Livestock Research for Rural Development 21 (4) 2009 Guide for preparation of papers LRRD News

Citation of this paper

Performances de croissance et aptitudes bouchères du Poulet d’Ardenne en zone tropicale sub-humide au Bénin

A K I Youssao, S S Toleba*, M Dahouda*, R Adehan, G S Ahounou, A A Mama–Ali, A B Gbangboche*, J-M Larivière** et L P Leroy**

Université d’Abomey-Calavi, Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi, Département de Production Animale, 01 B.P 2009, Cotonou, Bénin
*Université d’Abomey-Calavi, Faculté des Sciences Agronomiques, Département de Production Animale, 01 B.P. 526, Cotonou, Bénin
**Université de Liège, Faculté de Médecine Vétérinaire, Département des Productions Animales, 20 Bd de Colonster, B43, 4000 Liège, Belgique
issaka.youssao@epac.uac.bj  ou   iyoussao@yahoo.fr

Résumé

Le but de cette étude est d’étudier la viabilité, les performances de croissance et les aptitudes du Poulet d’Ardenne en zone tropicale sub-humide du Bénin. L’expérimentation s’est déroulée en 2005 de janvier à avril pour la première répétition et de juillet à octobre pour la deuxième répétition. Les animaux ont été nourris avec deux rations alimentaires : une ration de démarrage (2911 Kcal/kg d’EM et 24,4% de PB) pendant quatre semaines et une ration de finition (3054 Kcal/kg d’EM et 19,7% de PB) de la cinquième à la treizième semaine.

 

A l’éclosion, le poids moyen des poussins de la première répétition (35,6 g) n’était pas différent de celui de la deuxième répétition (35,1 g). A la fin de l’expérimentation, les poulets de la première répétition avaient un poids similaire à ceux de la deuxième répétition (1516 g vs 1473 g). Aucune différence significative n’a été observée entre les consommations et les indices de consommation des animaux des deux répétitions. Le poids moyen à l’abattage des mâles a été supérieur de 15 %, par rapport à celui des femelles. En dehors du gras abdominal et du pH mesuré 24h après l’abattage, les mâles ont des carcasses et des morceaux de découpe de carcasse, un rendement de carcasse, significativement plus élevés que ceux des femelles. A l’inverse, les femelles ont un pH1, une capacité de rétention plus élevés que les mâles.

Mots clé: Carcasse, gain moyen quotidien, poids, poulet, viande



Growth performances and suitability for processing of Ardenne chicken in the sub-humid region of Benin

Abstract

The purpose of this study was to evaluate the viability, growth and carcass performances of Ardenne chicken in the sub-humid region of Benin. The experimentation was carried out in 2005, from January to April for the first repetition and July to October for the second repetition. The animal were fed with two diets: a starting diet (2911 Kcal of ME/ kg  and 24.4 % of CP) used during the four first weeks and a finishing diet (3054 Kcal of ME / kg and 19.7 % of CP) used as from the fifth to the thirteenth week.

 

At the hatching, the chicks weight of the first repetition (35,6 g) was not different from the one of the second repetition (35,1 g). At the end of this trial, the chickens of the first repetition had a similar weight to those of the second repetition (1516 g vs 1473 g). No significant difference was observed between the animal consumption and the feed efficiency of the two repetitions. The slaughter weight of the males was 15% superior to the one of the females. Beside the abdominal fat and the pH 24h measurement, the males had the carcass weight, the carcass trait, the dressing percentage, significantly higher than those of female. At the other hand, the females had a pH1 and water-holding capacity significantly higher than the males. 

Key word: Average daily gain, carcass, chicken, meat, weight


Introduction

Dans les pays occidentaux, la mondialisation   a induit des exigences aussi bien au niveau de la distribution que de la production des denrées alimentaires. Ainsi, dans le secteur de la volaille, l’élevage intensif, la réduction du temps d’engraissement et la standardisation des processus d’élevage ont  orienté le mode de fonctionnement des exploitations, avec pour conséquence   la disparition progressive de l’agriculture familiale,  l’uniformisation sur le plan génétique des animaux et l’apparition des poulets appelés : poulets standards ou poulets industriels.

