Livestock Research for Rural Development 25 (4) 2013 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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L’élevage bovin laitier hors sol dans le sahel tunisien (Cas de la région de Sousse)

M Hammami, R Bouraoui, M Lahmar* et H Selmi**

Ecole Supérieure d’Agriculture de Mateur, Tunisie
* Institut National des Recherches Agronomiques, Tunisie
** Centre Régional des Recherches en Grandes Cultures Béja, Tunisie
houcine_selmi@live.fr

Résumé

L’élevage laitier hors sol occupe une place relativement importante dans les économies ménagère et  industrielle notamment  sur le littoral tunisien. Cet élevage dont l’introduction et le développement étaient axés sur un modèle productiviste a montré ses limites. Sa période florissante n’a pas duré longtemps. Il se trouve actuellement en crise de reproduction et sa durabilité est remise en cause. Les incitations financières et fiscales dont avaient bénéficié les collecteurs du lait (notamment les coopératives de service) et les industries laitières étaient insuffisantes pour fonder les bases solides de ce type d’élevage.Il est resté très dépendant de l’extérieur (des spéculateurs: les vendeurs des aliments de  bétail) et très soumis aux fluctuations des prix et aux incertitudes des marchés (nationaux et internationaux). 

Les augmentations successives du prix du concentré, en particulier, au cours de ces dernières années ont bien montré sa fragilité. Cette fragilité ne s’explique pas seulement par la faible autonomie des éleveurs dans la conduite alimentaire de leurs animaux mais également par leur faible position pour négocier les prix de vente de leurs produits (le lait en particulier). Ils sont donc incapables de répercuter la hausse du coût de l’alimentation de leur bétail dans le prix qu’ils touchent en livrant leurs produits.

Mots clés: autonomie, crise, durabilité, elevage laitier, fragilité, hors sol, stratégie



Zero grazing management of dairy cattle in the Tunisian Sahel (Case of the region of Sousse)

Abstract

The zero-grazing of dairy cattle has a relatively important role in the house hold economy and the industry mainly in the Tunisian coast. The introduction and the development of this production system were relying on a productivity model that showed shortcomings. His flourishing period was short. It is actually limited by unsatisfactory reproductive performances and its durability is questioned. Financial encouragements and fiscal exemptions of which beneficiated milk collectors (mainly service cooperatives) were insufficient to implement viable management of this type of cattle production system.

This cattle production system remained dependant on the national and international market (feed resources) with prices fluctuation and market uncertainty. Continued increases in the prices of concentrates, namely during the last years, showed the fragility of  the  zero grazing cattle production systems. This fragility is explained by not only low autonomy in feed management and ration making but also by their weak position in negotiating prices of commercialized products (in particular milk). These farms are then incapable of incorporating elevated feed costs in prices of commercialized products.

Key words: autonomy, crisis, dairy cattle, durability, fragility, off land, strategy


Introduction

L’élevage bovin laitier hors sol s’est développé, au cours des vingt dernières années, dans les régions littorales du centre et du sud (Sousse, Mahdia, Sfax et Gabes) sans ou avec de faibles ressources fourragères autoproduites. Son  introduction, dans ce type de régions, était facilitée par l’installation des structures professionnelles et un tissu industriel relativement importants. Elle constitue une réponse de l’agriculteur face à la faiblesse et à l’irrégularité des précipitations, à la baisse des rendements agricoles (celui des céréales et de l’olivier en particulier) mais surtout à la forte régression des espaces pâturés et par conséquent de l’élevage des petits ruminants (ovins et caprins) qui avait toujours constitué un lieu favorable de capitalisation et un élément régulateur de la trésorerie de l’exploitation.   

L’émergence de la production laitière, dans ces zones marquées par une forte pression sur l’eau et la terre agricole, a certes permis la diversification et l’intensification des activités et des sources de revenu, mais la filière laitière a très vite montré sa faiblesse et sa fragilité (Darej et al 2010). Et ce suite à la succession de plusieurs années de sècheresse et aux augmentations successives des prix du concentré qui constitue la principale composante de la ration alimentaire des animaux dans la majorité des exploitations.  

La présente étude a pour objectif principal de comprendre les pratiques des éleveurs, dans la région de Sousse, en matière de conduite de leur cheptel laitier, les stratégies liées à ces pratiques et d’examiner l’implication de celles-ci en terme de résistance aux menaces qu’exercent l’environnement économique et commercial sur l’élevage laitier de façon générale et sur celui sans ressources fourragères autoproduites en particulier. Nous présentons, dans une première partie, les grandes lignes de l’élevage laitier en Tunisie afin d’avoir une idée, certes globale mais utile, sur le contexte et la conjoncture dans lesquels s’est développé l’élevage bovin laitier de façon générale et celui hors sol en particulier. Puis nous essayons, dans une seconde partie, de caractériser et d’analyser le fonctionnement des différents types d’élevage identifiés dans notre zone d’étude. Cette analyse devrait nous permettre de déterminer le degré de résistance des éleveurs, dans chaque type, aux menaces extérieures.  

