lambs and of 1.74±0.21 kids per female. At the level of both species, parameters such as age at conception, gestation length, age at first parturition, parturition interval and female litter size were lower in ASPR farms compared to ICA and ICArA farms (p<0.05) and litter size was higher in ASPR farms compared to ICA and ICArA farms (p<0.05). As a result, farms whose strategy use food based on agro-industrial by-products and crop residues had the best reproductive parameters in a context of adaptation to climate change.

Keywords: goat, Djallonké, agriculture-breeding integration, sheep


Introduction

L’élevage des petits ruminants fait partie intégrante des activités au sein des exploitations rurales dans la plupart des pays d’Afrique et leur importance socio-économique réside dans leur capacité à se reproduire dans des conditions difficiles (Diawara et al 2017, Missoko et al 2020). Au Bénin, l'agriculture, pilier de l'économie, est la principale activité de la population, surtout en milieu rural où les femmes représentent 42,2% des 65,5% de la population active et elles sont généralement les plus grosses productrices de produits maraîchers (Houinsa 2013, Emmanuel et al 2019). Celles-ci font donc partie intégrante du bon fonctionnement des exploitations agricoles dans les ménages traditionnels en Afrique. Les femmes en Afrique subsaharienne représentent 21,5 %, soit bien plus d'un cinquième, de la main-d'œuvre dans les pays du Sud (Glazebrook et al 2020). Par conséquent, les plans d'amélioration de la productivité générale d'une exploitation ou d'un ménage doivent tenir compte des possibilités et des opportunités de relance de la production des activités agricoles exercées par les femmes dont l’élevage des petits ruminants puisqu’ils jouent joue un rôle socio-économique important par l’amélioration des moyens de subsistance qu’ils procurent aux éleveuses (Dimon et al 2022). Bien que les petits ruminants soient fortement représentés au Bénin, ils n’ont fait l’objet que de peu d’intéressement sur le plan scientifique (Offoumon et al 2018, Behingan et al 2022). Comme dans la plupart des pays d’Afrique, les exploitations agricoles du Bénin sont confrontées aux défis de l’adaptation aux changements climatiques et de la faible productivité des animaux. Face à cela, des stratégies d’adaptation sont de plus en développées par les éleveurs pour s’adapter (Idrissou et al 2020b, 2020a). Dans le contexte béninois, les femmes éleveuses perçoivent les effets du changement climatique sur l’élevage des petits ruminants (Dimon et al 2022) et les stratégies développées pour s’y adapter ont été catégorisées par Dimon et al (in press) en trois groupes notamment : l’Intégration des cultures aux animaux (ICA), l’Intégration des cultures, arbustes et animaux (ICArA) et l’Alimentation basée sur les sous-produits agroindustriels et les résidus de récoltes (ASPR). Les actions à mener contre les effets du changement climatique dans l’élevage des petits ruminants élevés par les femmes doivent être fortes, efficaces et doivent prendre en compte les évènements susceptibles d’influencer le fonctionnement des troupeaux. L'efficacité de la reproduction est un des aspects critiques régi par divers facteurs tels que les conditions environnementales, la saison, le système de gestion et l’alimentation (Aktaş et al 2015, McManus et al 2020, Ngcobo et al 2022). Par conséquent, la maîtrise des paramètres de reproduction de ces animaux constitue un enjeu pour déterminer les axes d’action pouvant améliorer leur productivité. L’objectif de cette étude est d’évaluer les paramètres liés à la reproduction des ovins et caprins en fonction des stratégies identifiées chez les femmes.