 

En réaction à  certains reproches adressés au poulet standard, la France a développé, à partir de 1965, une production de poulets  rassemblés sous le vocable : Label Rouge et obtenus  à partir des  races locales élevées suivant un cahier de charge (Sauveur 1997). En Belgique, en 2002, la Région Wallonne en coopération avec les Universités de Liège (Faculté de Médecine Vétérinaire) et de Gembloux (Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques), ont créé le Poulet d’Ardenne (Leroy et al 2003a ; Leroy et al 2003b ; Larivière et Leroy 2003). Le Coqard est une marque commerciale du Poulet d’Ardenne, qui se veut être également un produit de qualité différenciée reconnu par les autorités de la Région Wallonne (Leroy et al 2003a ; Leroy et al 2003b ; Larivière et Leroy 2003).  Durant l’été 2003,  caractérisé par des températures anormalement élevées (plus de 37°C dans certains poulaillers), aucune perte de Poulets d’Ardenne n’a été signalée alors que de nombreux poulets de type standard ne pouvaient résister à la chaleur (Leroy et al 2003b). C’est en partie pour  cette raison que le Poulet d’Ardenne pourrait être un candidat dans le cadre du  développement de l’aviculture en région chaude. Afin d’étudier le bien fondé de l’hypothèse, un échantillon d’œufs de CoqArd a été importé à l’Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi (EPAC) pour étudier la capacité d’adaptation de ce nouveau type biologique au Bénin.

 

Le but de ce travail est d’étudier, la viabilité, les performances de croissance,  les caractéristiques de la carcasse ainsi que les qualités technologiques de la viande du CoqArd en zone tropicale sub-humide.

 

Matériel et méthodes 

Site expérimental

 

L’expérimentation s’est déroulée en 2005 de janvier à avril pour la première répétition et de juillet à octobre pour la deuxième répétition, à la Ferme expérimentale du Département de Production et Santé Animales de l’Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi (EPAC), située dans la commune d’Abomey-Calavi où le climat est de type sub-équatorial et caractérisé par deux saisons  sèches et deux saisons de pluies. La grande saison de pluies débute au mois de mars et prend  fin en juillet. Ensuite, vient la petite saison sèche qui dure du mois d’août jusqu'à la mi-septembre. Elle est suivie de la petite saison pluvieuse de mi-septembre au début décembre. Enfin, la grande saison sèche s’étale du début décembre jusqu’au mois de mars. La pluviométrie moyenne annuelle est d’environ 1200 mm. Les températures  moyennes mensuelles varient entre 27° et 31° C. L’humidité relative de l’air varie selon les mois entre 65%, de janvier à mars et   97%, de juin à juillet (CeRPA 2005).

 

Habitat

 

Un bâtiment de 50 m² a servi de local pour les essais. Il a été divisé en compartiments de 8 m² environ à l’aide de claies d’une hauteur de 2 m, dans lesquels les animaux ont été élevés. La litière, d’une  épaisseur de 15 cm, est constituée de copeaux de bois. Un pédiluve a été installé à l’entrée du bâtiment pour la désinfection des pieds à chaque entrée dans le local.

 

Animaux

 

Des œufs d’incubation de CoqArd provenant de Nandrin (Belgique) ont été incubés en deux périodes : décembre 2004 pour la première répétition et juin 2005 pour la deuxième répétition à l’aide d’un  incubateur électrique à retournement manuel (COVATUTTO 120®), au Laboratoire du Département de Production et Santé Animales de l’EPAC, pendant 21 jours. Les  taux d’éclosion obtenus ont été de 56,7 % et 62%, respectivement pour la première et la deuxième répétition. A l’éclosion, 68 poussins ont été obtenus dont 36 mâles et 32 femelles pour la première répétition et 80 poussins dont 34 mâles et 46 femelles pour la deuxième. Les poussins ont été transportés à la ferme d’expérimentation dans des cartons portant des ouvertures d’aération pour être ensuite élevés pendant 13 semaines. Chaque animal a été identifié à l’aide d’une bague métallique placée au niveau de la patte  du poussin puis remplacée par une autre au niveau de l’aile à l’âge adulte.

 

Alimentation et suivi sanitaire

 

Deux rations différentes ont été distribuées ad libitum aux animaux lors de l’expérimentation : une ration de démarrage pendant le premier mois et une ration de croissance pour la suite de la croissance. La composition de chaque aliment est consignée dans les tableaux 1 et 2.