Les grandes lignes de l’élevage bovin laitier en Tunisie: De nombreuses difficultés qui entravent encore son développement et sa promotion 

En Tunisie, l’élevage bovin laitier constitue une des composantes principales du secteur agricole et des industries laitières. Depuis plus d’une vingtaine d’années, le lait et ses dérivés,  ont été classés parmi les produits stratégiques comme les céréales, l’huile d’olive, la pomme de terre. Son rôle économique est important du fait qu’il contribue pour 24% dans la formation de la valeur totale de la production animale, 7,2% dans celle de la production agricole totale et 7% dans celle des industries agro-alimentaires.  Son rôle social est également non négligeable, notamment dans la création d’emplois stables et la régulation à la fois des recettes et du revenu de l’exploitation.  

Des stratégies ambitieuses qui se heurtent à des difficultés d’ordre structurel et organisationnel 

Jusqu’à la fin des années quatre-vingt, le cheptel bovin était très soumis aux aléas climatiques qui réduisent périodiquement les effectifs notamment au cours des années de sècheresse. Nous pouvons citer à titre d’exemple la série d’années sèches (1976-1979) qui a provoqué une baisse de 22% du cheptel.Au milieu des années 1990, on a vu s’instaurer une nouvelle stratégie fondée sur l’approche filière ayant pour objectif l’augmentation des quantités de lait produites et usinées et ce par l’augmentation des effectifs des unités femelles de races pures et par l’amélioration de leur productivité. Cette stratégie a été accompagnée par des mesures (dites d’accompagnement) touchant les différentes composantes de la filière dont les principales sont:

 Ces résultats ont certes donné des résultats relativement encourageants (augmentation de la production laitière et atténuation des effets de la sécheresse sur l’élevage dans certaines exploitations). Mais le système d’élevage, dans la majorité des exploitations (les plus petites en particulier) demeure fragile. Il est encore loin d’être en sécurité.Cette fragilité s’explique par des éléments à la fois endogènes liés aux structures et à l’organisation de l’exploitation et d’autres exogènes liés à l’environnement commercial, politique et institutionnel (Auriol 1989). 

Structure et dynamique de l’élevage bovin: le secteur bovin laitier est dominé par les petits troupeaux 

La taille du troupeau des bovins varie beaucoup d’une région à une autre voire d’une exploitation à une autre à l’intérieur d’une même région, mais on note partout une domination des petits troupeaux comme l’illustre le Tableau 1. 

Tableau 1. Répartition des effectifs des bovins selon la taille de l’exploitation

Taille de l’exploitation

< 5ha

5 - 10

10 - 20

20 - 50

50 - 100

> 100ha

Effectif des bovins en %

36

21

18

12

4

9

Rapport Annuel de la Ministère de l’agriculture (Enquête de structure des exploitations agricoles) 2010

Il ressort du Tableau 1 que plus de la moitié (57%) des bovins sont élevés dans des micros et petites exploitations dont la taille est inférieure à 10ha. Ce type d’exploitations, dont la taille du troupeau excède rarement les 10 vaches laitières, est marqué par la double activité du chef d’exploitation, la concurrence entre les activités pratiquées sur les facteurs rares (eau d’irrigation, terre agricole), notamment dans les périmètres irrigués, et les faibles ressources fourragères autoproduites (Boutonnet et al 2000). 45% des vaches élevées sont de race pure. Les races locales et locales croisées demeurent dominantes (55%) et ce malgré certains efforts fournis par l’Etat au niveau de l’encadrement des éleveurs (par l’intermédiaire de l’office de l’élevage et des pâturages en particulier), l’octroi des crédits et des subventions pour l’achat de génisses pleines importées. Cette situation s’explique surtout par le peu d’intégration de l’élevage laitier dans l’agriculture notamment dans les petites et moyennes exploitations et les difficultés d’accès des petits éleveurs et ceux sans terre aux crédits bancaires et aux encouragements accordés par l’Etat à ce secteur. A cela il faut ajouter l’échec de la stratégie nationale de l’élevage des génisses de race pure produites en Tunisie et ce pour des raisons (déclarées par des éleveurs) de coût élevé de ces génisses et des faibles incitations financières accordées par l’Etat.

