Livestock Research for Rural Development 27 (8) 2015 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Production laitière, pratiques d'élevage et caractéristiques du lait en exploitations bovines laitières en montagne de Kabylie, Algérie

Boussad Belkheir, Faissal Ghozlane, Mohamed Benidir, Aissam Bousbia1, Nassima Benahmed2 et Salah Agguini3

Département de zootechnie, Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie 16200 El Harrach, Alger.
1 Département des sciences de la nature et de la vie, Université 8 Mai 1945, BP 401 Guelma.
2 Institut National de la Recherche Agronomique d'Algérie (INRAA)
3 Laboratoire OVOLAB, 104 Log, Nouvelle Ville Tizi-Ouzou.
boussadbelkheir@yahoo.fr

Résumé

L’objectif est de caractériser la qualité du lait de mélange des exploitations bovines laitières dans les conditions de production algérienne en zone de montagne de la région de Tizi-Ouzou (Algérie). Une enquête a porté sur la structure, les pratiques de traite, l'hygiène des animaux et les caractéristiques du lait de134 exploitations suivies 12 mois à raison d'un prélèvement par mois.

L'analyse fait ressortir un TB et TP moyens respectivement de 37,9 ± 5,75 g/l et 33,5 ± 2,6 g/l qui se situent au dessus des normes algériennes et un taux de germes totaux supérieur à 5x105 ufc/ml. 21,6 % des exploitations présentaient un point de congélation supérieur à – 0,52 °C. La teneur en lactose (43,2 ± 2,96 g/l) reste faible par rapport aux normes. Le test CMT réalisé sur 150 VL dans 22 exploitations a été positif chez 47% des vaches. Le rendement laitier est estimé à 4 805 ± 1 489 kg/VL/an et la moyenne technique à 14,4 ± 4,6 kg/VL/jour pour une production laitière moyenne par exploitation de 38 477 ± 27 537  kg de lait, largement dépendante du concentré.

Une ACP a permis de construire une typologie qui a identifié 3 classes de lait. Les classes 1 et 2 sont des laits relativement de bonne qualité physicochimique et hygiénique avec des moyennes proches de la moyenne de l'échantillon total; à l'inverse, la classe 3 se caractérise par des laits de qualité insuffisante.

Mots-clés: CMT, hygiène, qualité, région de Tizi-Ouzou, traite, typologie



Dairy production, farming practices and characteristics of milk of dairy cattle farms in mountain areas of Kabylia (Algeria)

Abstract

The purpose of this study was to characterize the quality of the mixture milk of dairy cattle farms in the conditions of Algerian production (mountainous area of Kabylia). 134 farms were monitored for twelve months due to one sample per month, were subjected to an investigation that includes the structure, milking practices, hygiene of animals and the characteristics of milk.

The analysis of average annual results showed a FR and PR respectively 37,9 ± 5,75 g / l and 33,5 ± 2,6 g / l are above the standards of the Algerian dairy industries and a rate of total bacteria than 5x105 cfu / ml. 21,6% of the farms had a freezing point higher than -0,52 ° C. The lactose content of which is 43,15 ± 2,96 g / l and still low compared to standards. The CMT test performed on 150 dairy cows in 22 farms was found to be positive in 47% of cows. The milk yield was estimated to 4 805 ± 1489 kg / DC / year and 14,36 ± 4,6 kg of technical average / DC / D for an average dairy milk of 38 477 ± 27 537 Kg per farm. The latter is largely dependent on the concentrate. PCA was performed to construct a typology of milk. This identified three classes of milk : Classes 1 and 2 are relatively good physicochemical and hygienic quality milk with average closer to the average of the total sample; in contrast, Class 3 is characterized by milks of insufficient quality.

Keywords: CMT, hygiene, milking, quality, Tizi-Ouzou area, typology


Introduction

La politique alimentaire algérienne a eu pour constante d'accorder une attention particulière au lait en tant que source de protéines animales à bon marché. La production laitière nationale ne permet pas l’autosuffisance; elle arrive à peine à suivre l’évolution de la population dont la consommation de produits laitiers est couverte par des importations. Les besoins de consommations en lait et dérivés sont estimés à plus de 5 milliards de litres par an (MADR 2014). Le niveau de collecte sur les dix dernières années, dépasse rarement les 10% (Belhadia et al 2014) et reste faible par rapport au potentiel de la production nationale.

Face à ce constat, les pouvoirs publics ont lancé depuis l'année 2000 un programme important et ambitieux de modernisation de cette filière. L'objectif prioritaire était d'accroitre la production laitière par la mise en place d'aides aux éleveurs sous forme de subventions. Malgré ces efforts, l'élevage bovin laitier en Algérie peine à se développer suite à plusieurs contraintes qui sont d'une part liées à l'environnement et au matériel animal, d'autre part à des contraintes d'ordre technique et commercial (Ghozlane et al 2010).

