Livestock Research for Rural Development 28 (2) 2016 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Digestibilité in vitro des chaumes de maïs traités à l’urée ou aux fientes de poules associés à la mélasse chez les petits ruminants

J Lemoufouet, F Tendonkeng, E Miégoué, B Fogang Zogang, F Matumuini Ndzani Essie1, A V Mboko1, B Boukila1 et E Pamo Tedonkeng

Laboratoire de Nutrition Animale, Département des Productions Animales, FASA, Université de Dschang, B.P. 222 Dschang, Cameroun.
f.tendonkeng@univ-dschang.org
1 Institut National Supérieur d’Agronomie et de Biotechnologies (INSAB), Université des Sciences et Techniques de Masuku, B.P. 941 Franceville, Gabon

Résumé

Une étude portant sur les effets du niveau d’incorporation de la mélasse et de la source du liquide ruminal sur la digestibilité in vitro des chaumes de maïs  traités à 5% d’urée ou à 28% de fientes de poules a été conduite au Cameroun en mai 2013. L’analyse de la composition chimique a été faite selon les méthodes décrites par l’AOAC (2000). Deux sources de liquide ruminal (ovin et caprin) et trois niveaux de mélasse (0 ; 5 et 10 % de mélasse) ont été utilisés pour cette étude. Le liquide ruminal d’une brebis Djallonké et celui d’une chèvre naine de Guinée ont été collectés et incubés avec 500 mg d’échantillon (500 mg de paille de riz non traitées ou traitées à 5 ou à 10 % de mélasse) dans un bain marie à 39°C, selon la méthode de gaz-test.

 

Cette étude a montré que la production de gaz après 24h a été influencée (p>0,05) par l’ajout de mélasse aux chaumes de maïs traités à 5% d’urée, quel que soit le liquide ruminal considéré. La même tendance a été inverse avec ce paramètre lorsque les chaumes de maïs étaient traités à 28% de fientes de poules associés à différents niveaux d’ajout de mélasse. La matière sèche minéralisée a été significativement influencée (p>0,05) par l’ajout de mélasse aux chaumes de maïs traités à 5% d’urée, aussi bien avec le liquide ruminal ovin que caprin. De manière générale le liquide ruminal caprin a permis d’obtenir les meilleurs resultats.

Mots clés: alimentation, Cameroun, chèvre, composition chimique, liquide ruminal, matière sèche minéralisée, ovin



In vitro digestibility of maize stover treated with urea or poultry excreta associated with molasses in small ruminants

Abstract

The study of the effect of the level of incorporation of the molasses and the source of the ruminal fluid on in vitro digestibility of the maize stovertreated with 5% urea with 28% of poultry dropping was conducted in Cameroun in May 2013. Chemical composition analysis of maize stover was done according to the AOAC methods (2000). Two sources of ruminal liquid (from sheep and goat) and three levels of molasses (0; 5 and 10%) were used for this study. Ruminal fluid of both a Djalonké lamb and the African Dwarf goat were separately collected and incubated with 500 mg of feed sample (500 mg of maize stover not-associated or associated with 5 or 10% of molasses) at 39°C in a water bath, as per gas-test method.

 

The results of this study showed that, the addition of molasses in feed significantly (P<0.05) improved the level of gas production after 24h of maize stover treated with 5% urea regardless the ruminal fluid. The same tendency was observed with this parameter when maize stovers were treated with 28% of poultry dropping associated at various levels of molasses addition. The dry matter mineralized were significantly influenced (p>0.05) by the addition of molasses to maize stover treated with urea 5%, as well with the sheep  ruminal liquid as the goat one. Generally goat rumen fluid gave the best results.