On compte actuellement aux environ de 450000 unités femelles (vaches laitières et génisses âgées de 18 à 30 mois). 72% de cet effectif sont localisés au nord de la dorsale tunisienne ou le potentiel fourrager semble le plus favorable. Le reste est réparti entre le centre (24%) et le sud (4%). Ce qui attire l’attention dans cette répartition régionale c’est l’extension rapide de l’élevage laitier dans le centre littoral (Sousse, Mahdia et Sfax) et ce malgré le très faible potentiel fourrager. Ainsi, nous pouvons distinguer trois grands systèmes d’élevage bovin laitier: 

Système extensif traditionnel 

Ce type de système est très répandu dans les zones intérieures et difficiles du nord. Il est pratiqué dans les petites et moyennes exploitations familiales sans grande assise foncière ni potentiel fourrager important. Il est marqué par une taille moyenne réduite du troupeau bovin (1 à 4 vaches de race locale ou locale améliorée), une faible surface fourragère et une très faible productivité des animaux élevés. 

Système d’élevage intensif 

Ce système est présent dans les exploitations céréalières dans le nord et dans les périmètres irrigués. Il est orienté essentiellement vers la production laitière. La taille du troupeau laitier varie beaucoup de la petite exploitation (< 10 unités femelles) à celle la plus grande (> 20 unités femelles). La productivité est relativement meilleure notamment dans la grande exploitation et ce grâce aux ressources fourragères plus importantes et plus diversifiées.     

Système d’élevage hors sol 

Ce système s’est développé au cours des vingt dernières années dans les régions littorales du centre et du sud sans ou avec de faibles ressources fourragères produites localement. L’alimentation des animaux est basée sur des aliments le plus souvent achetés de l’extérieur (concentré, foin, paille,…) d’où une forte dépendance des marchés (national et international). La taille moyenne du troupeau dépasse rarement les 10 unités femelles de race pure ou améliorée.  

 La production laitière en Tunisie est dominée par celle d’origine bovine 

La production laitière en Tunisie est essentiellement d’origine bovine. Elle a évolué, au cours de la période 1996/2005, comme le montre le Tableau 2.                                    

Tableau 2. Evolution de la production laitière tunisienne sur une dizaine d’années (Unité: 1000 tonnes)  

Années

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Production totale

615

657

734

817

887

934

945

891

883

939

Production bovine (en tonne)

587

630

720

803

870

916

927

872

864

920

Production bovine (en %)

95,5

95,9

98

98

98

98

98

97,9

97,8

97,9

MARH  2007

Il ressort du Tableau 2 que la production laitière, d’origine bovine, a connu une période de sept ans  successifs de croissance, puis elle a chuté en 2003 suite à la succession de deux années de sècheresse ; ceci montre bien la forte dépendance de l’élevage laitier des précipitations. 56% de cette production provient du nord du pays suivi par le centre (37%) et le sud (7%).  La productivité moyenne est de 2200 litres de lait par vache et par lactation durant les dix dernières années. Elle demeure faible et n’a pas beaucoup augmenté par rapport à celle enregistrée au cours des années quatre vingt (2000 litres). L’augmentation de la production totale est beaucoup plus imputée à l’accroissement de l’effectif des unités femelles qu’à celui du rendement par vache. La production laitière reste l’affaire des petits élevages dans les périmètres irrigués et de ceux hors sol du fait qu’ils représentent 50% de la production ; par ailleurs, ces deux types d’élevage souffrent le plus souvent de problèmes d’alimentation et de reproduction (Kayouli et al 1989) 

Les grands traits de l’agriculture de la zone de l’étude: agriculture en pleine mutation à la recherche de son équilibre et de sa pérennité     

La  région de Sousse, notre zone de l’étude, est située sur le littoral nord du sahel tunisien. Elle s’étend le long de la Méditerranée sur 75 km. Comme le reste du centre littoral, elle est marquée par un climat doux et des précipitations relativement faibles (348 mm/an moyenne des dix dernières années) et irrégulières. Sousse, siège du gouvernorat, est la troisième ville du pays après le grand Tunis et Sfax. Elle a connu de grands changements au cours des quarante dernières années. Elle est devenue un grand pôle d’attraction des populations provenant de nombreuses régions notamment de la moyenne et de la haute steppe, des investisseurs, des étudiants et des touristes et ce grâce à l’installation de complexes industriels, universitaires et hospitaliers et au développement des infrastructures de base (Figure 1). 

L’agriculture est une activité très ancienne, dans la région ; elle est certes basée sur l’oléiculture et les arbres fruitiers qui occupent ensemble 60% de la surface agricole utile mais elle a connu des bouleversements au cours des dernières décennies et ce à cause de la forte pression exercée, sur la terre agricole et l’eau d’irrigation, par l’explosion démographique, l’extension et le développement des autres activités économiques.  Ces bouleversements ont touché à la fois les structures productives (disparition de certaines exploitations, augmentation du nombre des petites exploitations,…) et de l’organisation interne des unités de production. Ainsi, pour résister aux menaces exercées par l’environnement (politique, institutionnel, économique et commercial) et afin de profiter de la nouvelle situation de rente (proximité des grands centres urbains très demandeurs de légumes, lait et viande,….), les producteurs, ayant pu résister, ont introduit, dans leur système de production, de nouvelles activités (maraîchage, élevage laitier, aviculture et cuniculture) dont les produits sont très demandés sur les marchés urbains et dont la valeur ajoutée est beaucoup plus élevée à celle des activités traditionnelles (céréales, élevage ovin et olivier à huile).

