Livestock Research for Rural Development 29 (2) 2017 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

Citation of this paper

Les types de dromadaires Talabayatten et Talmarokitt au nord-est du Mali ont un potentiel laitier élevé

Bara Ouologuem, Mohomodou Moussa1 et Mamadou D Coulibaly2

Station de recherche agronomique de Sotuba, BP 262
ouologuembara@yahoo.fr
1 Station de recherche agronomique de Gao
2 Cellule de planification et de statistiques du secteur du Développement Rural (CPS/SDR) BP E2710, Rue 127, Porte 97, Bozola, Bamako

Résumé

Le dromadaire est l’une des principales richesses des zones arides et semi-arides du Mali y compris la zone de Tin-Hamma, près d’Ansongo. Ici, son lait fait partie des principales nourritures de la population. L’objectif de l’étude est d’évaluer la production laitière des chamelles dans cette zone. Ainsi, 62 chamelles en lactation appartenant à 5 éleveurs et nourries sur pâturage naturel ont été suivies d’août 2001 à février 2003 (18 mois). Les animaux n’ont reçu que du sel gemme en complément. Ils ont été déparasités et vaccinés. La quantité de lait trait a été pesée chaque jour par les éleveurs. Les données ont été analysées par analyse de la variance. La quantité moyenne de lait trait par jour a été de 6,7 ± 0,1 kg par chamelle. Elle a été fortement influencée par le type génétique (0,014), le numéro de lactation (0,039), l’éleveur (P < 0,001), la saison de mise bas (<0,001) et le stade de lactation (P < 0,01). Le type Talabayatten a eu une production plus élevée (6,9 ± 0,1 kg) que le type Talmarokitt (6,5 ± 0,1 kg). La persistance de la lactation a été de 93,4% chez le Talabayatten et 91,1% chez le Talmarokitt. La durée de la lactation a été statistiquement identique (P = 0,557) entre les deux races : 354,5 ± 7,0 jours pour le Talabayatten et 341,0 ± 10,0 jours pour le Talmarokitt. Elle n’a pas été influencée par le mode de gestion de l’éleveur (P = 0,798) ni par le numéro de chamelage (P = 0,405). Ces résultats indiquent un potentiel laitier élevé qui mérite d’être exploité par des actions de recherche et de développement.

Mots-clés: Ansongo, Camelus dromedarius, chamelle, élevage extensif, lait, Sahel, Tin-Hamma



Camel type Talabayatten and Talmarokitt in Mali North-East have a high potential of milk production

Abstract

Camel (Camelus dromedarius) is one of the most important wealth in the North-eastern Mali. This specie is very important in the social and economical activities of people in this area. It provides milk, one of the main foods for the pastoralists, and camel itself is used in agronomic activities, in takeoff of water from wells, in sport and as well as transportation mean. In the desert conditions any livestock species could replace camel. Despite of its social and economical role, camel has not got the consideration that it deserves by the research and development institutions of the country. Milk production potential of camel is unknown. Therefore it is difficult to undertake improvement actions in the area. To correct this situation, 62 lactating camels in five herds were observed during 18 months from August 2001 to February 2003 in Tin-Hamma area. Herds were fed on natural pasture without supplementation except rock salt. All animal were dewormed and vaccinated. Milk offtake was recorded once every week from seven days after calving until the herdmaster stopped milking and considered that the camel was dried. Data were analysed using ANOVA and mains factors were type of camel, number of parity, herd and calving season and milking period. Average milk offtake was 6.6 ± 0.1 kg per day per camel. It was influenced by the type of camel (P = 0.014), number of parity (P = 0.039), herd (P <0.001), calving season (P <0.001) and milking period (P<0.01). Talabayatten type a higher production (6.9 ± 0.1 kg) than Talmarokitt (6.5 ± 0.1 kg). Milking duration was statistically similar (P = 0.557) for the two breeds: 354.4 ± 7 days for Talabayatten and 341 ± 10.0 for Talmarokitt. It was not influenced by the breeder management mode (P = 0.798) or by the number of calving (P = 0.405). These results indicated the high milk production potential of these camel types in Tin-Hamma area. More research-development actions are needed to exploit this potential.