Pour toutes les laiteries, la qualité du lait est essentielle pour garantir des produits sains, loyaux et marchands. La détérioration de cette dernière peut avoir des conséquences importantes sur la qualité des produits finis. De ce fait, le produit obtenu est de qualité moyenne ou médiocre, affectant sa transformation par les usines laitières, sans omettre de rappeler que ces dernières pratiquent le paiement du lait à la qualité.

Peu d'études se sont focalisées sur l'aspect relatif à la qualité du lait cru, alors que la majorité s'intéresse surtout à l'aspect quantitatif. C’est dans ce contexte que s’inscrit la présente étude qui vise à mettre en évidence la diversité des laits livrés définis par leur composition chimique, leur volume et l’évolution annuelle de ce volume et de la relier aux pratiques des éleveurs. Il s’agit de fournir un diagnostic sur les problèmes de la qualité du lait au niveau des exploitations bovines laitières dans les conditions de production algérienne en particulier en zone de montagne de Kabylie.


Matériel et méthodes

Région d’étude

La région de Tizi-Ouzou est caractérisée par son relief à 80% montagneux. Selon Dobremez et al (1990), les exploitations laitières de montagne se développent à partir d'un système d'élevage basé sur le veau et génèrent des surcroits avec des rendements qui sont limités par les conditions naturelles. Dans la zone de montagne de Kabylie et en particulier dans la région de Tizi-Ouzou, la production laitière représente un enjeu économique très important pour l'agriculture. La plus grande partie du lait produit est transformée en fromage et en yaourt et en cas d'excédant il est vendu en lait cru pasteurisé. Cette région est réputée depuis l'année 2000, par sa production laitière qui ne cesse d'augmenter d'une année à l’autre. Elle est évaluée en 2011 à 98,3 millions de litres (6ème rang national), et son effectif à 104 500 têtes bovins et 42 300 vaches laitières, dont 35,3% constituées de bovins laitiers modernes à dominance de race Montbéliarde et Holstein à 92% (Ghozlane et al 2010). Avec plus de 650 éleveurs agréés, ces derniers livrent l'équivalent de 55 millions de litres de lait, ce qui représente 63% de la production (2ème rang national en 2011) aux usines laitières, dans une surface agricole utile de 98842 ha (69% de la SAT) où 27% est constitué de jachère et 31,5% de surface fourragère totale (MADR 2011). Cependant, elle accuse un bilan fourrager déficitaire de 228 millions d'UF. Afin de remédier à ce déficit, les éleveurs de la région ont eu recours à l'achat d'énormes quantités de fourrages secs (foin) qui proviennent des wilayas limitrophes.

Déroulement de l'étude et collecte d’échantillon

134 exploitations privées agréées adhérant au programme de réhabilitation de la production laitière ont été suivies pendant les 12 mois de l’année 2011. L'enquête a porté à la fois sur la structure, les pratiques de la traite, l’hygiène des animaux et les caractéristiques du lait. Ainsi, 1608 échantillons de lait de mélange ont été prélevés (un prélèvement par exploitation et par mois) au niveau des centres de collecte implantés dans la région et ont été analysés par le laboratoire de contrôle de qualité (OVOLAB) dans le cadre du contrôle laitier. Le taux butyreux (TB), le taux protéique (TP), le lactose, l’extrait sec dégraissé (ESD) et total (EST) ont été déterminés par la méthode de spectrophotométrie en infrarouge. Le point de congélation a été déterminé par cryoscopie. Concernant la qualité hygiénique, la flore mésophile aérobie totale (FMAT) a été réalisée sur gélose à 30°C pendant 72 h.

En parallèle à la collecte des échantillons, un questionnaire a été établi et rempli auprès des éleveurs. A cet égard, des visites aux exploitations ont été menées du mois de janvier au mois de mai 2011. Les questions et les observations ont porté sur le foncier agricole, le cheptel (effectif et races), l’alimentation (ration alimentaire, types de fourrages et de concentré), la reproduction et le mode de collecte. L'évaluation de la propreté des vaches et de l’hygiène de la mamelle a été faite grâce à deux grilles:

Le dépistage précoce des mammites subcliniques a été réalisé à l'aide du test de Schalm (California Mastitis Test ou CMT) qui a été appliqué sur 150 vaches, issues de 22 exploitations durant l'année 2012. Le choix de ces exploitations a été fait suite aux faibles taux de lactose enregistrés par l'analyse du lait. En parallèle, un test de mesure de la conductivité électrique du lait a été effectué à l'aide de l'appareil MASTOT-O-TEST2 à titre indicatif. Pour chaque quartier de chaque animal, on a réalisé un test CMT en même temps que la mesure de la conductivité.

Analyses statistiques

L'analyse descriptive des mesures de tendance centrale (moyenne, maximum, minimum) et de dispersion (écart-type, coefficient de variation) et l'analyse de régression qui consiste à rechercher les liaisons entre le % du concentré et le TB d'une part et les liaisons entre le TB et le TP par rapport à TB/TP d'autre part ont été exploitées grâce au logiciel Excel. L’analyse de la variance et de corrélation ont été réalisées à l’aide du logiciel IBM SPSS Statistics v.19. Afin de construire une typologie du lait de mélange, une analyse en composantes principales (ACP) a été effectuée sur les constituants du lait de mélange. 8 variables continues actives (matière grasse: TB, matière protéique: TP, lactose, extrait sec dégraissé: ESD, extrait sec total : EST, matières utiles: MU, point de congélation: PC et germes totaux: FMAT) ont été sélectionnées et traitées à l'aide du logiciel SPAD V5.5.