Key words: Cameroon, chemical composition, dry matter mineralized, goat, rumen liquid, sheep


Introduction

Les petits ruminants au Cameroun représentent une part importante du cheptel. Malgré leur importance, la productivité de ces animaux reste faible à cause de nombreuses contraintes, notamment les maladies et une alimentation pauvre et inadéquate surtout en saison sèche (Pamo et al 2007). En outre, la forte croissance démographique entraîne le rétrécissement des terrains de parcours et le bétail ne dispose que des terrains de pacage de qualité médiocre et souvent sursaturés (Tendonkeng et al 2011 ; Lemoufouet et al 2014). Pendant la saison sèche, les graminées fourragères sur pied ou récoltées au stade tardif, les pailles et les chaumes de céréales cultivées et certains sous-produits fibreux, constituent l’essentiel de l’alimentation des ruminants dans les pays en développement, notamment dans les régions arides, semi-arides et subtropicales (Tendonkeng et al 2011). En effet, les céréales produisent de grandes quantités de tiges et de feuilles qui sont le plus souvent sous-exploitées, sinon brulées ou enfouies comme fumure pendant les campagnes agricoles. A l’ouest du Cameroun, la production de maïs fournit une importante quantité de chaumes en début de saison sèche. Cependant, les chaumes de maïs sont de faible teneur en matières azotées totales, en sucres solubles, en minéraux essentiels y compris les vitamines. De plus, servis seuls aux animaux, ils sont peu digestibles et faiblement ingérés (Devun et al 2011). Toutefois, bien complémentés ou bien traités, c’est une ressource utilisable dans les rations pour petits ruminants à besoins modérés (Devun et al 2011).

 

Dans cette perspective, l’utilisation des sous-produits agricoles peut constituer une alternative intéressante  permettant d’accroître l’offre alimentaire de façon durable. La valorisation des résidus de récolte dans l’alimentation des petits ruminants peut donc s’avérer très importante surtout pendant la saison sèche (Matuimini et al 2014). En outre, l’agriculture pratiquée dans toutes les zones agro écologiques du Cameroun génère chaque année d’énormes quantités de résidus de récoltes notamment des fanes d’arachide, de haricot, de niébé et surtout des résidus de récolte céréalières parmi lesquels des chaumes de maïs (Lemoufouet et al 2014).

 

Les études antérieures ont montré que le traitement de fourrages grossiers notamment les pailles de céréales à 5 % d’urée ou à 28% de fientes de poules améliore leur  valeur nutritive, leur ingestion et leur digestibilité (Van Soest 2006 ; Vadivelooa et Fadel 2009 ; Lemoufouet et al 2014). Par ailleurs, l’addition de la mélasse aux rations améliore leur teneur en glucides totaux, minéraux, leur teneur en unité fourragère pour la production de viande (UFV) et de lait (UFL) (Aregheore et Perera 2004 ; Broderick et Radloff 2004 ; Dawit etal 2013 ;  Lemoufouet et al 2014). Ces mêmes auteurs montrent que la mélasse améliore aussi  l’ingestion et la digestibilité apparente des principes nutritifs chez les chèvres. Elle augmente la production laitière chez les vaches et assure le maintien d’un bon état corporel chez des génisses nourries à base des chaumes de maïs pendant la saison sèche. En effet, la mélasse est une source d’énergie hautement fermentescible utile pour les micro-organismes du rumen et riche en nutriments. Elle peut donc contribuer à améliorer la qualité des fourrages pauvres, de même que leur ingestion et leur digestibilité.

 

Une étude de la digestibilité in vitro des chaumes de maïs traités à 5 % d’urée ou à 28% de fientes associés à différents niveaux de mélasse incubée avec le liquide ruminal ovin ou caprin pourrait être bénéfique pour l’utilisation de ces résidus de récolte dans l’alimentation des petits ruminants, surtout pendant la saison sèche. Malheureusement, cette alternative a fait l’objet de très peu d’études. C’est donc dans ce contexte que ce travail a été initié. L’objectif de cette étude est de contribuer à évaluer la digestibilité in vitro des chaumes de maïs traités à 5% d’urée ou à 28% de fientes de poules et associés à différents niveaux de mélasse, incubés avec du liquide ruminal ovin ou caprin.