La production animale, dominée par celle de l’élevage laitier, contribue avec 45% dans la production agricole totale de la région. En année moyenne, l’élevage bovin laitier fournit à la région aux environs de 22100 tonnes de lait frais et 2000 tonnes de viande rouge. La plupart des exploitants pratiquant l’élevage laitier sont marqués par les faibles ressources fourragères autoproduites (faible superficie et rareté de l’eau d’irrigation). Ainsi l’alimentation des troupeaux laitiers est basée essentiellement sur des aliments le plus souvent achetés de l’extérieur (concentré, foin, paille). Le recours aux sous-produits de l’exploitation (bois de taille de l’olivier, mauvaises herbes  et résidus des cultures maraîchères) est également fréquent notamment dans les exploitations qui en disposent (Guérin et Faye 1999).

Contrairement à d’autres régions voisines (Mahdia, Monastir), la région de Sousse est dotée des structures professionnelles (Coopératives de services, centres de collecte du lait) très peu efficaces. Les quatre coopératives de services agricoles auxquelles adhèrent peu d’agriculteurs se trouvent en difficulté (mauvaise gestion, manque de liquidité). Leurs services se limitent le plus souvent à la vente des intrants (les engrais). Elles n’offrent aucun privilège (prix, crédit de campagne, avance sur les produits,….) surtout pendant les périodes difficiles. Contrairement à la région de Sfax, l’élevage laitier, dans la région de Sousse, reste l’affaire des petits éleveurs. Il n’a pas attiré les grands investisseurs. Ces derniers ont préféré placer leurs capitaux dans l’aviculture et la pisciculture.


Figure 1. Carte Topographique de la région du Sahel Tunisien

Eléments méthodologiques du travail 
Collecte des données 

 La démarche utilisée pour le travail de terrain s’est décomposée en deux phases complémentaires: 

Un diagnostic exploratoire (ou léger) 

   Le premier travail qu’on a réalisé sur le terrain est celui d’un diagnostic exploratoire basé sur:

Ce diagnostic avait pour objectif de prendre connaissance de la situation réelle de la zone de l’étude. Il nous a permis de caractériser l’agriculture locale de façon générale et l’élevage laitier en particulier. Il a constitué une phase préparatoire pour le choix de l’échantillon d’éleveurs à enquêter et l’élaboration du questionnaire. 

Une enquête par questionnaire et par entretien non directif   

Une enquête destinée à analyser le fonctionnement du système d’élevage a porté sur un échantillon de 50 éleveurs (8% du total des éleveurs de la région) couvrant une large gamme de situations. Il est constitué à partir d’une liste exhaustive des éleveurs encadrés par l’office de l’élevage et des pâturages. Ces derniers ont été stratifiés selon des critères précis de manière à couvrir autant que possible toute la diversité des éleveurs.

   Les critères retenus sont essentiellement structurels:

Pour bien identifier la diversité des stratégies des éleveurs enquêtés, une analyse relativement fine a été réalisée à travers deux ou trois passages sur un petit groupe d’éleveurs représentant les différents types d’exploitations enquêtées lors du premier passage. Pour mieux saisir le poids de l’environnement sur les stratégies des éleveurs, des entretiens non directifs  ont été menés auprès des deux directeurs des coopératives de services agricoles et quelques responsables et agents de vulgarisation locaux et régionaux.   

Traitement de données 

Les données collectées ont été saisies dans des fichiers Microsoft Excel avec l’adoption des codes pour les paramètres qualitatifs. Ainsi trois fichiers ont été établis:

Des calculs statistiques ont été menés pour l’élaboration des valeurs descriptives (moyenne, écart-type,….) pour tout l’échantillon enquêté et pour les types identifiés. Ces calculs nous ont permis de dégager des variables explicatives des modes de fonctionnement des élevages (conduite alimentaire, de reproduction et sanitaire) et de leurs performances technico-économiques. 

La rentabilité (ou efficacité économique de l’élevage laitier) et sa sensibilité à  toute variation du coût et du rendement en lait 

La rentabilité de l’élevage laitier hors sol est fonction de plusieurs facteurs dont les principaux sont (Gharbi et al 2007) :

Ainsi, nous avons essayé d’analyser l’impact de l’augmentation du coût  d’alimentation (+ 10%, + 20%, + 50%) et celui du rendement en lait (0%, + 15%, +25%, +50%) sur la rentabilité des différents types d’élevage identifiés. Ainsi 12 scénarios sont définis. Ils sont présentés, sous forme d’une matrice comme le montre le Tableau 3. 