Key words: Ansongo, camel, extensive livestock, milk, Sahel, Tin-Hamma


Introduction

Le dromadaire est l’une des principales richesses de la partie aride et semi-aride des régions du nord du Mali qui occupe plus de 75% de la superficie du pays. Dans cette partie, le lait de dromadaire constitue l’une des principales sources de nourriture pour la population pastorale. Cependant, cette situation contraste avec le peu d’études réalisées sur cette espèce dans notre pays. L’étude la plus pertinente a été celle de Nadio (1985) qui a indiqué que la production journalière de lait trait de dromadaires de race du Sahel dans la zone de Talataye (cercle d’Ansongo, nord-est du Mali) a varié entre 7 l et 8 l en saison des pluies, mais avec la saison sèche elle a chuté à 4 l. Cependant dans d’autres zones géographiques, la production de lait du dromadaire est bien documentée (Mukasa 1985, Iqdal et al 2009, Ayadi M et Casals R 2009, El Zubeir Ibtisam et Ibrahium Marowa 2007, Zeleke 2007, Eyassu 2007). C’est pourquoi la production de lait et la productivité du dromadaire intéressent de plus en plus les scientifiques pour plusieurs raisons dont la faculté d’adaptation de l’espèce aux conditions difficiles surtout en ces temps de changements climatiques (Ayadi M et Casals R 2009) et les qualités nutritionnelles de son lait et de sa viande. Mais au Mali, il n’existe pas de référence de production de lait de dromadaires à l’exception de l’enquête réalisée par Nadio (1985). L’objectif de la présente étude est d’évaluer la production de lait des chamelles dans les conditions d’élevage extensif de la zone de Tin-Hamma, au nord-est du Mali, par un suivi de chamelles en lactation chez des éleveurs.


Matériel et méthodes

Site de l’étude

Situé dans le cercle d’Ansongo au nord-est du Mali, dans l’aire du Tégorast Kollet à 15° 30 de latitude Nord, Tin-Hamma a été jadis une mare permanente importante autour de laquelle nomadisaient les fractions peules Kel - Gounhanes et Idourfanes. Aujourd’hui Tin-Hamma est un village sis à côté de la mare du même nom. Il est à 75 km au sud-ouest de la ville d’Ansongo dans la région de Gao. La zone est caractérisée par une pluviométrie faible qui varie entre 100 et 300 mm par an. On distingue les 3 saisons suivantes : saison des pluies de juillet à fin septembre ; saison sèche froide d’octobre à fin février et saison sèche chaude de mars à fin juin. La végétation est surtout influencée par le climat et se compose d'herbacées et de ligneux. C'est le domaine de la savane herbeuse. Mais, suite aux nombreuses sécheresses qui ont marqué la région, les forêts ne sont représentées que par des fourrés d'Acacia radiana (acacia faux gommier) autour des mares et des oueds d’Afrag, Banguir, Sorori et Bolilan. La strate herbacée est composée d’espèces comme Zornia glochidiata, Panicum turgidum (panic enflé), Cenchrus biflorus (cram-cram) et Panicum laetum (fonio sauvage). La zone dispose de quelques mares pérennes comme source d’eau tant pour les animaux que pour les hommes.

Matériel

Le matériel animal a été constitué par 62 chamelles en lactation appartenant à cinq troupeaux de Tin-Hamma. Chaque troupeau appartient à un éleveur. Les types dominants parmi les chamelles ont été le Talmarokitt (44%) et le Talabayatten (39%) qui sont issus d’un métissage entre les races de l’Adrar et de l’Aïr. Toutefois, cette information nécessite une confirmation par des études de caractérisation. Le nombre de chamelages des femelles variait entre 1 et 7. Elles ont été suivies durant 18 mois, d’août 2001 à janvier 2003.

Méthodes

Les troupeaux dans lesquels se trouvaient les chamelles suivies étaient conduits pendant le jour sur des pâturages naturels, mais parqués pour la nuit autour des campements. Les animaux recevaient du sel gemme une fois par mois comme complément. Aucun autre complément ne leur a été donné. Ils ont été abreuvés tous les deux – trois jours pendant la saison sèche selon les éleveurs, mais durant la saison des pluies le rythme n’a pas été suivi, car les animaux pouvaient le faire en brousse en l’absence du propriétaire dans des mares ou des retenues d’eau temporaires.