Matériel et méthode

Zone d’étude

 

L’essai a été conduit en mai 2013 à la Ferme d’Application et de Recherche (FAR) et au Laboratoire de Nutrition Animale de l’Université de Dschang, situé à 5º26 de latitude Nord à 10º26 de longitude Est et à une altitude d’environ 1 420 m dans la région de l’Ouest Cameroun. Le climat de la localité est équatorial de type camerounien d’altitude. Les précipitations varient entre 1 500 et 2 000 mm et les températures oscillent entre 10 et 25ºC. La saison sèche va de mi-novembre à mi-mars et la saison des pluies de mi-mars à mi-novembre (Tendonkeng et al 2011).

 

Matériel animal

 

Une brebis Djallonké et une chèvre naine de Guinée élevées à la FAR ont été utilisées dans cette étude. Leur âge déterminé à partir de leur dentition était de 12 à 24 mois (Corcy 1991).

 

Matériel végétal

 

Le matériel végétal était constitué, de chaumes de maïs (Zea mays) récoltés dans les parcelles de production de la FAR deux mois après la récolte des grains. Ils ont été ensuite hachés en morceaux de 2-4 cm environ, séchés au soleil et conservés dans des sacs avant d’être traités à 5% d’urée ou à 28% de fientes de poules.

 

La composition chimique des chaumes de maïs traités à 5% d’urée ou à 28% de fientes de poules associés à 0,5 ou 10% de mélasse utilisés dans cette étude, est présentée dans le tableau 1. Elles ont été déterminées à l’aide des méthodes décrites par l’Association of Official Analytical Chemist (AOAC 2000).

Tableau 1: Composition chimique et teneur en nutriments des différentes rations

Composition chimique

Rations

CM5+M0

CM5+M5

CM5+M10

CM28+M0

CM28+M5

CM28+M10

MS (%)

94,9

94,8

95,4

95,0

94,5

95,1

%MS

Cendres

11,4

10,5

12,7

14,4

17,9

19,0

Matière organique

83,5

84,3

82,7

67,1

76,8

80,7

Matière azotée totale

9,6

9,2

9,1

9,1

8,5

8,5

Lipides

0,8

0,4

0,4

1,4

1,2

1,1

Parois cellulaires

77,3

70,9

68,2

65,8

66,5

67,4

Glucides totaux

73,0

74,7

73,2

56,7

66,0

71,1

CM5+M0(témoin) = chaumes de maïs traités à 5% d’urée+0% de mélasse ; CM5+M5 = chaumes de maïs traités à 5% d’urée+5% de mélasse ; CM5+M10 = chaumes de maïs traités à 5% d’urée+10% de mélasse ; CM28+M0 = chaumes de maïs traités à 28% de fientes de poules + 0% de mélasse ; CM28+M5= chaumes de maïs traités à 28% de fientes de poules+5% de mélasse ; CM28+M10 = chaumes de maïs traités à 28% de fientes de poules+10% de mélasse ; MS : matière sèche.

Six rations ont été utilisées dans cette étude :

 

CM5+M0 (témoin) : chaumes de maïs traités à 5% d’urée + 0% de mélasse ;

CM5+M5 : chaumes de maïs traités à 5% d’urée + 5% de mélasse ;

CM5+M10 : chaumes de maïs traités à 5% d’urée + 10% de mélasse ;

CM28+M0 (témoin) : chaumes de maïs traités à 28% de fientes de poules + 0% de mélasse ;

CM28+M5 : chaumes de maïs traités à 28% de fientes de poules + 5% de mélasse ;

CM28+M10 : chaumes de maïs traités à 28% de fientes de poules + 10% de mélasse.