Tableau 3. Matrice de rentabilité

Augmentation du coût d’alimentation

Augmentation du rendement en lait

 

+ 10%

 

+ 20%

 

+ 50%

                         0%

 

 

 

                      + 15%

 

 

 

                      + 25  

 

 

 

                      + 50

 

 

 


Résultats et discussions

La démarche présentée ici permet à la fois de décrire la diversité des élevages (pratiques et stratégies adoptées par les éleveurs), d’identifier des types non seulement selon des critères de structure mais également de fonctionnement et d’analyser ces stratégies. 

Caractéristiques des élevages enquêtés 

L’élevage bovin laitier constitue la principale activité dans 66% des exploitations enquêtées. La majorité (78%) est de taille réduite. La surface agricole utile moyenne est de 7 ha avec toutefois une présence relativement importante de la micro exploitation dont la taille ne dépasse pas les 5 ha (45%). En revanche, seules 6,5% des unités de production exploitent plus de 20 ha. Les sans terre marquent également leur présence. Ils représentent 4% de l’échantillon enquêté.  L’occupation du sol est dominée par l’olivier à huile. Les cultures annuelles (céréales, fourrages,….) sont présentes dans de nombreuses exploitations mais elles sont cultivées en intercalaire avec les oliviers. Les fourrages, dominés par les espèces hivernales (orge en vert, foin), sont cultivés par 50 à 60% des exploitations enquêtées mais sur de faibles superficies (1 à 5 ha). Les grandes superficies (plus de 10 ha) ne sont constatées que dans quelques unités de production de plus de 20 ha de SAU. La taille  moyenne du troupeau laitier varie beaucoup d’un type à un autre. Elle est de 8 têtes dans les petites exploitations et de 25 têtes dans celles de plus grande taille. Mais l’effectif n’est pas stable. Il varie beaucoup avec la fluctuation des prix des aliments achetés, les besoins de l’exploitation en liquidité et la disponibilité des fourrages (autoproduits ou achetés et stockés). 

La Holstein est la race la plus élevée (91% des éleveurs laitiers) suivie par la montbéliarde (22%). La plupart des animaux sont logés dans des anciens bâtiments construits soit en béton, soit en tôle soit en éternité. Il y a donc très peu d’investissement dans la construction des logements et les machines à traire (ou pots trayeurs) puisque la traite se fait le plus souvent manuellement notamment dans les petites exploitations.  Vu les faibles superficies occupées par les fourrages, l’alimentation des vaches est tributaire des apports en concentrés. Ces apports varient de 43%  de concentré dans la ration dans les unités de production pratiquant les cultures fourragères à 73%  de concentré dans la ration là où les cultures fourragères sont les moins pratiquées. Ceci se traduit par un rapport  concentré/ lait important et un coût élevé de la ration alimentaire des vaches.     

La production laitière par vache et par lactation varie de 2575 à 6410 litres avec une moyenne de l’échantillon de 4465 litres. La marge bénéficiaire dégagée est faible (0,047dt/litre de lait) par rapport à celle calculée dans les mêmes types d’élevage à Mahdia (une région voisine). Les faibles résultats économiques de l’élevage laitier à Sousse s’expliquent par plusieurs facteurs comme:

Celle-ci se distingue à plusieurs niveaux, notamment: l’intervalle vêlage - première insémination (121 jours), l’intervalle vêlage insémination fécondante (172 jours) et l’intervalle vêlage/vêlage (428 jours). Tous ces paramètres de reproduction sont supérieurs à la norme et à ceux constatés dans des élevages correctement conduits. Ils sont négativement influencés par le déséquilibre alimentaire, les conditions de logement, les problèmes sanitaires et ceux de détection des chaleurs (Coulon et al 1989).   A la lumière de ces résultats, nous pouvons comprendre que la production laitière, dans notre région, est confrontée à des difficultés de diverses natures dont les principales sont liées à l’inflation des prix des aliments achetés (concentré et fourrage grossier) et aux faibles augmentations du prix du lait (Rejeb Gharbi et al 2007).  Mais les résultats dégagés ne sont que des moyennes de l’échantillon étudié. Or la moyenne cache beaucoup la réalité marquée par une grande diversité. La prise en compte de cette diversité nécessite une analyse typologique (Alary 2001). 

Typologie des élevages laitiers 

L’analyse du fonctionnement et des pratiques des éleveurs enquêtés a permis de définir quatre types d’élevages identifiés selon deux principaux critères à savoir la taille du troupeau et la présence ou non des fourrages autoproduits (Tableau 4).