Tableau 1.  Composition centésimale des aliments de démarrage et de  finition

Matières premières

Démarrage, %

Croissance, %

Maïs

49,25

54

Huile rouge

2

5

Prémix

0,25

0,1

Sel

0,2

0,2

Tourteaux d’arachide

16

10

Son de blé

5

8

Farine de poisson

10

6

Tourteaux de coton

-

5

Tourteaux de soja

16

10

Coquille d’huître

1

1,5

Lysine

0,2

0,1

Méthionine

0,1

0,1

Total

100

100



Tableau 2.  Valeurs bromatologiques des aliments de démarrage et de finition

Valeurs Bromatologiques

Démarrage

Finition

Protéine Brute, %

24,37

19,69

Cellulose Brute, %

3,3

3,24

Energie Métabolisable, Kcal/kg

2911

3054

Lysine, %

1,4

1,02

Méthionine, %

0,53

0,44

Méthionine+Cystine, %

0,75

0,61

Thréonine, %

0,84

0,65

Tryptophane, %

0,28

0,18

Calcium, %

0,87

0,87

Phosphore Digestible, %

0,37

0,28


Un programme de prophylaxie sanitaire et médical a été mis en place pour le suivi sanitaire. Un pédiluve contenant une solution désinfectante de  crésyl à 5% a été placé à l’entrée du local.

 

Collecte des données

 

Les quantités d’aliment consommées ont été mesurées quotidiennement. Ces quantités ont été déterminées par la différence entre les quantités servies et les refus. Ces mesures ont permis d’estimer le niveau d’ingestion des aliments et la détermination des indices de consommation. La pesée a été hebdomadaire et individuelle. Elle a toujours été réalisée le matin,  avant de servir les aliments. Les mortalités ont été également enregistrées pour chaque répétition.

 

Un échantillon de 24 poulets (12 mâles  et 12 femelles) a été abattu pour chacune des répétitions pour l’étude des caractéristiques de la carcasse. Les poids vifs des  poulets ont été enregistrés avant l’abattage. Les animaux ont été saignés par section de la veine jugulaire puis  échaudés dans l’eau bouillante et  plumés manuellement.

 

Les pattes ont été sectionnées à l’articulation tibiotarse-métatarsienne et la tête a été séparée au niveau de la jonction crâne-atlas. Les organes des cavités  abdominale et thoracique  ainsi que la  graisse abdominale ont été ensuite enlevés. Les poids de la carcasse à chaud ainsi que  ceux des issues et des abats (tête, pattes, cœur, foie, gésier et pro-ventricule) ont été mesurés. Les carcasses des animaux abattus ont été conservées au réfrigérateur à une température de 4°C. Une découpe de chaque carcasse a permis de déterminer les poids du filet, de l’ensemble « cuisse pilon », des ailes ainsi que  du  reste de la carcasse.

 

Analyse statistique

 

Les poids hebdomadaires et les caractéristiques de la carcasse ont été enregistrés et les gains moyens quotidiens (GMQ) ont été calculés par période de 4 semaines : de l’éclosion à 4 semaines d’engraissement, de la 5e à la 8e semaine d’engraissement  et de la 8e à la 12e semaine d’engraissement. Les données ont été analysées avec le logiciel SAS (Statistical Analysis System 1989). Un modèle linéaire a été ajusté aux données et comprend les effets fixes du lot (répétition) et du sexe. La significativité des effets du modèle a été déterminée par le test de F à partir de la procédure des modèles linéaires généralisés. L’interaction entre sexe et répétition n’a pas été significative et par conséquent, a été retirée du modèle. Les moyennes ont été comparées deux à deux par le test de t.

 

Les paramètres de la courbe de croissance ont été estimés à partir de la régression non linéaire en utilisant la méthode marquardt par l’équation de Gomperzt. La formule utilisée est la suivante :

Pt = P0 e L(1-exp(-Kt)) / K

Ou Pt est le poids corporel à l’âge t, P0 le poids estimé à l’éclosion, L est le taux spécifique de croissance initial (i.e., (1/Pt)×(dPt/dt) quand t→0), et K le taux de maturation. TI est l’âge à l’inflexion correspondant à la période où la croissance est maximale et est calculé par la formule suivante.