 

La quantité de mélasse à utiliser a été estimée en prenant respectivement 5 et 10% du poids des chaumes de maïs traités à 5% d’urée ou à 28% de fientes de poules associés à 0, 5 ou 10% de mélasse. La mélasse était ensuite dissoute dans de l’eau (250 ml pour 600 g de feuilles). La solution obtenue a été ensuite mélangée avec les chaumes jusqu'à leur imprégnation complète par la mélasse. Des échantillons de 500 g de chaque traitement ont été ensuite prélevés et conduits au laboratoire. Ils ont été ensuite séchés dans une étuve ventilée à 60°C jusqu’à poids constant, broyés et conservés dans des sachets plastiques.

 

Conduite de l’essai

 

La dégradation in vitro a été faite selon la méthode et la procédure décrites par Menke et al (1979) modifiées par Makkar (2002) comme ci-dessous décrite.

 

Préparation des échantillons et de la solution mère

 

Des échantillons (500 mg) ont été pesés en triple à l’aide d’une balance électrique de marque Kern 770, de portée 210 g et de sensibilité 0,0001 g puis, déposés au fond de seringues de 100 ml. Le tout a été recouvert par le piston de la seringue préalablement embaumé de vaseline pour faciliter son mouvement.

 

La solution mère a été préparée selon la méthode et la procédure décrite par Menke et al. (1979). Les différents réactifs entrant dans cette solution et leur volume sont les suivants :

Réactifs

Volumes (ml)

Tampon phosphate

333

Macro minéral

333

Micro minéral

0,333

Rézasurine 0,4%

0,417

Eau distillée

732

Conditionnement et incubation des échantillons et de la solution mère

 

A la veille de la réalisation de l’essai, les échantillons et la solution mère fraîchement préparés selon la procédure ci-dessus décrite ont été placés dans un incubateur de marque Memmert à 39 oC pendant toute la nuit. De même, le bain marie était mis en marche et la température était contrôlée par deux thermostats de marque Lauda E300 réglés à 39 oC.

 

Le matin avant la collecte du liquide ruminal, la solution mère a été placée dans un bain marie à 39 oC. Dans cette solution arrivait continuellement d’une bouteille de gaz un flux de CO2 dont la pression a été réglée à 4 bars. Le sulfure de sodium (417 mg) et le NaOH 6N (0,444 ml) ont été ajoutés à la solution mère qui a viré du bleu à l’incolore en passant par le rouge.

 

Collecte du liquide ruminal et incubation

 

Une chèvre naine de Guinée et une brebis Djallonké adultes ont été au préalable, nourris pendant quinze jours avec les rations à tester. Chaque jour, chaque animal recevait l’une des six rations différentes de celle de la veille.

 

Le liquide ruminal de la chèvre et celui du mouton ont été collectés l’un après l’autre,  juste après abattage au Laboratoire de Nutrition Animale de l’Université de Dschang très tôt le matin de la manipulation (avant 7 heures). Après chaque collecte, le liquide ruminal a été aussitôt filtré à l’aide d’un tissu de mailles 1 mm sous un flux de CO2 qui arrivait continuellement d’une bouteille de gaz et, pour la préparation de 2 098,75 ml d’inoculum ; 700 ml ont été prélevés et introduits dans la solution mère toujours sous le flux de CO2. Ce mélange (inoculum) a été homogénéisé pendant 10 min à l’aide d’une baguette magnétique. 40 ml de cet inoculum ont été prélevés et injectés dans chaque seringue à l’aide d’un distributeur de précision de marque Fortuna Optifix, puis l’ensemble a été placé dans le bain marie pour incubation.

 

L’incubation a duré 24 heures et les volumes de gaz produit ont été relevés après 3 h, 6 h, 9 h, 12 h, 18 h, et 24 h. La production de gaz était calculée et corrigée d’après la formule suivante (Menke et steingass, 1988) :

 

            ,

                                    V24 = Volume des gaz lu à 24 heures,

                                    V0 = Volume de l’inoculum dans la seringue au début de l’incubation,

                                    GP0 = Volume des gaz produits par le blanc à 24 heures,

                                    GPh = Volume des gaz produits par le standard à 24 heures.