Matériel et méthodes

Milieu d’étude

La présente étude a été réalisée dans les mêmes localités ayant abrité les précédentes phases de l’étude : Dimon et al (in press) et Dimon et al (2022). Il s’agit des deux des trois zones climatiques que compte le Bénin (situé entre 6° et 12°50'N et 1° et 3°40′E) : la zone tropicale sèche située entre 9°45′ et 12°25′N et de la zone tropicale subhumide située entre 7°30′ et 9°45′N. Deux (2) communes ont été choisies sur la base du grand nombre d’éleveuses de petits ruminants et d’entretiens préliminaires avec les techniciens des Agences Territoriales pour le Développement Agricole (ATDA). Ainsi, les communes de Tchaourou et Nikki ont été retenues dans la zone tropicale subhumide et celles de Gogounou et Malanville dans la zone tropicale sèche. Au sein de chaque commune, deux villages ont été retenus, ce qui donne un total de 8 villages pour l’ensemble de l’étude.

Les phases précédentes ont permis d’établir une typologie et des caractéristiques des 3 groupes dont certaines données sont reprises dans le Tableau 1.

Tableau 1. Quelques caractéristiques des 3 groupes déjà connues.

Paramètres (%)

Modalités

Groupes de stratégies

ICA

ICArA

ASPR

Zone climatique

Zone sèche

24,2c

100,0a

69,0b

Zone subhumide

75,8a

0,0c

31,0b

Ethnie

Peulh

88,7a

18,8c

40,5b

Bariba

9,7c

81,2a

19,0b

Accès aux terres agricoles

Achat

1,6b

31,2a

2,3b

Héritage

3,2b

50,0a

3,2b

Location

85,5a

6,2b

5,2b

Aucun

9,7b

12,5b

89,3a

Nombre de troupeaux suivis

-

20

20

20

Objectifs de production

Naisseur

94,3a

6,2b

6,0b

Engraisseur

1,6b

3,0b

90,1a

Naisseur et engraisseur

4,2b

90,8a

3,9b

Taille du cheptel ovin (têtes)

-

15,3± 1,7a

16,2 ± 3,7a

6,4 ± 1,5b

Taille du cheptel caprin (têtes)

-

6,2 ± 0,9a

5,3 ± 1,9a

9,1 ± 1,4a

Nombre de petits ruminants (têtes)

21,5±5,3

21,5± 6,8

15,5 ± 9,4

Collecte des données

Les animaux étudiés dans la présente étude sont issus des élevages ayant participé aux précédentes études. En effet, trois (3) groupes de stratégies ont été développés par les éleveuses : l’intégration cultures et animaux (ICA), l’intégration de cultures, arbustes et animaux (ICArA) et l’alimentation basée sur les sous-produits agro-industriels et résidus de récolte (ASPR). Pour mener la présente étude, les femelles ovines et caprines de dix (10) élevages issus des groupes suscités ont fait l’objet d’un suivi sur une durée de 24 mois. Les femelles suivies sont toutes de race locale (Djallonké) et ont été au préalable identifiées et des fiches d’enregistrement ont été élaborées pour recueillir les informations sur l’âge à la conception, la durée de la gestation, l’âge à la première mise bas, l’intervalle entre mise bas et la taille de la portée (nés vivants et nés morts) en fonction de chaque espèce. Ce suivi a été fait de façon mensuelle à date fixe.

Analyse statistique

Les différents paramètres de reproduction ont été classés selon les trois groupes de stratégies ICA, ICArA et ASPR). Les valeurs obtenues ont été soumises à une analyse de variance ANOVA à un facteur pour déterminer l’effet de la stratégie d’adaptation sur les paramètres de reproduction. Les valeurs ont été présentées sous forme de moyennes ± écarts-types et comparées à l'aide du test t de Student. Les analyses statistiques ont été effectuées en utilisant le logiciel R.4.0.2 (R Core Team 2021).


Résultats

Paramètres de reproduction des ovins

Les paramètres de reproduction des ovins élevés par les femmes sont présentés dans le Tableau 2. De façon globale, l’âge à la conception des femelles a été de 259±11 jours. Cet âge est plus réduit dans les élevages de type ASPR comparativement aux deux autres groupes (p<0,01) qui n’ont pas présenté de différence significative entre eux (p>0,05).