Résultats et discussion

Caractéristiques des exploitations

Les exploitations agricoles enquêtées disposent d'une surface utile (SAU) allant de 2 à 39 ha avec une moyenne de 11,4 ± 7,13 ha (Tableau 1). Aucunes des 134 exploitations dans la région d'étude ne révèle pas d'élevage en hors sol, ce même constat à été déjà observé par Benyoucef (2005). La surface fourragère cultivée quant à elle représente 9,12 ha avec un maximum de 39 ha et un minimum de 2 ha, elle représente 80,2% de la SAU. La superficie irrigable est observée dans 76,2% des exploitations avec une moyenne de 1,94 ha ce qui représente 17% de la SAU.

Tableau 1. Caractéristiques des exploitations enquêtées
  Max Moy Ecart-Type Min CV %
Foncier agricole
Surface Agricole Utile (ha) 39 11,4 7,13 2 62,65
Cultures fourragères (ha) 39 9,12 5,20 2 57,01
Cultures fourragères en irrigué (ha) 8 1,94 1,78 0 91,75
Effectifs
Bovins (têtes) 50 18,45 11,27 2 61,08
Vaches Laitières (têtes) 27 8,25 5,57 1 67,51
Production laitière et concentré
Production laitière totale PLT (kg) 141569 38477 27537  5545 368
Production laitière livrée PLL(kg) 135449 35471 26856 3983 382
Production laitière (kg/VL/an) 7550 4805 1489 2026 31
PL-tech (kg/VL/jour) 37,71 14,36 4,59 5,85 32
PL-eco (kg/VL/jour) 28,90 13,16 4,08 5,55 31
UFLcc/VL/an 3854 2967 587 1606 19,8
UFLcc/kg de lait 1,44 0,66 0,20 0,20 30,3
UFLcc/UFLt 0,69 0,59 0,06 0,43 10,16
Analyse du lait
TB (g/kg) 44,98 37,91 5,75 30,70 15,25
TP (g/kg) 36,93 33,45 2,59 27,97 7,77
Lactose (g/kg) 47,40 43,15 2,96 37,12 6,90
ESD (g/kg) 89,57 84,20 5,13 72,91 6,15
Point de congélation °C -0,340 -0,530 0,038 -0,570 7,41
Log FMAT 6,02 5,49 0,35 4,97 6,35
EST (g/kg) 129 122 8 104 6,66
MU (g/kg) * 78 71 7 60 10,08
Rapport TB/TP 1,43 1,13 0,08 0,95 7,07
* Valeur calculé (MU=TB+TP)
PL-tech (kg/VL/jour): quantité de lait produite par vache traitée (en lactation)
PL-eco (kg/VL/jour): quantité de lait produite par vache présente
UFLcc/VL/an: UFL du concentré consommé par vache en une année
UFLcc/kg de lait: UFL du concentré rapporté à un kg de lait produit
UFLcc/UFLt: Ratio UFL du concentré dans UFL totale de la ration

L'effectif bovin varie de 2 à 50 têtes avec une moyenne de 18,5 ± 11,27 têtes. La taille du cheptel est fortement corrélée avec la surface agricole (r= 0,82 avec SAU, r=0,71 avec SFC, r=0,61 avec SFI). Le nombre de vaches était en moyenne de 8,25 ± 5,57, ce qui représente une part de 44,7% dans l'effectif total, ce qui montre leur orientation vers la production laitière.

En moyenne la production laitière totale annuelle par exploitation était de 38 477 ± 27 537 kg de lait dont 90% de cette production est destinée aux centres de collectes. Le rendement laitier est de 4 805 ± 1 489 kg/VL/An. La production laitière technique est évaluée à 14,4 ± 4,6 kg/VL/jour contre une moyenne économique de 13,2 kg/VL/jour. L’évolution de la production laitière totale et livrée au cours de l'année indique une augmentation entre le mois de février et la fin mai (période de forte production). Elle a coïncidé avec la période de disponibilité des fourrages verts (Boukir 2007) (Figures 1 et 2). Dans la majorité des exploitations, les vêlages se produisaient du mois de février à la fin mai. La traite est mécanisée dans la majorité des exploitations. Le lait est stocké dans des cuves de réfrigération et la livraison se fait de façon quotidienne.