Détermination de la digestibilité in vitro de la matière sèche

 

A la fin de l’incubation, le contenu des seringues a été transféré dans les béchers de 600 ml et ces seringues ont été lavées deux fois de suite avec deux portions de 15 ml de Neutral detergent solution (NDS) et vidé dans ces béchers. Les échantillons ont été portés à ébullition à feu doux pendant une heure et filtrés dans des creusets filtrants pré-tarés. Ces creusets ont été séchés à 103oC pendant une nuit et pesés. Cette opération a permis de soustraire les micro-organismes des substrats plus ou moins non dégradés ; car lorsqu’ils sont morts, ils sont généralement réutilisés dans le tractus digestif des ruminants. La digestibilité in vitro de la matière sèche (DIVMS) a été obtenue par la différence entre le poids du substrat incubé et le poids du résidu non dégradé après le traitement au NDS à la fin de l’incubation à partir de la formule suivante (Van Soest et Robertson, 1985) :

 

                        ,

                                    Pe = Poids de l’échantillon incubé,

                                    R = Poids de l’échantillon après incubation.

 

Analyses statistiques

 

Les paramètres de la digestibilité in vitro ont été soumis à l’analyse de la variance (ANOVA) en utilisant le logiciel SPSS 17.0 et lorsque les différences existaient entre les traitements, les moyennes ont été séparées par le test de Duncan au seuil de 5%. La comparaison des moyennes entre le liquide ruminal ovin et le liquide ruminal caprin a été faite à l’aide du test «t» de Student au seuil de 5%.


Résultats

Effet du niveau de mélasse sur la production des gaz et la  minéralisation de la matière sèche dans un système in vitro avec le liquide ruminal ovin

Les variations des paramètres de la digestibilité in vitro des chaumes de maïs traités à 5% d’urée, associés à 0, 5 ou 10% de mélasse incubés avec le liquide ruminal ovin (Tableau 2) montrent que l’incorporation de mélasse aux chaumes de maïs traités à 5% d’urée a significativement (p<0,05) amélioré la production des gaz et la matière sèche minéralisée des rations CM5+M5 et CM5+M10.

Tableau 2: Effet du liquide ruminal ovin sur les paramètres de digestibilité in vitro des différentes rations

Rations

GP après 24h (ml/500mg)

MS minéralisée (%)#

CM5+M0

28,6b

44,6b

CM5+M5

31,8a

51,8a

CM5+M10

31,0a

55,1a

ESM

0,50

1,68

P

0,001

0,001

a,b : les moyennes portant la même lettre sur la même colonne sont statistiquement comparables au seuil de 5%.
CM5+M0(témoin) = chaumes de maïs traités à 5% d’urée + 0% de mélasse ; CM5+M5 = chaumes de maïs traités à 5% d’urée + 5% de mélasse ; CM5+M10 = chaumes de maïs traités à 5% d’urée + 10% de mélasse ;
ESM = Erreur standard de la moyenne ; P = Probabilité.
# Corrige pour la matière sèche extraite par NDS

En effet, les volumes de gaz produit après 24h de même que la DIVMS des rations CM5+M5 et CM5+M10 ont été comparables et significativement (p<0,05) supérieurs à ceux de la ration CM5+M0.

 

Effet du niveau de mélasse sur la production des gaz et la  minéralisation de la matière sèche dans un système in vitro avec le liquide ruminal caprin

 

Les variations des paramètres de la digestibilité in vitro des chaumes de maïs traités à 5% d’urée, associés à 0, 5 ou 10% de mélasse incubés avec le liquide ruminal caprin (Tableau 3) montrent que le niveau d’inclusion de mélasse aux chaumes de maïs traités à 5% d’urée a influencé la matière sèche minéralisée. En effet, les matières sèches minéralisées obtenues avec des chaumes de maïs traités à 5% d’urée associés à 5 et 10% de mélasse ont été comparables (p>0,05) et significativement (p<0,05) plus élevées que celles  enregistrées avec des chaumes de maïs traités à 5% d’urée sans ajout de mélasse. La production de gaz la plus élevée a été obtenue avec la ration contenant 5% de mélasse, bien que les différences entre les traitements ne soient pas significatives (p>0,05).