Résultats

Performances zootechniques

A l’éclosion, le poids des poussins était de 35,62 g pour la première répétition et 35,11 g pour la deuxième répétition. Aucune différence significative n’a été observée entre les poids des deux répétitions  à l’éclosion et à l’âge d’une semaine (P>0,05).  Entre la deuxième et la cinquième semaine, les poussins de la première répétition ont été plus lourds que ceux de la deuxième répétition (P>0,001). De la cinquième semaine à la fin de l’expérimentation (13e  semaine), les poids des animaux des deux répétitions ont été similaires. A la fin de l’expérimentation, les poulets de la première répétition pesaient 1516 g et ceux de la deuxième répétition, 1473 g. La figure 1 présente l’évolution du poids hebdomadaire des poulets des deux répétitions, de l’éclosion à la fin de l’expérimentation.



Figure 1.  Evolution du poids hebdomadaire des Poulets d’Ardenne des deux répétitions


A l’éclosion, le poids des mâles (33 g) et celui des femelles (35 g) étaient similaires (P>0,05).  De la première à la treizième semaine, les mâles ont un poids hebdomadaire significativement plus élevé que celui des femelles (P<0,001). A la fin de l’expérimentation, l’écart de poids entre les mâles et les femelles a été de 620g, en faveur des mâles.  La figure 2 présente l’évolution du poids hebdomadaire des  poulets, de l’éclosion à la fin de l’expérimentation.



Figure 2.  Evolution du poids hebdomadaire des  poulets par sexe


Le tableau 3 présente les gains moyens quotidiens et les paramètres de la courbe de croissance des Poulets d’Ardenne au Sud du Bénin, par périodes, par répétition et par sexe. Pendant les quatre premières semaines, les poussins de la répétition 2 ont eu une meilleure croissance par rapport à celle des poussins de la répétition 1 (P<0,001).


Tableau 3.  Croissance des Poulets d’Ardenne au Sud du Bénin, par périodes, par répétition et par sexe

Variables

Répétition

Sexe

ANOVA

répétition

ANOVA

Sexe

DSR

1

2

Femelle

Mâle

GMQ0-4, g/j

14,7

17,5

6,64

9,90

***

***

2,67

0,41

GMQ4-8, g/j

20,1

19,5

12,6

19,5

**

***

3,64

0,55

GMQ8-12, g/j

12,6

19,5

14,7

24,8

NS

***

4,62

0,56

K, j-1

0,02

0,02

0,02

0,02

NS

NS

0,01

0,04

L, j-1

0,08

0,08

0,08

0,09

NS

***

0,01

0,17

TI, j

85,5

83,4

94,5

74,4

NS

NS

46,2

0,04

GMQi-j : gain moyen quotidien de la ième à la jème semaines ; ANOVA : analyse de la variance ; DSR : déviation standard résiduelle ; R² : coefficient de détermination ; ** : P<0,01 ; *** : P<0,001 ; NS : non significatif ; L : taux spécifique de croissance initial ; K : le taux de maturation et TI : l’âge à l’inflexion.


Cette différence a été inversée entre la 4e et la 8e semaines. De la 8e à la 12e semaines, les gains moyens quotidiens des animaux des deux répétitions ont été identiques. Concernant les paramètres de la courbe de croissance, aucune différence n’a été observée entre les K, L et TI des animaux des deux répétitions. Toutefois, les mâles ont un taux spécifique de croissance initial (0,089) significativement plus élevé (P<0,001) que les femelles (0,078).

 

La quantité d’aliment consommé par jour a été de 37,19g, 49,36g et 61,49 g, respectivement pour le premier, le second et le troisième mois, avec des indices de consommation respectifs de 2,53, 2,46 et 4,88 pour les animaux de la première répétition. Pour la seconde répétition, les quantités d’aliment consommé ont été de 42,12, 47,8 et 69,41 g par jour pour le premier, le second et le troisième mois, avec également des indices de consommation respectifs de 2,41, 2,45 et 3,56. Les consommations moyennes ont été de 49,35 et 53,11 g par jour et les indices de consommation moyens ont été de 3,29 et 2,81, respectivement pour la première et la deuxième répétition.  Aucune différence significative n’a été observée entre les consommations et les indices de consommation des animaux des deux répétitions (P>0,05). Le taux de mortalité global de la première répétition (5,88 %) a été moins important (P<0,05) que celui de la deuxième répétition (11,25 %). 