En moyenne, les brebis ont présenté une durée de gestation de 158±8 jours. La gestation a été plus longue chez les brebis possédées par les femmes appartenant aux groupes ICA et ICArA. Dans les exploitations étudiées, le premier agnelage a eu lieu en moyenne 504±80 jours après la naissance. Les agnelages étaient plus précoces chez les femelles issues des exploitations de type ASPR (472±63) comparativement à ceux enregistrés dans les autres groupes (p<0,05).

L’intervalle entre agnelages (402±34 jours en moyenne) était plus allongé dans les exploitations de type ICA et ICArA. Les brebis des exploitations ASPR ont présenté une taille de portée (1,44±0,29) supérieure à celle des brebis des deux autres groupes (p<0,05).

Tableau 2. Paramètres de reproduction des ovins par groupe de stratégie

Paramètres

Général

Type de stratégies

p-value

ICA

ICArA

ASPR

Nombre de brebis

41±18

40a ±20

42a ±33

41a ±22

p>0,05

Age à la conception

259±12

277a±13

262a±8

249b±13

p<0,01

Durée de la gestation

158±8

171a±7

160a±9

144b±8

p<0,01

Age au premier agnelage

504±80

527a±73

511a±77

472b±63

p<0,05

Intervalle entre agnelage

402±34

428a±40

406a±36

381b±24

p<0,05

Taille de la portée

1,25±0,13

1,19a±0,22

1,26a±0,15

1,44b±0,29

p<0,05

a,b : les valeurs sur une même ligne indicées de différentes lettres sont significativement différentes au seuil de 5 % (p<0,05) ; ICA : Intégration cultures et animaux ; ICArA : Intégration de cultures, arbustes et animaux ; ASPR : Alimentation basée sur les Sous-produits agro-industriels et résidus de récolte.

Paramètres de reproduction des caprins

Les paramètres de reproduction des caprins élevés par les femmes sont présentés dans le Tableau 3. Les résultats du suivi ont montré que l’âge à la conception des chevrettes a été de 259±11 jours pour l’ensemble des trois systèmes. Cet âge est plus allongé dans les élevages de type ICA et ICArA comparativement à ceux du groupe ASPR (p<0,05).

En moyenne, les chèvres ont présenté une durée de gestation de 156±10 jours. La gestation a été plus longue chez les chèvres possédées par les femmes appartenant aux groupes ICA et ICArA. Dans les exploitations étudiées, le premier chevrotage a lieu en moyenne 416±28 jours après la naissance et les chevrotages sont plus précoces chez les femelles issues des exploitations de type ASPR (383±21) comparativement aux à ceux enregistrés dans les autres groupes (p<0,01).

L’intervalle entre chevrotages (273±26 jours en moyenne) est plus allongé dans les exploitations de type ICA et ICArA. Quant à la taille de la portée, elle a été inférieure chez les brebis des exploitations ICA (1,52b±0,16) comparée à celle des brebis des deux autres groupes (p<0,01)

Tableau 3. Paramètres de reproduction des caprins par groupe de stratégie

Paramètres

Général

Type de stratégies

p -value

ICA

ICArA

ASPR

Nombre de chèvres

32±28

31a ±34

30a ±25

33a ±21

p>0,05

Age à la conception

245±14

260a±13

255a±9

212b±11

p<0,05

Durée de la gestation

156±10

168a±7

158a±8

138b±5

p<0,05

Age au premier chevrotage

416±28

426a±40

422a±17

383b±21

p<0,01

Intervalle entre chevrotage

273±26

280a±41

276a±28

260b±33

p<0,05

Taille de la portée

1,74±0,21

1,52b±0,16

1,86a±0,19

1,92a±0,26

p<0,01

a,b : les valeurs sur une même ligne indicées de différentes lettres sont significativement différentes au seuil de 5 % (p<0,05) ; ICA : Intégration cultures et animaux ; ICArA : Intégration de cultures, arbustes et animaux ; ASPR : Alimentation basée sur les Sous-produits agro-industriels et résidus de récolte