Figure 1. Evolution de la production laitière totale et livrée au cours de l'année

Figure 2. Evolution de la production laitière journalière au cours de l'année

Le rapport d'utilisation des concentrés en fonction de la production laitière (UFLcc/kg de lait produit) est évalué à 0,66 avec un coefficient de variation de 30,3%. Ce rapport est supérieur à celui rapporté par Boukir (2007) (0,56) dans la même région. Cependant, il est inferieur à celui de Sraîri et al (2005) (0,72) au Maroc et Kadi (2007) (0,80) au niveau la région de Tizi-Ouzou. Le nombre d'UFL du concentré consommé par vache et par an, a été en moyenne de 2967 UFLcc/VL/an, alors que Sraîri et al (2005) et Kadi (2007) ont obtenu une valeur de 3082 et de 4001 UFLcc/VL/an respectivement. Le ratio UFL du concentré sur l’UFL totale de la ration est estimé à 0,59. Cette valeur est supérieure à celle rapportée par Boukir (2007) et légèrement inférieure à celle de Bousbia et al (2013) qui sont de 0,56 et 0,62 respectivement. L’analyse de ces deux paramètres (UFLcc/kg de lait, UFLcc/VL/an) indique que l’alimentation des vaches laitières était basée essentiellement sur les aliments concentrés.

Le taux butyreux du lait a varié sous l'effet de nombreux facteurs d'origine alimentaire (Journet et Chilliard 1985; Sutton 1989). Il s'agit en particulier de la nature des aliments (fourrages et concentrés), des modalités de leur distribution et la proportion de concentré dans la ration (Chassaing et al 1994). Le taux butyreux dépendait à la fois de la part d'aliment concentré dans la ration et du mode de présentation et de distribution de la ration et il a pu être sensiblement augmenté par l'utilisation de certains aliments tel que l'ensilage de maïs et de la betterave (Hoden et al 1988 ; Hoden et Coulon 1991). Dans cette étude, les proportions élevées de concentré dans la ration (en moyenne 59% de la matière sèche ingérée) n'ont pas eu d'effet sensible sur le taux butyreux (Figure 3).

Figure 3. Relations entre le taux butyreux et la proportion du concentré dans la ration

Il est à noter qu'en période de pénurie de fourrages verts, la majorité des éleveurs ont distribué de la carotte sauvage dans la ration des vaches laitières ce qui pourrait expliquer ce phénomène. Selon Sauvant et al (1999), il est possible que les caractéristiques anatomiques et chimiques des fourrages utilisés conduisent à des processus ingestifs et digestifs (augmentation de la durée de mastication et de production de salive, augmentation du temps de séjour dans le rumen) permettant de limiter les modifications de profils fermentaires dans le rumen habituellement observés avec des apports massifs de concentrés. Il est aussi possible que les pratiques de distribution des rations mises en œuvre par certains éleveurs (mélange du concentré aux fourrages, fractionnement des apports, utilisation de substances tampons…) aient contribué à éviter des chutes importantes de taux butyreux parfois observées avec des rations très riches en concentrés (Journet et Chilliard 1985; Sutton 1989; Meschy et al 2004). Ce cas a été observé par Bony et al (2005) sur des vaches alimentées par des rations à base de fourrages tropicaux avec des proportions élevées en concentré.

Caractéristiques du lait de mélange

L'analyse des moyennes annuelles a fait ressortir un TB et TP respectivement de 37,9 ± 5,75 g/l et de 33,5 ± 2,6 g/l et une teneur de 122 ± 8 g/l, 84,2 ± 5,13 g/l, 71 ± 7 g/l respectivement pour l'extrait sec total (EST), l'extrait sec dégraissé (ESD) et les matières utiles (MU). La qualité hygiénique était médiocre avec un taux moyen annuel de germes totaux supérieur à 5x105 ufc/ml (Log FMAT = 5,49). A l'inverse, la teneur en lactose qui était de 43,2 g/l reste faible par rapport aux normes. 21,6 % des exploitations présentaient un point de congélation supérieur à -0,52°C. Ces résultats sont supérieurs à ceux de Sraîri et al (2005) et Labioui et al (2009) au Maroc et plus proches de ceux rapportés par Boukir (2007) dans la région de Tizi-Ouzou et Bousbia et al (2013) dans la région de l’Est algérien et Kamoun (2012) en Tunisie concernant la matière utile. Pour ce qui est de la qualité hygiénique, nos résultats sont meilleurs comparés à ceux du Maroc et la Tunisie. Pour ce qui concerne la même région, nos résultats sont nettement meilleurs de ceux obtenus par Boukir (2007) (FMAT=27x106 ufc/ml). Cette amélioration de la qualité hygiénique du lait livré n'est due qu'au paiement du lait en fonction de sa qualité appliqué par les usines laitières. Les laits produits du mois d'aout au mois de janvier sont riches en matières grasses et en moyenne ne dépassent pas les 40 g/kg, alors que le taux protéique quant à lui, est plus stable que celui du TB au cours de l'année (Figure 4). Ces résultats coïncident avec ceux rapportés par Bousbia et al (2013).

Figure 4. Evolution des taux butyreux et protéique au cours de l'année
Variabilité du rapport TB/TP

En industrie fromagère, ce rapport ne doit pas dépasser 1,2 sous peine de freiner l'égouttage et entrainer des défauts d'affinage. Un rapport de 1,15 est considéré comme optimum pour la fabrication (Colin et al 1992).