Tableau 3: Effet du liquide ruminal caprin sur les paramètres de digestibilité in vitro des différentes rations

Rations

GP après 24h (ml/500mg)

MS minéralisée (%)#

CM5+M0

34,3

43,7b

CM5+M5

34,5

50,9a

CM5+M10

33,4

50,1a

ESM

0,74

1,20

P

0,87

0,001

a,b : les moyennes portant la même lettre sur la même colonne sont statistiquement comparables au seuil de 5%.
CM5+M0(témoin) = chaumes de maïs traités à 5% d’urée + 0% de mélasse ; CM5+M5 = chaumes de maïs traités à 5% d’urée + 5% de mélasse ; CM5+M10 = chaumes de maïs traités à 5% d’urée + 10% de mélasse ;
ESM = Erreur standard de la moyenne ; P = Probabilité.
# Corrige pour la matière sèche extrait par NDS

Effets comparés de la source du liquide ruminal et du niveau de mélasse sur la production des gaz et la  minéralisation de la matière sèche dans un système in vitro

 

Les paramètres de la digestibilité in vitro des différentes rations montrent que quelle que soit la ration, la quantité de gaz produit après 24h d’incubation a été significativement (P<0,05) plus élevée avec le liquide ruminal caprin (Tableau 4). La matière sèche minéralisée obtenue avec le liquide ruminal ovin a été significativement plus élevée avec les rations CM5+M0 et CM5+M10. Par contre la matière sèche minéralisée de la ration CM5+M5 n’a pas été significativement (p>0,05) influencée  par la source du liquide ruminal.

Tableau 4: Effet comparé de la source du liquide ruminal et du niveau de mélasse sur les paramètres de la digestibilité in vitro des différentes rations

Rations

Liquide ruminal

GP après 24h (ml/500mg)

MS minéralisée (%)#

CM5+M0

Ovin

28,6b

44,6a

Caprin

34,3a

43,7b

CM5+M5

Ovin

31,8b

51,8

Caprin

34,5a

50,9

CM5+M10

Ovin

31,0b

55,1a

Caprin

33,4a

50,1b

a,b : les moyennes portant la même lettre sur la même colonne sont statistiquement comparables au seuil de 5%.
CM5+M0(témoin) = chaumes de maïs traités à 5% d’urée + 0% de mélasse ; CM5+M5 = chaumes de maïs traités à 5% d’urée + 5% de mélasse ; CM5+M10 = chaumes de maïs traités à 5% d’urée + 10% de mélasse ;
# Corrige pour la matière sèche extrait par NDS

Effet du niveau de mélasse sur la production des gaz et la  minéralisation de la matière sèche dans un système in vitro avec le liquide ruminal ovin

 

Les variations des paramètres de la digestibilité in vitro des chaumes de maïs traités à 28% de fientes de poules, associés à 0, 5 ou 10% de mélasse incubés avec le liquide ruminal ovin (Tableau 5) montrent que l’incorporation de mélasse aux chaumes de maïs traités à 28% de fientes de poules a significativement (p<0,05) amélioré la matière sèche minéralisée des rations contenant la mélasse incubées avec le liquide ruminal ovin. En effet, la matière sèche minéralisée de la ration CM28+M5 a été significativement (p<0,05) supérieure à celle de la ration CM28+M0 et CM28+M5 qui étaient par ailleurs comparables (p>0,05). Les GP ont significativement (p<0,05) diminué avec le niveau d’incorporation de la mélasse dans la ration.