Discussion

Dans la présente étude, les paramètres de reproduction tels que l’âge à la conception, la durée de gestation, l’âge à la première mise bas ainsi que l’intervalle entre mise bas des ovins et caprins ont été plus courts chez les femelles élevées dans les systèmes dont l’alimentation est basée sur les sous-produits agro-industriels et résidus de récolte (ASPR). Les femelles appartenant à ce type de système ont également présenté des portées plus importantes comparativement à celle des deux autres groupes (ICA et ICArA). Il en résulte que le système ASPR présente les meilleurs paramètres de reproduction. Cela pourrait s’expliquer par le fait que l’utilisation de sous-produits agro-industriels est susceptible d’apporter des proportions plus grandes d’éléments nutritifs comparativement à une alimentation limitée à une intégration culture -animaux ou encore culture-arbres-animaux. Par ailleurs, il est documenté que la complémentation en concentré est susceptible d’améliorer les performances de reproduction chez les chèvres (Oderinwale et al 2017). Sur ce, l’adaptation aux changements climatiques par les femmes éleveuses de petits ruminants est plus efficace pour améliorer les paramètres de reproduction lorsque celles-ci incluent des sous-produits agro-industriels et des résidus de récolte.

Paramètres de reproduction des ovins

Dans la présente étude, des durées de gestation allant de 138±5 à 168±7 ont été enregistrées. Comparées à certaines données existantes dans la littérature, les durées de gestation chez les brebis sont différentes selon les régions et races considérées. Par exemple, Tozlu Celik et al (2021) ont rapporté des valeurs comprises entre 149 et 151 jours sur les brebis de race Karayaka en Turquie. Toutefois, les données de la littérature montrent que ce paramètre est largement influencé par des facteurs tels que le rang de mise bas, la note d’état corporel, etc. (Tozlu Celik et al 2021, Cam et al 2018, Worku 2019).

Dans la présente étude, l’âge moyen obtenu pour le premier agnelage a été de 504±80 jours. Cet âge est plus allongé comparativement à la valeur moyenne de 327±33 rapportée par Missoko et al (2020) sur les femelles Djallonké en milieu villageois au Congo Brazzaville ; soit une différence d’environ 6 mois. D’autres valeurs reportées (10-13 et 12,4±0,3 mois) sur les chèvres locales par Hailemariam et al (2013) et Urgessa et al (2013) en Ethiopie sont également plus faibles que celles rapportées dans la présente étude. Cela pourrait s’expliquer par les différences liées aux conditions géographiques et environnementales des animaux.

Dans la présente étude, l’amplitude moyenne de l’intervalle entre agnelages a été de 402±34 jours soit 13,4 mois environ. Cette valeur est supérieure à l’amplitude de 9-12 mois enregistrée par Urgessa et al (2013) chez les chèvres locales de Illu Abba Bora en Ethiopie. Cet âge est également plus allongé comparativement à la valeur moyenne de 210±31 rapportée par Missoko et al (2020) sur les femelles Djallonké en milieu villageois au Congo Brazzaville.

La taille de la portée est une estimation de la prolificité des femelles et regroupe à la fois les animaux nés vivants et morts lors de la mise bas. La taille moyenne de la portée a été de 1,25 agneau/agnelle par brebis dans la présente étude. Cette valeur est inférieure à la moyenne de 1,3 agneau/agnelle obtenue par Hailemariam et al (2013) sur les brebis de la zone de Gamogofa en Ethiopie. Elle est également plus faible comparativement à la moyenne de 1,38 rapportée par Missoko et al (2020) sur les femelles Djallonké en milieu villageois au Congo Brazzaville. Par contre, la taille de la portée enregistrée dans la présente étude est supérieure à celle rapportée par Tozlu Celik et al (2021) sur les brebis de race Karayaka en Turquie.

Paramètres de reproduction des chèvres

Dans la présente étude, l’âge à la conception des chèvres a varié de 212±11 (système ASPR) à 260±13 (système ICA) jours en moyenne. Ces intervalles se rapprochent de ceux enregistrés par Offoumon (2020) sur les chèvres Saanen, Rousse de Maradi et des métisses F1 en zone soudano-guinéenne du Bénin. Par contre, les valeurs enregistrées dans cette étude pour l’âge à la conception sont largement inférieures à celles rapportées (520±8 à 533±11 jours) par Singh et al (2020) sur les chèvres élevées dans des systèmes extensifs, semi-intensifs et intensifs dans la région du Mirzapur en Inde.