En élevage, ce rapport sert à juger l'équilibre de la ration. Ce dernier doit être compris entre 1 et 1,5. S’il est inférieur à 1, il y a risque d'acidose et supérieur à 1,5 il y a risque d'acétonémie (Agridea 2007). Dans notre étude le rapport TB/TP annuel est de 1,13 (CV=7,07%).

En moyenne, les taux butyreux (CV=15,25%) ont été plus variables d'une exploitation à l'autre et d'un mois à l'autre dans une même exploitation que les taux protéiques (CV=7,77) sur l'ensemble des exploitations. Les variations inter et surtout intra-exploitation du rapport TB/TP ont été plus liées à celles du taux butyreux (R²= 0,63) qu'à celle du taux protéique (R²=0,13) (Figures 5 et 6). Ces résultats coïncident avec ceux rapportés par Agabriel et al (1991).

Figure 5. Liaison du rapport TB/TP par rapport au TB

Figure 6. Liaison du rapport TB/TP par rapport au TP
Typologie du lait de mélange

La Figure 7 représente la projection des variables caractérisant la qualité des échantillons de lait collectés sur le plan principal retenant les deux premiers facteurs qui représentaient 83,5% de la variabilité totale.

L'axe 1 : Il exprime 65,33% de l'inertie totale: il oppose les laits qui présentaient des taux élevés en matières grasses (TB), matières utiles (MU), aux laits qui présentaient des taux faibles en lactose.

L'axe 2 : Il exprime 18,18% de la variation totale, il oppose des laits liés aux facteurs intrinsèques à l'animal (les éléments nutritifs du lait) à des laits qui sont extrinsèques de l'animal (l'hygiène et le mouillage).

Figure 7. Résultats de l’ACP et de la Classification Ascendante Hiérarchique

La classification hiérarchique ascendante a permis d'identifier 3 classes de lait:

Tableau 2. Caractéristiques des groupes identifiés
G1 (n=40) G2 (n=78) G3 (n=16) SS
Foncier agricole
SAU (ha) 12,29 ± 6,85 10,97 ±7,41 11.06 ± 6,17 NS
CFC (ha) 9,78 ± 4,74 8,83 ± 5.59 8.88 ± 4,00 NS
CFI (ha) 2,15 ± 1,84 1,88 ± 1,76 1,69 ± 1,69 NS
Effectifs
BO (têtes) 19,10 ± 11,33 17,44 ± 11,24 21,75 ± 10,54 NS
VL (têtes) 8,80 ± 5,10 7,90 ± 5,72 8,56 ± 5,78 NS
Production laitière et concentré
PLT (kg) 43943 ± 30898 35045 ± 24427 41539 ± 30230 NS
PLL (kg) 40832 ± 30196 32092 ± 23718 38539 ± 29690 NS
PLT (kg/VL/an) 5029 ± 1710 4681 ± 1454 4848 ± 870 NS
PLtec (kg/VL/jour) 14,78 ± 4,59 14,24 ± 4,86 13,93 ± 2,76 NS
PLeco (kg/VL/jour) 13,78 ± 4,69 12,83 ± 3,98 13,28 ± 2,38 NS
UFLcc/VL/an 2907a ± 532 3047a ± 606 2730b ± 545 *
UFLcc/kg de lait 0,63a ± 0,19 0,70 a ± 0,21 0,58b ± 0,15 *
UFL cc/UFL t 0,55a ± 0,06 0,57a ± 0,07 0,53b ± 0,06 *
Analyse du lait
TB (g/kg) 38,32a ± 2,22 38,31a ± 2,17 34,91b ± 1,97 **
TP (g/kg) 32,90a ± 0,56 34,30a ± 0,55 30,68b ± 1,25 **
Lactose (g/kg) 42,20a ± 1.01 44,31a ± 0,88 39,85b ± 1,65 **
ESD (g/kg) 82a ± 1,67 86a ± 1,34 77b ± 2,62 **
PC (°C) -0,52a ± 0,02 -0,55a ± 0,01 -0,46b ± 0,05 **
Log FMAT 5,52a ± 0,20 5,44a ± 0,25 5,66b ± 0,21 **
EST (g/kg) 121a ± 1,79 125a ± 2,13 112b ± 3,21 **
MU (g/kg) 71a ± 2,00 73a ± 2,14 66b ± 2,53 **
Rapport TB/TP 1,17b ± 0,08 1,12a ± 0,07 1,14b ± 0,07 *
NS: Non significatif
*: P<0,05
** : P<0,01Ab Les lettres différentes dans une même ligne correspondent à une signification

Figure 8. Evolution des caractéristiques mensuelles du lait selon les groupes typologiques.