 

Composition de la carcasse et qualité de la viande

 

Les moyennes et les erreurs standard des caractéristiques de la carcasse ainsi que de  celles de la viande du Poulet d’Ardenne sont comparées par sexe au tableau 4.


Tableau 4.  Caractéristiques de la carcasse et de la viande du Poulet d’Ardenne par sexe

Variables

Femelles

Mâles

Test de significativité

Moyenne ± ES

Moyenne ± ES

Poids vif, g

1450 ±

399

2033 ±

384

**

Poids à l’abattage, g

1180 ±

316

1773 ±

349

***

Poids de carcasse chaude, g

910 ±

232

1386 ±

291

***

Poids de la carcasse à 24h, g

812 ±

225

1373 ±

83,2

***

Rendement de carcasse, g

63,3 ±

2,98

67,9 ±

2,03

***

Poids de la tête, g

36,0 ±

1,48

59,8 ±

10,91

***

Poids des pattes, g

41,3 ±

0,98

70,3 ±

8,19

***

Poids gésier, g

30,7 ±

8,41

39,8 ±

12,26

*

Poids du cœur, g

5,33 ±

1,97

7,67 ±

1,97

**

Poids du proventricule, g

6,00 ±

1,48

8,33 ±

1,37

***

Poids du gras abdominal, g

100±

118

76,7 ±

76,43

NS

Poids du foie, g

26,5 ±

4,49

35,8 ±

5,88

***

Poids du bréchet, g

203 ±

62,0

313 ±

50,39

***

Poids de la cuisse et pilon, g

236±

62,8

442±

98,79

***

Poids des ailes, g

103±

15,2

182 ±

33,15

***

pH1

6,48 ±

0,05

6,39 ±

0,07

**

pH24

5,82 ±

0,07

5,79 ±

0,08

NS

Perte de jus à l’égouttage, %

3,62 ±

1,69

2,44 ±

0,36

*

Perte de jus à la cuisson, %

13,4 ±

2,17

11,6 ±

1,89

*

Capacité de rétention d’eau, %

17,0 ±

0,51

14,1 ±

2,19

***

** : P<0,01 ; *** : P<0,001 ; NS : non significatif 


Le poids moyen à l’abattage des mâles a été supérieur de 583 g, soit 15 %, par rapport à celui des femelles. En dehors du gras abdominal et du pH mesuré 24h après l’abattage, les mâles ont des carcasses et des morceaux de découpe de carcasse, un rendement de carcasse, significativement plus élevés que ceux des femelles. A l’inverse, les femelles ont un pH1, une perte de jus à l’égouttage et à la cuisson significativement  plus élevés que les mâles. Compte tenu de la différence entre les caractéristiques de la carcasse et celles de la viande des mâles et des femelles, des corrélations entre ces caractéristiques ont été présentées par sexe.  

 

Chez les femelles, le poids vif à l’abattage est moyennement corrélé  au poids chaud de la carcasse et aux morceaux de découpe (P<0,01). De même, les morceaux de découpe sont très fortement liés aux poids chaud de la carcasse (P<0,001). Le rendement de carcasse est négativement associé au poids vif à l’abattage, au pH 24 et à la capacité de rétention d’eau (P<0,05). Contrairement aux pertes de jus à l’égouttage, le pH1, le pH24, la perte de jus à la cuisson et la capacité de rétention en eau , sont négativement associés au poids de la carcasse chaude et aux morceaux de découpe (P<0,01). Le tableau 5 présente les corrélations entre les caractéristiques de la carcasse et celles de la viande des femelles.


Tableau 5.  Corrélations entre les caractéristiques de la carcasse et celles de la viande des femelles.