Tableau 5: Effet du liquide ruminal ovin sur les paramètres de digestibilité in vitro des différentes rations

Rations

GP après 24h (ml/500mg)

MS minéralisée (%)#

CM28+M0

30,9a

42,3b

CM28+M5

26,8b

46,3a

CM28+M10

23,3c

42,2b

ESM

1,14

0,80

P

0,001

0,03

a,b : les moyennes portant la même lettre sur la même colonne sont statistiquement comparables au seuil de 5%.
CM28+M0 = chaumes de maïs traités à 28% de fientes de poules ; CM28+M5= chaumes de maïs traités à 28% de fientes de poules+5% de mélasse ; CM28+M10 = chaumes de maïs traités à 28% de fientes de poules+10% de mélasse.
ESM = Erreur standard de la moyenne ; P = Probabilité.
# Corrige pour la matière sèche extrait par NDS

Effet du niveau de mélasse sur la production des gaz et la  minéralisation de la matière sèche dans un système in vitro avec le liquide ruminal caprin

 

Les variations des paramètres de la digestibilité in vitro des chaumes de maïs traités à 28% de fientes de poules, associés à 0, 5 ou 10% de mélasse incubés avec le liquide ruminal caprin montrent (Tableau 6) que le niveau d’inclusion de mélasse a influencé de manière variable les paramètres de la digestibilité in vitro des chaumes de maïs traités à 28% de fientes de poules. En effet, les GP ont significativement (p<0,05) diminué avec le niveau d’incorporation de la mélasse dans les rations. En outre, les GP obtenus avec les rations CM28+M5 et CM28+M10 ont été comparables (p>0,05) et significativement (p<0,05) inférieurs  à ceux  enregistrés avec la ration CM28+M0.

Tableau 6: Effet du liquide ruminal caprin sur les paramètres de digestibilité in vitro des différentes rations

Rations

GP après 24h (ml/500m)

MS minéralisée (%)#

CM28+M0

35,2a

42,9b

CM28+M5

28,2b

44,5ab

CM28+M10

27,9b

45,9a

ESM

1,41

0,52

P

0,02

0,02

a,b : les moyennes portant la même lettre sur la même colonne sont statistiquement comparables au seuil de 5%.
CM28+M0 = chaumes de maïs traités à 28% de fientes de poules ; CM28+M5= chaumes de maïs traités à 28% de fientes de poules+5% de mélasse ; CM28+M10 = chaumes de maïs traités à 28% de fientes de poules+10% de mélasse.
ESM = Erreur standard de la moyenne ; P = Probabilité.
# Corrige pour la matière sèche extrait par NDS

L’ajout de mélasse aux chaumes de maïs traités à 28% de fientes de poules a influencé la matière sèche minéralisée. En effet, la matière sèche minéralisée obtenue avec les rations CM28+M0 et CM28+M5 a été comparable (p>0,05). Par contre, la DIVMS obtenue avec les rations CM28+M0 a été significativement (p<0,05) inférieure à celle  enregistrée avec la ration CM28+M10.

 

Effets comparés de la source du liquide ruminal et du niveau de mélasse sur la production des gaz et la  minéralisation de la matière sèche dans un système in vitro

 

Les paramètres de la digestibilité in vitro des différentes rations en fonction de la source du liquide ruminal montrent que cette dernière n’a eu aucun effet significatif sur la matière sèche minéralisée pour la ration CM28+M0 (Tableau 7). En effet, les valeurs de la matière sèche minéralisée obtenues avec cette ration incubée avec le liquide ruminal caprin et le liquide ruminal ovin ont été comparables (p>0,05). Cependant, avec la ration CM5+M10, la matière sèche minéralisée obtenue avec le liquide ruminal caprin a été significativement supérieure (p<0,05) à celle enregistrée avec le liquide ruminal ovin. La même tendance a été observée avec CM28+M5.