Figure 9. Evolution des caractéristiques saisonnières du lait selon les groupes typologiques
Hygiène de la traite

Les paramètres d'hygiène de la traite et des mesures prophylactiques de la traite qui caractérisent les groupes identifiés sont présentés au Tableau 3. Ainsi pour la Classe 1, 75% des éleveurs pratiquent un tarissement d'une durée de 60 jours, la traite mécanique et l’allaitement au pis sont observés respectivement dans 55% et 60% des élevages. Alors que le traitement préventif contre les mammites au tarissement n’est pratiqué que par 40% des éleveurs, le transport du lait est effectué par le collecteur dans 50% des exploitations et le mouillage du lait seulement dans 9,7% des élevages. En ce qui concerne la Classe 2, qui regroupe la majorité des exploitations, la durée de tarissement à 60 jours et l'utilisation de l'eau javellisée et de serviettes individuelles pour le lavage et l'essuyage des mamelles sont rencontrées dans 80% des élevages. Le transport de lait par le collecteur et le renouvellement de la litière (2 fois/jour) sont rencontrés dans 60% des exploitations. Quand à la Classe 3, elle est caractérisée par une durée de tarissement de 90 jours dans 40% des exploitations, absence de la litière dans 12,5% des bâtiments d'élevages; le lait est acheminé au centre de collecte par des tracteurs dans 70% des exploitations. L'utilisation de serviettes collectives est observée par 70% des éleveurs.

Tableau 3. Paramètres d'hygiène de la traite
Facteurs Classe 1
(n=40)
Classe 2
(n=78)
Classe 3
(n=16)
Durée de tarissement, %
45 jours 10 10 35
60 jours 75 80 25
90 jours 15 10 40
Isolement des vaches en fin de gestation, % 50 75 25
Mise en quarantaine des animaux nouveaux et malades (%) 80 90 40
Traitement préventif contre les mammites au tarissement(%) 40 55 30
Ajout de l'eau de rinçage des récipients au lait trait (%) 9,7 0 11,9
Lavage des mamelles avec (%)
Eau 30 20 50
Eau de javel 70 80 50
Serviettes d'essuyage (%)
Communes 40 20 70
Individuelles 60 80 30
Lavage des récipients de traite avec (%)
Eau 0 0 25
Eau + détergent 100 100 75
Type de litière (%)
Sans litière 0 0 12,5
Paille 65 70 20,5
Sciure de bois 35 30 67
Fréquence de renouvellement de la litière (%)
1 fois par jour 50 40 80
2 fois par jour 50 60 20
3 fois par jour 0 0 0
Source d'eau d'abreuvement (%)
Réseau AEP 70 80 20
Puits 30 20 60
Rivière 0 0 20
Moyens de transport du lait (%)
Voiture 50 40 10
Camion 0 0 20
Tracteur 0 0 70
Collecteur 50 60 0
Délai d'acheminement du lait au centre de collecte (minutes) 20 15 40
(%) de traite mécanique 55 80 45
(%) Allaitement au pis 60 50 70
(%) Avant la traite 35 30 20
(%) Après la traite 25 20 50
Durée de la traite par vache
05 minutes 45 55 0
10 minutes 50 45 50
15 minutes 0 0 50
Propreté des vaches

L'étude vise à quantifier les fréquences des vaches selon différents états de propreté. La propreté des vaches doit être une préoccupation constante des éleveurs et de toute la filière parce qu’elle a des conséquences d’une part sur le confort de l’animal et d’autre part en matière d’hygiène du lait (Ruegg 2006). Plusieurs études ont identifié des rapports entre la propreté de la vache et la qualité du lait (Rajala-Schultz et Saville 2003; Schreiner et Ruegg 2003).

Les salissures prises en compte sur l'animal sont les salissures sèches, anciennes et non les salissures fraiches plus récentes après chaque passage au niveau des exploitations visitées. Ces dernières ont été notées à 36% avec la note «C» (sale), suivie de la note «B» (peu sale) à 44%. La note «A» (propre) n’est observée que pour 13 % des vaches alors que seulement 7 % sont notées «D» très sale (Tableau 4, Figure 10). Dans six exploitations de la région de Tizi-Ouzou, regroupant 261 vaches, Kadi (2007) a obtenu un score de 5,5% avec la note «D» très sale.

La proportion de vaches « très sales » est importante au niveau du groupe G1 avec près de 16% des vaches. A l'inverse, les groupes G2 et G3 présentent des notes faibles. Dans la même région, Kadi (2007) a enregistré un score de 14%.

Ces proportions importantes de vaches sales peuvent s’expliquer par le fait que le travail ait coïncidé avec la saison hivernale. En effet, selon Bastien et al (2006b), l’état de saleté des cuirs de bovins est maximal en hiver (autour de janvier-février) avec des proportions d’animaux sales qui atteignent plus d’un bovin sur cinq dans les conditions d’élevages en France.