Les troupeaux ont été visités une fois par semaine durant les 18 mois. A la première visite la structure de chaque troupeau a été déterminée et les femelles ont été identifiées avec des boucles. Ensuite la quantité de lait pouvant être prélevée par le berger, les dates de mise bas et de tarissement ont été enregistrées à chaque passage de l’observateur. La traite a été faite après que le chamelon ait stimulé la descente du lait pendant environ une minute. La quantité de lait ayant pu être traite a été pesée après chaque traite. Puis le chamelon a consommé sa part de lait. La production journalière a été calculée en faisant la somme des quantités des différentes traites de la journée (2 ou 3 traites par jour) sans compter le lait consommé par le chamelon. La durée de lactation a été calculée pour 36 chamelles dont les dates de mise bas et de tarissement étaient connues (13 de chaque type). La production par lactation a été calculée en multipliant la production moyenne journalière par la durée de la lactation. La durée de lactation a été volontairement répartie en 3 périodes : période 1 : début de la lactation de 1 à 120 jours après la lactation ; période 2 : milieu de la lactation qui va de 121 à 250 jours et enfin période 3 : fin de lactation qui s’étale de 251 jours au tarissement. La production moyenne journalière a été calculée aussi en fonction de ces périodes. L’année a été répartie en trois saisons : saison des pluies de juillet à fin septembre ; saison sèche froide d’octobre à fin février et saison sèche chaude de mars à fin juin. Le nombre de données récoltées (traites) a été de 270 pour la race Talmarokitt, 243 pour le Talabayatten soit au total 513 données.

Les données de production journalière ont été analysées par la méthode d’analyse de variance en considérant comme facteurs le type génétique, le numéro de lactation, la saison de mise bas et l’éleveur en utilisant la procédure General Linear Model de Genstat Discovery, édition 3. La comparaison des moyennes a été faite par la méthode de contrastes orthogonaux.


Résultats

Production de lait
Influence du type génétique

La quantité journalière moyenne de lait prélevé par le berger a été significativement influencée par la race des chamelles (tableau 1). Ainsi le type Talabayatten avait une production plus élevée que le type Talmarokitt.

Tableau 1. Quantité de lait prélevée par le berger par jour et par chamelle selon le type de dromadaire (en kg)

Types génétiques

Nombre de données

Quantité de lait (kg)

Erreur standard

Talabayatten

243

6,9

0,1

Talmarokitt

270

6,5

0,1

Moyenne

513

6,7

0,1

Probabilité

0,014

Influence de la parité

De la première à la cinquième lactation il n’a pas été observé de différence de production entre les femelles (tableau 2). Mais la production de la sixième lactation et celle de la septième lactation ont été significativement plus faibles que celle des cinq premières.

Tableau 2. Quantité de lait trait par jour et par chamelle selon le numéro de lactation (en kg)

Numéro de lactation

Nombre de données

Quantité de lait (kg)

Erreur standard

1
2
3
4
5
6
7
Moyenne

220
84
71
28
38
39
33
513

7,0 a
6,9 a
6,3 a
7,0 a
6,6 a
5,6 b
5,6 b
6,7

0,1
0,3
0,2
0,6
0,2
0,3
0,4
0,1

Probabilité 0,039
abc Dans la même colonne les moyennes suivies de la même lettre ne sont pas différentes au seuil de 5%
Influence de l’éleveur

La production journalière de lait a été fortement influencée par le facteur éleveur (tableau 3). L’éleveur 1 avait la production la plus élevée, suivi des éleveurs 2, 3 et 5. L’éleveur 4 avait la production la plus faible. Par contre, chez les éleveurs 1, 3 et 4 la production était similaire. Il en a été de même entre les éleveurs 4 et 5.

Tableau 3. Production journalière de lait par chamelle par éleveur(en kg)

Eleveurs

Nombre de données

Quantité de lait (kg)

Erreur standard

1
2
3
4
5
Moyenne

119
123
84
108
79
513

7,6 a
6,7 b
6,6 ac
5,8 ad
6,6 ed
6,7

0,17
0,19
0,24
0,28
0,23

Probabilité<0,001

<0,001

abc Dans la même colonne les moyennes suivies de la même lettre ne sont pas différentes au seuil de 5%

Influence de la saison de mise bas

La quantité de lait traite a été fortement influencée par la saison de mise bas de la chamelle (tableau 4). La plus grande quantité a été obtenue au cours de la saison des pluies et les plus faibles pendant la saison sèche chaude. La production de la saison froide a été intermédiaire.