Variables

P_Carc24

Cuis_Pil

Ailes

Blanc

Gras_abd

Rendement

pH1

pH24

Egouttage

Cuisson

CRE

Poids vif

0,73 **

0,72 **

0,77 **

0,75 **

0,5 *

-0,66 *

-0,43

-0,17

0,54 *

-0,46

-0,18

P_Carc24

 

0,99 ***

0,99 ***

0,99 ***

0,96 ***

0,03

-0,93 ***

-0,80 **

0,97 ***

-0,94 ***

-0,80 **

Cuis_Pil

 

 

0,99 ***

0,99 ***

0,96 ***

0,04

-0,93 ***

-0,80 **

0,97 ***

-0,95 ***

-0,81 **

Ailes

 

 

 

0,99 ***

0,94 ***

-0,03

-0,90 ***

-0,76 **

0,95 ***

-0,92 ***

-0,76 **

Blanc

 

 

 

 

0,95 ***

-0,01

-0,92  ***

-0,77 **

0,96 ***

-0,93 ***

-0,78 **

Gras_abd

 

 

 

 

 

0,32

-0,99 ***

-0,94 ***

0,99 ***

-0,99 ***

-0,94 ***

Rendement

 

 

 

 

 

 

-0,39

-0,63 *

0,27

-0,36

-0,62 *

pH1

 

 

 

 

 

 

 

0,96 ***

-0,99 ***

0,99 ***

0,97 ***

pH24

 

 

 

 

 

 

 

 

-0,92 ***

0,95 ***

0,99 ***

Egouttage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

-0,99 ***

-0,92 ***

Cuisson

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

0,95 ***

* : P<0,05 ; ** : P<0,01 ; *** : P<0,001 ; P_Carc24 : Poids de la carcasse après 24heures ;  Cuis_Pil : poids de la cuisse et du pilon ; Gras_abd : poids du gras abdominal ; pH1 : pH 1 heure après abattage ; pH24 : pH 24 heures après abattage ; Egouttage : perte d’eau à l’égouttage ; Cuisson : perte d’eau à la cuisson ; CRE : Capacité de rétention d’eau.


Chez les mâles, le poids vif est fortement lié aux poids de la carcasse et aux poids des morceaux de découpe. Ces relations sont relativement plus élevées que celles des femelles. Tout comme chez les femelles, les morceaux de découpe sont très fortement liés aux poids chaud de la carcasse (P<0,001) chez les mâles. Contrairement aux femelles, les mâles ont un rendement de carcasse fortement et positivement corrélés avec le poids de carcasse et les morceaux de découpe (P<0,01) et négativement corrélé avec le pH24 (P<0,001). Chez les mâles, les corrélations entre le pH1, le pH24 et le poids de la carcasse, présentent les mêmes tendances, tandis que, les pertes de jus à l’égouttage et à la cuisson, la capacité de rétention d’eau, sont positivement corrélés au poids vif  et aux morceaux de découpe de la carcasse. Néanmoins, la perte de jus à l’égouttage est moins liée aux poids des morceaux de découpe chez les mâles, par rapport aux femelles.

 

Le tableau 6 présente les corrélations entre les caractéristiques de la carcasse et celles de la viande des mâles CoqArd.


Tableau 6.  Corrélations entre les caractéristiques de la carcasse et celles de la viande des mâles

Variables

P_Carc24

Cuis_Pil

Ailes

Blanc

Gras abd

Rendement

pH1

pH24

Egouttage

Cuisson

CRE

Poids vif

0,99 ***

0,99 ***

0,99 ***

0,97 ***

0,89 ***

0,80 **

-0,84 ***

-0,94 ***

0,56 *

0,93 ***

0,90 ***

P_Carc24

 

0,99 ***

0,99 ***

0,98 ***

0,85 ***

0,84 ***

-0,88 ***

-0,96 ***

0,50 *

0,90 ***

0,86 ***

Cuis_Pil

 

 

0,99 ***

0,97 ***

0,88 ***

0,80 **

-0,85 ***

-0,94 ***

0,55 *

0,93 ***

0,89 ***

Ailes

 

 

 

0,98 ***

0,84 ***

0,84 ***

-0,88 ***

-0,96 ***

0,49

0,90 ***

0,85 ***

Blanc

 

 

 

 

0,74 **

0,92 ***

-0,95 ***

-0,99 ***

0,33

0,81 **

0,75 **

Gras_abd

 

 

 

 

 