Tableau 4. Etat de propreté des vaches au niveau des groupes typologiques
Nombre de Vaches
(n = 1105)
Note de propreté
A
«propre»
(%)
B
«peu sale»
(%)
C
«sale»
(%)
D
«très sale»
(%)
G1 352 9,94 47,16 26,99 15,91
G2 616 12,99 51,14 32,47 3,41
G3 137 16,79 32,85 48,18 2,19
Moyenne 13,24 43,71 35,88 7,17

Figure 10. Répartition de la propreté des vaches selon les groupes typologiques.
Hygiène de la mamelle

Les sources de contamination microbienne du lait peuvent être réduites au minimum par l’adoption des normes hygiéniques notamment en ce qui concerne la propreté de la mamelle (Ruegg 2003 ; FAO et FIL 2005).

Globalement, les vaches des trois groupes suivis présentent des mamelles malpropres (Tableau 5).

Tableau 5. Scores d’hygiène de la mamelle enregistrés au niveau des groupes suivis.
Nombre de vaches Scores d’hygiène de la mamelle [(Score3+Score4)/Total vaches] x 100
Score 1 Score 2 Score 3 Score 4
G1 352 72 121 109 50 45 %
G2 616 132 309 70 105 28 %
G3 137 21 30 58 28 63 %
Total 1105 225 460 237 183 38 %

Les vaches ayant un score 1 ou 2 sont considérées «propres» tandis que celles ayant des scores 3 ou 4 sont considérées «sales» (Ruegg 2004). Il est inacceptable d’avoir plus de 20 % du troupeau à un pointage de 3 ou 4 car les pis souillés augmentent les risques pour la salubrité du lait (Sillett et al 2003). Le pointage enregistré au niveau des groupes identifiés, les vaches enregistrent des scores 3 et 4 supérieur à 20% de leur troupeau (Figure 11). Le groupe G3 représente un score 3 et 4 de 63%, ce qui augmente considérablement le risque de mammites. Au niveau de ces élevages, les cas de mammites sont fréquents. De plus, selon Coulon et al (1996), certaines vaches réagiraient à un environnement microbien défavorable par une augmentation de leur numération cellulaire sans apparition de mammite clinique.

Figure 11. Répartition de l’hygiène de la mamelle des vaches enregistrant un score "Propre" ou "Sale" selon les groupes suivis.
Test CMT

Les résultats du test CMT, réalisé sur 150 vaches laitières au niveau de 22 exploitations ont été positifs chez 47 % des vaches contre 35 % avec la conductivité électrique (Tableau 6). Ceci peut s'expliquer par le fait que l'appareil en question a une marge d'erreur de 25% (Billon et al 2003). Ces résultats sont supérieurs à ceux rapportés par Saidi et al (2011) (25%) dans la région centre algérienne et inférieurs à ceux obtenus par Gabli (2005) et Bouaziz (2005) avec un taux respectivement de 50% et de 73% dans l'Est algérien. La répartition des mammites subcliniques entre les différentes races peut être liée à leur niveau de production. L'effet génétique s'explique de même en grande partie par un effet du potentiel de production laitière (Faye et al 1994).

Tableau 6. Animaux atteints de mammites subcliniques en fonction de la race
Races Total %
Holstein Montbéliarde Fleckvieh Croisées
Dépistées 48 61 28 13 150 100
CMT + 32 25 9 5 71 47
Conductivité + 27 17 6 3 53 35
Discussion générale

L'analyse des pratiques d'élevage des 134 exploitations de montagne de la région de Tizi-Ouzou montre qu'il y a une large utilisation de concentré dans l'alimentation des vaches laitières, ce qui est habituellement constaté dans les régions du Nord africain (Sraîri et al 2005).

L'examen de l'ensemble des caractéristiques physicochimique et hygiénique des laits livrés par les exploitations enquêtées montre qu'il n'existe pas de classe idéale qui cumulerait à la fois des teneurs élevées en matières grasses, matières protéiques, extrait sec dégraissé (classe 1 et 2) et une faible charge microbienne (classe 3). La faible teneur en germes totaux obtenus dans les laits des groupes G1 et G2 s'explique principalement par l'hygiène de la traite par l'utilisation de détergents, diminuant ainsi la contamination du lait par la machine à traire. De même, l'examen des valeurs moyennes par exploitation montre que les paramètres de qualité du lait sont très variables et dans l'ensemble peu satisfaisantes. 19% seulement des exploitations ont atteint un TB de 40 g/l témoignant de l'insuffisance de fourrages verts et l'absence totale de rationnement des vaches laitières selon leur état physiologique. Le taux protéique quand à lui est plus stable que le taux butyreux au cours de l'année et ce dans la totalité des élevages enquêtés. Ce constat est en accord avec les résultats d'autres études qui ont montré que les apports massifs en concentré constituent un facteur stabilisant du taux protéique (Sraîri et al 2005 ; Bousbia et al 2013). Cependant, tous les échantillons de lait collectés, ne peuvent être qualifiés de qualité satisfaisante de point de vue hygiénique (forte contamination microbienne) ce qui dévoile les mauvaises conditions d'hygiène dans lesquelles se déroulent les opérations de traite mais aussi le non respect des mesures prophylactiques dans la majorité des fermes. La contamination microbienne du lait est directement liée à l'hygiène de la traite, mais dépend aussi des conditions de logement des animaux (Dubeuf 1995). Le facteur hygiène ne doit pas être cependant considéré comme une fatalité dans la mesure où une seule classe (représentant seulement 12% de l’effectif total) apparaît fortement chargée en micro-organismes. Cependant, si on se rapporte aux résultats obtenus par Boukir (2007) (FMAT=27x106 ufc/ml), on remarque une nette amélioration de la qualité hygiénique du lait livré et cette amélioration n'est due qu'au paiement du lait en fonction de sa qualité appliquée par les usines laitières.