Tableau 4. Quantité de lait produite selon les saisons de mise bas des chamelles (kg)

Saison

Type de dromadaire

Probabilité

Talabayatten

Talmarokitt

n

Moyenne

Erreur standard

n

Moyenne

Erreur standard

Saison des pluies

170

7,6 a

0,16

190

7,2 a

0,14

Sèche chaude

24

6,0 b

0,31

18

6,5 b

0,35

Sèche froide

49

5,1 c

0,31

62

4,7 c

0,32

Moyenne

243

6,9

0,15

270

6,5

0,14

0,037

n = nombre de données utilisées pour l’analyse

Sur la même ligne les chiffres suivis de la même lettre ne sont pas significativement différentes au seuil de 5%

Dans la même colonne les chiffres suivis de différentes lettres sont significativement différents au seuil de 5%.

Influence de la période de lactation

La production journalière de lait a été de 6,7 kg en moyenne pour tous les stades de lactation confondus. Elle a varié de 7,5 kg ± 0,1 (ES) pendant les 120 premiers jours de lactation à 6,1 kg ± 0,1 au cours des 130 jours suivants, et enfin 4,3 kg ± 0,2 durant le dernier tiers de la lactation. Cette baisse de production a été statistiquement significative d’une part entre le début et le milieu de la lactation (P<0,01) et d’autre part entre le milieu et la fin (P<0,01).

Persistance de la lactation

La production de lait d’un mois au suivant n’a pas suivi une tendance régulière chez les deux races, mais dans l’ensemble le taux de persistance de la production de lait a été très élevé (tableau 5).

Tableau 5. Taux de persistance de la production de lait d’un mois
au mois suivant chez les types Talabayatten et Talmarokitt

Intervalle de mois

Talabayatten

Talmarokitt

1 -2

89,5

82,7

2 -3

93,8

90,9

3 -4

91,7

101,3

4 -5

103,6

81,5

5 -6

78,9

88,4

6 -7

81,7

116,1

7 -8

93,9

89,7

8 -9

92,8

77,7

9 -10

94,5

87,5

10-11

123,1

90,8

11-12

83,9

95,4

Moyenne

93,4

91,1

Courbe de lactation

Les quantités de lait trait sont plus élevées au premier mois de lactation, ensuite elles baissent régulièrement (figure 1). Cependant, cette baisse est en dents de scie chez les deux types. Ainsi, chez le type Talmarokit, il a été observé une légère augmentation entre le 3e et 4e mois, puis entre le 6e et 7e et 8 e mois. A partir du 9e la chute est régulière. Chez le type Talabayatten aussi une légère élévation de la production a été constatée entre le 4e et le 5e mois de lactation, puis entre le 10e et le 11e mois. Le taux moyen de baisse de la production a été de 6,6 % au cours de la lactation.

Figure 1. Courbe de lactation des deux principaux types de dromadaires
Durée de lactation

La durée de lactation a été statistiquement similaire entre les deux types de dromadaires (Tableau 6).

Tableau 6. Durée de lactation des chamelles selon le type de dromadaires

Race

Nombre de
femelles suivies

Durée de
lactation (jours)

Erreur
standard

Talabayatten

13

354,5

7,2

Talmarokitt

13

341,1

10,1

Moyenne

26

348,0

6,2

Probabilité

0,557

Il n’a pas été non plus observé de différences statistiquement significatives entre les animaux appartenant aux différents éleveurs (tableau 7) et au numéro de chamelage (tableau 8).

Tableau 7. Durée de lactation des chamelles selon les éleveurs

Eleveur

Nombre de
chamelles

Durée de
lactation (jours)

Erreur
standard

1
2
3
4
5
Moyenne

5
5
4
8
4
26

339
358
356
355
322
348

6,7
7,1
8,0
10,6
31,6
6,2

Probabilité

0,798



Tableau 8. Durée de lactation des chamelles selon la parité de chamelage

Parité

Nombre de
chamelles

Durée de
lactation (jours)

Erreur
standard

1
2
3
4
6
7
Moyenne

13
4
3
2
2
2

334
352
363
348
361
394
348

9,4
11,7
0,3
13,5
0,5
25,0
6,2

Probabilité

0,405

Production de lait par lactation

La production moyenne par lactation a été de 3 019 ±163 kg pour le Talmarokitt et 2 885 ± 197 kg pour le Talabayatten. La production par lactation a été comprise entre 1 552 kg et 3 549 kg pour le type Talabayatten et 2 242 et 3 765 kg pour le talmarokitt.