Tableau 4.  Présentation de la typologie des exploitations laitières dans la région de Sousse

 

 

Petits et moyens élevages

Grands élevages

Avec fourrage

Sans fourrage

Avec fourrage

(16% de l’échantillon) 

Sans fourrage

 

- Taille du troupeau laitier (vaches laitières)

- Surface fourragère (ha)

 - Intervalle vêlage - vêlage (en jours

- Intervalle vêlage insémination fécondante (en jours)

- Intervalle vêlage première insémination (en jours)

 - Part du concentré donné à une vache/jour (en%)

- Part de la verdure donnée à une vache/jour (%°)

- Capacité d’ingestion matières sèches/jour

- Coût d’alimentation en % du coût total

- Coût du concentré en % du coût d’alimentation

- Production laitière/vache/305 jours (en litres)

- Coût de revient d’un litre de lait

- Marge bénéficiaire d’un litre de lait

7

3

440

183

134

55

16,5

14

86,5

55

4558

0,487

0,069

6

0

388

175

78

59

2,7

12

79

72,5

4069

0,540

0,010

27

9

415

135

100

50

20

14,35

68

60

4798

0,493

0,057

19

0

424

217

138

56

3,0

12,9

87,5

65

3478

0,530

0,020

Type I – Petits et moyens élevages avec fourrages autoproduits 

Ce type regroupe les exploitations dont la taille du troupeau laitier est de 7 unités femelles. Elles sont marquées par l’absence d’autres types d’élevages et la présence de cultures fourragères pratiquées sur une superficie moyenne de  3ha (soit 0,43 ha par vache laitière) leur permettant d’avoir une certaine autonomie fourragère notamment au cours des années moyennes à bonnes  se reflétant sur la production laitière relativement bonne (4558 litres de lait/vache/lactation). L’élevage est tenu par les actifs familiaux n’exerçant pas d’activité à l’extérieur de l’exploitation. Il constitue, pour 70 % des familles enquêtées,  la principale source de revenu monétaire (Senoussi et al 2010).  Avec une marge bénéficiaire de 0,069 dt/litre de lait et un veau vendu à raison de 500 dt, une vache permet de dégager un revenu monétaire de 834 dt par an. Ce revenu pourrait être beaucoup plus élevé dans les exploitations ayant la possibilité d’engraisser les veaux autoproduits au lieu de les vendre à un âge précoce.  Ces résultats, jugés relativement bons,  pourraient s’améliorer en diminuant l’intervalle vêlage/vêlage (440 jours) et celui vêlage/insémination féconde (183,5 jours). L’élevage, dans ce type d’exploitation, joue le rôle de régulateur de la trésorerie du couple exploitation/famille et du lieu d’épargne. 

Type II – Petits et moyens élevages sans fourrages autoproduits      

Ce type est constitué des exploitations dont la taille du troupeau laitier est aux environs de 6 unités femelles avec une forte instabilité de l’effectif.   En l’absence de fourrages autoproduits, les vaches sont nourries à partir des aliments achetés de l’extérieur d’où une forte dépendance des marchés de ces produits dont les prix ne cessent d’augmenter.  L’élevage laitier, dans ce type d’exploitation (notamment celles sans ressources extérieures), occupe une place privilégiée pour son rôle de capitalisation et d’alimentation de la trésorerie en liquidité dont la famille a besoin pour faire face à des dépenses en hausse continue à cause d’une inflation galopante.  La conduite de reproduction des vaches semble mieux maîtrisée  vu la qualité de fourrage autoproduit et la part du concentré par vache,  dans ce type que dans le type précédent comme le montrent les valeurs du Tableau 4. Mais cette supériorité ne se reflète pas sur le rendement laitier (4069 litres contre 4558 litres dans le type précédent). L’absence de verdure dans la ration alimentaire des vaches et la mauvaise qualité des fourrages grossiers achetés pourraient expliquer cette faiblesse.   

 La marge bénéficiaire par litre de lait est très faible (0,010 dt). Elle est influencée par un coût de production (dominé par la valeur des aliments achetés) élevé. Il est de 0,540 dt contre 0,487 dt dans le type précédent (soit une différence de 0,053 dt).  Cette marge bénéficiaire peut varier du simple au double ou au triple dans les exploitations ayant la possibilité de s’approvisionner en foin au moment de la récolte lorsque l’offre augmente et les prix baissent (3 à 4 dt par balle contre 8 à 10 dt en hiver). L’adoption de cette stratégie peut entraîner une baisse du coût de production et par conséquent une amélioration de la marge bénéficiaire.   

Type III – Grands élevages avec fourrages autoproduits 

Ce type rassemble les grands élevages avec des fourrages grossiers (consever par voie sèche) autoproduits. Il correspond aux troupeaux laitiers dont les paramètres de structures (SAU > 20 ha, taille moyenne du troupeau laitier: 20) sont largement supérieurs à la moyenne de l’échantillon enquêté. Ce type se distingue par une surface fourragère relativement importante (0,52 ha/vache laitière) et un mode d’affouragement en vert (cultures en irrigué à partir des puits de surface). Ceci se traduit par un faible taux d’incorporation du concentré dans la ration alimentaire des vaches et un rendement laitier (4798 litres/vache/lactation) supérieur à ceux enregistrés dans les autres types. La marge bénéficiaire (0,057 dt/litre) est inférieure à celle enregistrée dans les petits et moyens élevages avec fourrages autoproduits (0,069 dt). En effet, la bonne productivité physique des vaches, dans ce type, est handicapée par un prix de revient relativement élevé (0,493 dt/litre) et ce à cause de la présence des charges salariales et de celles de structures (amortissement du matériel de traite et des équipements d’élevage,….). 