Les facteurs d’élevage responsables des différents états de propreté des vaches sont multiples. Les principaux facteurs sont le type de logement et son occupation (Lensink 2006), le régime alimentaire, les pratiques de paillage et de raclage et l’emplacement des abreuvoirs (Bastien et al 2006a). La propreté des vaches est directement liée à celle de la litière qui, elle, dépend de la quantité de paille et de la fréquence de paillage. Au niveau de l’ensemble des exploitations suivies, la quantité de paille et la fréquence de paillage sont insuffisantes (Classe 3). Le prix de la paille est le principal obstacle. Cette situation n’est pas propre à la région d’étude; Abdelguerfi et Zeghida (2005) rapportent qu’à travers le territoire national et durant une grande partie de l’année, la paille y est prioritairement utilisée comme aliment et non comme litière, à cause de son prix élevé. Selon Dubeuf (1995), le nettoyage succinct et irrégulier de la mamelle est un risque de contamination du lait et l'utilisation d'un plancher comme litière semble propice au développement de certains germes de l'environnement. De même, un abreuvoir mal placé ou une aire paillée en pente favorisent l’apparition d’espaces plus ou moins souillés, ce qui peut influer sur la propreté des animaux ainsi que sur leur répartition sur l’aire paillée (Lensink 2006).

L'analyse globale de l'hygiène de la mamelle indique un score de 38% qui est considéré comme "sale", ce qui augmente considérablement le risque de mammites. La mammite environnementale résulte d’une infection du pis par des microbes provenant de l’étable. Ceci est directement lié à la propreté des vaches. Selon Sillett et al (2003) et Ruegg (2006), les microbes environnementaux provoquent une mammite clinique plus souvent que les microbes contagieux, mais plusieurs infections par des microbes environnementaux ne produisent pas de mammite clinique. Selon Ruegg (2006), il faut veiller à ce que les trayons soient bien nettoyés et bien asséchés et garder l’environnement des vaches en lactation et des vaches taries aussi propre que possible afin de réduire l’incidence de bactéries environnementales.

Le taux de mammites subcliniques de 47% enregistré dans les exploitations de Kabylie reflète une forte proportion des quartiers infectés (282 quartiers infectés sur 600 quartiers dépistés). Ces quartiers atteints dans les troupeaux visités témoignent d'une prévalence élevée de mammites subcliniques dans la zone d'étude. Ce taux est un indicateur d'un impact élevé et néfaste de mammites subcliniques sur la production quantitative et qualitative du lait produit.

La présence de ces infections intra mammaires pourrait être attribuée aux mauvaises conditions d'hygiène de traite et du bâtiment d'élevage, qui favorisent la transmission des infections d'un quartier à un autre ou d'une vache à une autre (Spencer 1992). Dans la pratique (au milieu éleveur), il est avantageux d'effectuer un premier dépistage avec des tests plus simples et moins couteux. Ainsi, à défaut d'analyse bactériologique, le CMT constitue une solution permettant d'identifier les vaches atteintes de mammites avant d'envisager un traitement.

Enfin, ces résultats tendent à monter un déséquilibre entre la capacité des éleveurs à maîtriser l'évolution technique de leurs élevages et leur capacité à mettre en œuvre des pratiques sanitaires (Dubeuf 1995).


Conclusion

Suite aux résultats obtenus au niveau des fermes de la région montagneuse de Tizi-Ouzou, ceux-ci confirment l’incidence directe des pratiques d’élevages sur la qualité du lait.

La composition physicochimique du lait de mélange produit dans la majorité des exploitations enquêtées se situe au dessus des normes des industries laitières algériennes et elle est considérée comme acceptable. Toutefois, ce résultat n’est dû qu’à une alimentation à prédominance de concentré. L’utilisation excessive de concentré par les éleveurs comme critère d’augmentation de la production laitière, par défaut d’une disponibilité de fourrages verts de bonne qualité et en absence de rationnement peut avoir des effets néfastes d’une part sur la santé et la carrière de la vache et d’autre part sur la durabilité de la filière lait dans la région.

L’hygiène du lait devient plus en plus maîtrisée dans un grand nombre d’exploitations ou le prix du lait est déterminé en fonction de sa qualité.


Remerciements

Nous tenons à remercier Mr et Mme AGGUINI, gérants du laboratoire OVOLAB pour l'analyse des échantillons de lait et tous les éleveurs qui nous ont permis de réaliser ce travail.


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Received 15 January 2015; Accepted 15 February 2015; Published 1 August 2015

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