Toutefois, il n’a pas été observé de différence significative entre les deux types (P = 0,485), tout comme entre les éleveurs (tableau 9).

Tableau 9. Production par lactation des chamelles selon les éleveurs

Eleveurs

Nombre de
chamelles

Production
par lactation

Erreur
standard

1

5

3 055

194

2

4

2 735

479

3

3

3 592

172

4

7

2 983

173

5

4

2 523

244

Moyenne

23

2 955

125

Probabilité

0,184


Discussion

La production de lait de chamelle trait dans les conditions d’élevage de la zone de Tin Hama a été en moyenne de 6,7 ± 0,1 kg par jour. La production moyenne par lactation a été 3 019 kg pour le Talmarokitt et 2 885 kg pour le Talabayatten. Ces productions obtenues sans complémentation alimentaire montrent le potentiel élevé de ces races comparé aux productions obtenues dans des conditions similaires en Tunisie (Moslah 1998), au Niger (Chaïbou et al 2004) et en Ethiopie (Zeleke 2007).

La production journalière observée dans notre étude est comparable aux 6 l des races Sifdaar mais supérieure aux 4 l de la race Eydimmo en 12 mois de lactation rapportées par Faye (1997) et les 2,8 – 5 l observées par Mukasa (1985) pour les chamelles du Sahara en 12 mois. Martinez (1989) a obtenu 3 à 4 litres de lait par jour, ce qui est inférieur à nos résultats. En Tunisie, Moslah (1998) a rapporté une production moyenne de lait trait de 1,62 l/j (entre 1,22 et 2,02 l/j) pendant 7 mois de lactation pour des dromadaires élevés sur parcours. Nos résultats sont supérieurs aussi aux 2,03 à 4,13 kg de lait de Moslah (1998) obtenus sur des chamelles de race Magrhebi en Tunisie sur pâturage naturel, mais complémenté le soir avec 2 kg de grignon d'olive et 1 kg d'orge concassée par tête. Ils sont plus élevés aussi que les 3,2 l que Chaibou et Faye (2004) ont obtenus sur des chamelles de race Abzin au Niger, ainsi que les 3,75 l rapportés par Zeleke (2007) en Ethiopie, mais qui n’a pas précisé la race.

Par ailleurs, ce potentiel comparé à la production traite généralement observée de 2,4 l chez la vache Peule locale en station (Nialibouly 2004) dans des conditions d’alimentation intensive indique que les chamelles suivies de la zone d’étude sont plus productives que la vache locale.

L’amélioration du milieu d’élevage, notamment l’alimentation et la santé, permet de pronostiquer en faveur d’une nette augmentation de cette production.

Plusieurs facteurs influencent la production de la chamelle tels que la race, les conditions d’alimentation, la saison, le nombre de traites, le numéro de lactation (Mukasa 1985, Faye 1997, Zeleke 2007). Mais Zeleke (2007) a indiqué que le mois de lactation n’a pas d’effet significatif sur la production journalière jusqu’au 9e mois. Faye (1997) a indiqué que la variabilité génétique est très importante chez les dromadaires et laisse supposer des possibilités de sélection.

La production par lactation observée ici a été supérieure aux 1 825 – 2 190 l obtenues en Erythrée (Mukasa 1985), et aux 1 000 à 2 700 l rapportées par Faye (1997) et Chaïbou et Faye (2004).

Les coefficients de persistance de la lactation de 93% pour le Talabayatten et 91% pour le Talmarokitt ont été élevés et concordent à ce qui a été annoncé par Faye (1997) qui a indiqué que le coefficient de persistance de la lactation est élevé et toujours supérieur à 80%.

La durée moyenne de la lactation a été de 348 ± 6 jours. Elle a été légèrement plus courte que les 366,75 jours observés par Chaïbou et Faye (2004) au Niger, mais supérieure aux 10 mois signalés par Kamoun en 1989 sur des dromadaires de race Neggas en Tunisie. D’après Faye (1997) la durée de la lactation varie entre 8 et 18 mois et semble sous la dépendance de quelques pratiques telles que la fréquence de traite ou de tétées et les conditions d’alimentation.