La maîtrise de la conduite de reproduction constitue un point faible, dans certaines exploitations, comme l’illustrent les paramètres zootechniques telles que l’intervalle vêlage/vêlage (415 jours), l’intervalle vêlage/insémination fécondante (135 jours) et l’intervalle vêlage/première insémination (100 jours). Le revenu/vache/an varie de 774 dt, dans les exploitations ne pratiquant pas l’engraissement des veaux autoproduits, à 1350 dt dans celles qui le pratiquent.  Ainsi, ce revenu global, relativement intéressant, a permis l’introduction de nouvelles activités (agricole, commerciale et celle de services). Par leur stratégie, les chefs d’exploitation visent la stabilité et la diversification des sources de revenu total disponible afin d’assurer la pérennité de leur activité. 

Type IV – Grands élevages sans fourrages autoproduits    

Ce type regroupe les exploitations détenant des troupeaux laitiers dont la taille moyenne est de 19 unités femelles. Elles se distinguent par l’absence de cultures fourragères et la dépendance complète de l’extérieur pour s’approvisionner en aliments de bétail. Le rendement en lait est de 3478 litres/vache /lactation, très loin des niveaux atteints dans les autres types d’élevage notamment celui de grande taille et avec fourrage autoproduit. La marge bénéficiaire est également très faible (0,020dt/litre contre 0,057dt dans le troisième type). L’alimentation déséquilibrée et de mauvaise qualité a des répercussions négatives pas seulement sur le rendement et la qualité du lait mais également sur les paramètres de reproduction dont les valeurs sont de 424 jours pour l’intervalle vêlage/vêlage, 217 jours pour celle de vêlage/insémination fécondante et 138 jours pour l’intervalle vêlage/première insémination. 

Toutes ces valeurs sont supérieures à celles enregistrées dans le type précédent. Ce type illustre bien la situation des élevages hors sol, dont le seul moyen d’assurer sa reproduction repose sur la vente des veaux. Le surplus de revenu dégagé dans ce type d’élevage, notamment au cours des bonnes années et avant les augmentations successives du prix des aliments de bétail, a permis aux chefs d’exploitation d’introduire, dans la zone, des activités commerciales et de services et ce dans l’espoir de stabiliser le revenu total disponible de leur groupe familial, de s’échapper du risque de la monoproduction et d’avoir plus d’autonomie financière. On a d’ailleurs constaté, au cours de la décennie passée, une régression de l’effectif des élevages dans ce type.         

Efficacité économique des différents types d’élevage face à la variabilité du coût de production et de la productivité des vaches laitières 

 L’efficacité des élevages enquêtés (Tableaux 5 à 8) est mesurée par la marge bénéficiaire par litre du lait (produit principal de cette activité). Or cette dernière est relativement sensible à toute variation soit du coût de production, soit du rendement en lait soit des deux ensembles (Sraïri et al 2007).  

Tableau 5. Petits et moyens élevages avec fourrages autoproduits

Augmentation du coût de production

Augmentation de la productivité

10%

20%

50%

0%

+ 0,0268

- 0,142

- 0,142

15%

+ 0,0960

+ 0,0590

- 0,0501

25%

+ 0,1326

+ 0,0989

- 0,0022

50%

+ 0,2032

+ 0,1750

+ 0,0909

Avec une augmentation du coût de production de 10%, la marge bénéficiaire est toujours positive. Elle augmente avec l’augmentation de la productivité. Lorsque le coût augmente de 20%, et pour avoir une marge bénéficiaire positive, il faut que la productivité progresse de 15% au moins.  Des augmentations de 15% et 25% de la productivité seront incapables de couvrir une augmentation du coût de production de 50% comme l’illustre le Tableau 6.   

Tableau 6. Petits et moyens élevage sans fourrages autoproduits

 

Augmentation du coût de production

Augmentation de la productivité

10%

20%

50%

0%

- 0,0327

- 0,0750

- 0,0203

15%

+ 0,0433

+ 0,0112

- 0,0105

25%

+ 0,0840

+ 0,0490

- 0,0530

50%

+0,1620

+ 0,1330

+ 0,0480

Sans augmentation de la productivité, ce type d’élevage sera perdant même avec une faible hausse (+ 10%) du coût d’alimentation. Des augmentations de 15 et 25% de la productivité des vaches seront insuffisantes pour la couverture d’une progression du coût d’alimentation de 50%. Il ressort des deux Tableaux 7 et 8 que le second type est plus sensible à la variation du coût d’alimentation que le premier. Ses marges bénéficiaires positives sont inférieures à celles dégagées dans le premier type, même avec une faible augmentation du coût d’alimentation et une forte hausse de la productivité. Il est donc menacé par de nouvelles hausses du prix des aliments de bétail surtout sans une augmentation suffisante du prix du lait en particulier.  