Tableau 7: Effet comparé de la source du liquide ruminal et du niveau de mélasse sur les paramètres de la digestibilité in vitro des différentes rations

Rations

Liquide ruminal

GP après 24h (ml/ 500mg)

MS minéralisée (%)#

CM28+M0

Ovin

30,9 b

42,3

Caprin

35,2a

42,9

CM28+M5

Ovin

26,8 b

46,3 a

Caprin

28,2 a

44,5 b

CM28+M10

Ovin

23,3 b

42,2 b

Caprin

27,9 a

45,9 a

a,b : les moyennes portant la même lettre sur la même colonne pour la même ration sont statistiquement comparables au seuil de 5%.
CM28+M0 = chaumes de maïs traités à 28% de fientes de poules + 0% de mélasse ; CM28+M5= chaumes de maïs traités à 28% de fientes de poules+5% de mélasse ; CM28+M10 = chaumes de maïs traités à 28% de fientes de poules+10% de mélasse ; GP: gaz produit ;
# Corrige pour la matière sèche extrait par NDS


Discussion

La production de gaz après 24h n’a pas été influencée (p>0,05) par l’ajout de mélasse aux chaumes de maïs traités à 5% d’urée, quel que soit le liquide ruminal considéré. Les valeurs obtenues ont été inférieures à celles rapportées par Boukila et al (2005) avec des chaumes de maïs incubés seuls (respectivement 43,5 ml/200mg et 0,98 mmol/40ml) et Pamo et al (2009) avec des chaumes de maïs associés au Desmodium uncinatum (43,7 ml/200mg et 0,98 mmol/40ml respectivement), mais supérieures à celles enregistrées par Matumuini et al (2014) avec les chaumes de maïs incubés en présence des feuilles deTithonia diversifolia associées à la 5% de mélasse (respectivement 25,6 ml/200mg et 0,55 mmol/40ml). Par contre, les tendances sont inverses avec ces paramètres lorsque les chaumes de maïs sont traités à 28% de fientes de poules associés à différents niveaux de mélasse. La faible production de gaz serait liée à l’augmentation de la masse microbienne (MM) comme l’ont relevé Menke et al (1979), les fourrages ayant une production de gaz élevée ont une faible masse microbienne. Les micro-organismes utiliseraient l’énergie apportée par la mélasse et l’ammoniac produit par la fermentation rapide des protéines alimentaires (Pathoummalangsy et Preston 2008) pour leur croissance et leur développement (Getachew et al 2000 ; Matumuini et al 2014).

 

La digestibilité in vitro de la MS n’a pas été significativement influencée (p>0,05) par l’ajout de mélasse aux chaumes de maïs traités à 5% d’urée, aussi bien avec le liquide ruminal ovin que caprin. La valeur énergétique des fourrages serait liée à la digestibilité de leur matière organique (Guérin, 1999). Cependant, la quantité de matière organique fermentée n’est parfois pas liée à l’augmentation de la masse microbienne selon les observations de Jouany et al (1995) et celles de Matumuini et al (2014). Quel que soit le liquide ruminal considéré, la matière sèche minéralisée a augmenté significativement (p<0,05) avec l’ajout de mélasse aux rations à base des chaumes de maïs traités à 5% d’urée. En effet, la valeur élevée de la matière sèche minéralisée, obtenue avec les rations  contenant la mélasse,  peut être attribuée à sa teneur élevée en minéraux et à leur utilisation par les micro-organismes du rumen (Navarro et Rodriguez 1990). Les paramètres de la digestibilité in vitro des différentes rations de cette étude incubées avec le liquide ruminal caprin et le liquide ruminal ovin sont très proches. Ces observations sont similaires à celles de Guérin (1999) et Matumuini et al (2014) qui ont obtenu des résultats de digestibilité in vitro comparables avec les jus de rumen de moutons et de bovins  ayant ingéré la même ration.


Conclusion

De cette étude, il ressort que :


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Received 17 September 2015; Accepted 7 January 2016; Published 1 February 2016

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