Conclusion


Remerciements

Les auteurs remercient la Coopération Néerlandaise pour le financement de l’étude, ainsi que les observateurs et les éleveurs qui nous ont facilité la collecte des données.


Références

Ayadi M et Casals R 2009 First results on conjugated linoleic acid contain of camel milk. Abstract 59, Second Conference of the International Society of Camelid Research and development, Djerba, Tunisie, 12 -14 avril. The Arid Land Institute (IRA): 47

Chaibou M, et Faye B 2004 In : Lhoste Frédéric. Lait de chamelle pour l'Afrique : atelier sur la filière laitière caméline en Afrique . [Cd-Rom]. Rome : FAO-CIRAD-KARKARA. Atelier international sur le lait de chamelle pour l'Afrique, 2003-11-05/2003-11-08, Niamey, Niger, 17-32

El Zubeir, E M Ibtisam and Ibrahium Marowa 2009 Effect of pasteurization of milk on the keeping quality of fermented camel milk (Gariss) in Sudan. Livestock Research for Rural Development. Volume 21, Article #19

Eyassu Seifu 2007 Handling, reservation and utilization of camel milk and camel milk products in Shinile and Jijiga Zones, Eastern Ethiopia. Livestock Research for Rural Development. Volume 19, Article #86. http://www.lrrd.org/lrrd19/6/seif19086.htm

Faye B, Saint-Martin G, Bonnet P, Bengouni M et Dia M L 1997 Guide de l’élevage du dromadaire, 1ère édition. Sanofi Santé Nutrition Animale, La Ballastière, France, 126p.

Iqdal A, Younas M et Khan B B 2009 Milk production potential of Pakistani camel (Camelus dromedarius) under the dry conditions of the Punjab. Abstract N°150, second Conference of the International Society of Camelid Research and development, Djerba, Tunisie, 12 -14 avril, 121.

Kamoun 1989 Le lait de dromadaire : production, aspects qualitatifs et aptitude à la transformation. In : Tisserand J-L (ed.). Elevage et alimentation du dromadaire. Zaragoza : CIHEAM, 1995. n. 13 (Options Méditerranéennes) http://om.ciheam.org/article.ph: 83 -103 ID PD F=9 5605344

Martinez D 1989 Note sur la production de lait de dromadaire en secteur périurbain en Mauritanie. Revue d' Élevage et de Médecine vétérinaire des Pays tropicaux, 42 (1) : 115-116.

Moslah M 1998 La production laitière du dromadaire en Tunisie. Actes du colloque “Dromadaires et chameaux, animaux laitiers”, 24-26 octobre 1994, Nouakchott, Mauritanie ; Montpellier, CIRAD : 61-65.

Mukasa-Mugerwa E 1985 Le chameau (Camelus dromedarius) : Etu) : Etude bibliographique. Centre international pour l’élevage en Afrique, Addis Abeba, CIPEA, Monographie N°5, 111p.

Nadio Mamadou 1987 Elevage du dromadaire et évolution socio-économique de la société nomade dans le Nord –Est du Mali. In « Dahl Gudrun 1985 : Camel forum. Séminaire national sur le dromadaire 2 – 9 décembre, Gao. Work paper N° 18, Somali Academy of Sciences and Arts », 23-29.

Nialibouly 2004 Performances de production laitière des zébus Maure et Peul en amélioration par la sélection à la Station de Niono, Mali. Les cahiers de l’économie rurale, juin – décembre 2003, numéro zéro, 4–17.

Zaed R H and Yassin O E 2009 Production and consumption of camel milk in Khartoum State, Sudan. Abstracts N°75, second second Conference of the International Society of Camelid Research and Development, Djerba, Tunisie, 12 -14 avril, 60

Zeleke Z M 2007 Non-genetic factors affecting milk yield and milk composition of traditionally managed camels (Camelus dromedarius) in Eastern Ethiopia. Livestock Research for Rural Development. Volume 19, Article #85. http://www.lrrd.org/lrrd19/6/zele19085.htm


Received 5 June 2016; Accepted 8 August 2016; Published 1 February 2017

Go to top