Tableau 7. Grands élevages laitiers avec fourrage autoproduit

 

Augmentation du coût de production

  Augmentation de la productivité

+10%

+20%

+50%

0%

+0,0137

- 0,0297

-0,1006

+15%

+0,0837

+0,0459

-0,0158

+25%

+0,1210

+0,0862

+0,0294

+50%

+0,192

+0,1635

+0,1162

Ce type peut résister à une augmentation du coût d’alimentation de 10% même sans amélioration de la productivité. Au-delà, l’activité sera perdante. Une amélioration de 25% de la productivité des vaches met l’activité laitière à l’abri de toute augmentation du  coût d’alimentation et ce jusqu’à un niveau de progression de 50%.     

Tableau 8. Grands élevages sans fourrage autoproduit

 

Augmentation du coût de production

    Augmentation de la productivité

+10%

+20%

+50%

0%

-0,0263

-0,0726

-0,212

+15%

+0,0490

+0,0085

-0,112

+25%

+0,0890

+0,0519

-0,0594

+50%

+0,1658

+0,1.349

+0,0422

 Les élevages, dans ce type, sont plus sensibles à l’augmentation du coût d’alimentation que ceux dans le type précédent. Leur marge bénéficiaire sera négative en l’absence de toute augmentation de leur rendement.  Des améliorations de 10 à 15% du rendement seront suffisantes pour les mettre à l’abri de la disparition  même avec des progressions du coût d’alimentation des mêmes taux.  Une amélioration du rendement de 50% permet d’obtenir une marge bénéficiaire certes positive, pour chacune des trois hypothèses d’augmentation du coût d’alimentation, mais elle sera inférieure à celle qui sera dégagée dans le type précédent.  


Conclusion


Références bibliographiques

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Auriol P 1989. Situation laitière dans les pays du Maghreb et du Sud-est de la Méditerranée. Options Méditerranéennes 6: 51-72 

Boutonnet J P, Griffon M et Viallet D 2000. Compétitivité des productions animales en Afrique sub-saharienne. Pub. CIRAD-EMVT, Montpellier, France. 

Coulon J B, Faverdin P, Laurent F et Cotto G 1989. Influence de la nature de l’aliment concentré sur les performances des vaches laitières. INRA Production Animale 2: 47-53   

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Gharbi F, Laroussi R et Zouhair F 2007. Rentabilité économique de l’élevage laitier en Tunisie «cas des gouvernorats de l’Ariane et de Mahdia». Biotechnologie, Agronomie, Société et Environnement 11 (3): 211-223   

Guérin H et Faye B 1999. Spécificité de la problématique périurbaine pour systèmes d’élevage «Agriculture périurbaine en Afrique Subsaharienne». CIRAD-CORAF, Montpellier: 43-49  

Kayouli C, Djemali M et Belhadj M T 1989. Situation de la production laitière bovine intensive en Tunisie. Options Méditerranéennes 6: 97-100  

Rapport Annuel de la Ministère de l’Agriculture et des ressources hydrauliques 2010. Direction générale des études et de développement agricole. Enquête sur les structures des exploitations agricoles 78p.  

MARH (Ministère de l’Agriculture et des ressources hydrauliques) 2007. Rapport Annuel - Rapport sur la production laitière en Tunisie 100p. 

Rejeb Gharbi F, Lahsoumi R, Gouhis F et Rached Z 2007 Rentabilité économique de l’élevage laitier en Tunisie: cas des Gouvernorats de l’Ariana et de Mahdia. Biotechnologie, Agronomie, Société et Environnement 11 (3) : 211–223. http://www.bib.fsagx.ac.be/library/base/text/v11n3/211.pdf 

Senoussi A, Haïli L et Maïz H A B 2010  Situation de l’élevage bovin laitier dans la région de Guerrara (Sahara Septentrional Algérien). Livestock Research for Rural Development 22(12). http://www.lrrd.org/lrrd22/12/seno22220.htm 

Sraïri M T, Ben Salem M,  Bourbouze A, Elloumi M, Faye B, Madani T et Yakhlef H  2007 Analyse comparée de la dynamique de la production laitière dans les pays du Maghreb. Cahiers Agricultures 16 (4) : 251-257. http://www.john-libbey eurotext.fr/fr/revues/agro_biotech/agr/e-docs/00/04/33/97/article.phtml


Received 23 November 2012; Accepted 27 February 2013; Published 2 April 2013

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