Dans notre étude, la durée moyenne de la gestation des chèvres élevées par les femmes a été de 156±10 jours avec une variation selon le groupe de 138±5 à 168±7 jours. Ces valeurs sont différentes de celles enregistrées par Offoumon (2020) sur les chèvres Saanen, Rousse de Maradi et des métisses F1 (117 à 180 jours) en zone soudano-guinéenne du Bénin.

Dans le contexte de notre étude, l’âge moyen au premier chevrotage a été de 416±28 jours soit environ 14 mois. Ces valeurs sont très proches de celles rapportées par Diawara et al (2017) sur les caprins des élevages de la région de Hombori au Mali. Elles sont plus faibles comparées à celles rapportées sur des chèvres de la région de Mirzapur en Inde par Singh et al (2020). Les variations entre groupes de stratégies étudiés se rapprochent de celles (366±5 à 428±3 jours) rapportées par Offoumon (2020) sur les chèvres Saanen, Rousse de Maradi et des métisses F1 en zone soudano-guinéenne du Bénin.

Dans notre étude, l’intervalle entre chevrotages a été de 273±26 jours pour l’ensemble des femelles reproductrices. Cette durée est relativement plus réduite comparativement à celles obtenues par Diawara et al (2017) sur les femelles reproductrices des élevages de la région de Hombori au Mali. Ces valeurs sont également plus faibles comparativement à celles obtenues chez les chèvres de la région de Mirzapur en Inde selon les valeurs rapportées (285±13 à 334±14 jours) par Singh et al (2020). Les variations enregistrées dans la présente étude (8,6 à 9,3 jours) sont plus réduites comparativement à celles rapportées (8,6 à 15,1 jours) par Offoumon (2020) sur les chèvres Saanen, Rousse de Maradi et des métisses F1 en zone soudano-guinéenne au Bénin.

Les chèvres sont généralement considérées comme des animaux prolifiques (Robertson et al 2020). Dans cette étude, la taille de la portée a varié de 1,52±0,16 à 1,92±0,26 dans les systèmes étudiés. Cette caractéristique reproductive varie selon les régions et les races caprines considérées. Par exemple, cette variation est supérieure à celle présentée par les chèvres de la région de Mirzapur en Inde (1,46±0,57 à 1,85±0,73). La portée moyenne obtenue dans notre étude (1,74±0,21) est supérieure à celle obtenue sur les chèvres Kalahari Red (1,6) par Oderinwale et al (2017) et celle obtenue sur les femelles Boer (1,6) par (Nogueira et al 2016) en Australie.


Conclusion

Cette étude constitue une part essentielle dans l’aide à la gestion et à l’adaptation des femmes éleveuses de petits ruminants face au changement climatique. Des trois groupes de stratégies étudiés, ceux liés à l’alimentation basée sur les sous-produits agro-industriels et résidus de récolte ont présenté des durées plus courtes sur les différents paramètres de reproduction avec des portées plus importantes. De ce point de vue, il est donc nécessaire que les stratégies liées à l’intégration cultures et animaux et celles basées l’intégration de cultures, arbustes et animaux soient renforcées pour raccourcir les durées des fonctions reproductives de leurs animaux. Par ailleurs, il serait également utile d’explorer les aspects sanitaires de ces animaux en fonction des groupes de stratégies.


Remerciements

Ce travail a été financé par la Fondation internationale pour la science (IFS) par le biais de la subvention I-3-S-6471-1 et par l'Organisation des femmes en science pour le développement du monde (OWSD), attribuée à l'auteur principal Dimon Elodie.


Déclarations

Les auteurs déclarent qu’il n’existe aucun conflit d'intérêt en rapport avec cette recherche.


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