0,43

-0,49

-0,67 *

0,88 ***

0,99 ***

0,99 ***

Rendement

 

 

 

 

 

 

-0,98***

-0,96 ***

-0,06

0,52 *

0,44

pH1

 

 

 

 

 

 

 

0,97 ***

-0,01

-0,59 *

-0,51 *

pH24

 

 

 

 

 

 

 

 

-0,24

-0,75 **

-0,68 *

Egouttage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

0,82 **

0,87 ***

Cuisson

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

0,99 ***

* : P<0,05 ; ** : P<0,01 ; *** : P<0,001 ; P_Carc24 : Poids de la carcasse après 24heures ;  Cuis_Pil : poids de la cuisse et du pilon ; Gras_abd : poids du gras abdominal ; pH1 : pH 1 heure après abattage ; pH24 : pH 24 heures après abattage ; Egouttage : perte d’eau à l’égouttage ; Cuisson : perte d’eau à la cuisson ; CRE : Capacité de rétention d’eau.


Discussion

Performances de croissance

 

Entre la deuxième et la cinquième semaine, les poussins de la première répétition ont été plus lourds que ceux de la deuxième répétition. Cette différence  est liée à des difficultés respiratoires observées sur les animaux deux jours après la vaccination contre la bronchite infectieuse réalisée à l’âge de 8 jours. L’utilisation des antibiotiques a permis de limiter des cas de mortalités et de permettre aux poussins de reprendre leur croissance. Ces poussins ont donc progressivement récupéré au point où en fin d’engraissement, la différence de poids entre les animaux des deux répétitions n’est plus significative. Le taux de mortalité global de la première répétition a été moins important que celui de la deuxième répétition et cette différence est liée aux difficultés respiratoires obtenues pendant la phase du démarrage. Les taux de mortalité obtenus sont toutefois conforment avec les résultats dans la littérature. De la première à la treizième semaine, les mâles ont un poids hebdomadaire significativement plus élevé que celui des femelles. Ce dimorphisme sexuel est classique chez la plupart des volailles domestiques.

 

En comparant   le  poids des CoqArd à ceux d’autres souches exotiques élevées dans les mêmes conditions à la Ferme de l’EPAC, il ressort qu’à l’éclosion, les Poulets d’Ardenne et les Hubbard (poulet de chair à croissance rapide) ont des poids similaires mais ces valeurs sont plus élevées par rapport à celles observées chez les Harco (souche de ponte) (Ahounou 2005). Cependant, à 9 semaines, le poids des Hubbard (1981 g) est deux fois plus important que celui des CoqArd  et des Harco (Ahounou 2005). Selon Djikinhindo et Toviehou (2006), de l’éclosion à l’âge de 98 jours, les poids hebdomadaires des CoqArd ont été similaires à ceux des Harco (P>0,05).  En effet, selon Ahounou (2005), l’évolution pondérale des CoqArd par sexe a montré que le poids des femelles CoqArd  étaient proches de celui des femelles Harco alors que les mâles CoqArd ont eu une croissance pondérale significativement plus élevée que celles des femelles CoqArd et des Harco. Les performances de croissance obtenues chez le CoqArd dans la présente étude sont donc similaires à celles du coquelet Harco utilisé au Bénin comme étant souche commerciale de poulet de chair à croissance moyenne. Ainsi, le CoqArd pourra donc être expérimenté auprès des éleveurs.

 

Selon N’Dri (2002), le poids moyen des CoqArd élevés dans leur berceau en Belgique est de 2 kg en 84 jours d’élevage contre 1260 à 1280 g au Bénin. Il ressort de cette comparaison que les différences entre les CoqArd élevées en Belgique (Nandrin)  et ceux élevés au Bénin  (Calavi) pourraient être liées au milieu d’études (climat tropical chaud et humide) qui pourrait engendrer des pertes d’énergie dues à la chaleur et à la température ambiante. En effet, selon Tesseraud et Termin (1999), l’exposition chronique à la chaleur réduit significativement le métabolisme basale et accroît l’extra chaleur rapportée à l’énergie ingérée  chez le poulet de chair, avec pour conséquence une baisse de productivité.

 

Composition de la carcasse et qualité de la viande

 

En dehors du gras abdominal et du pH mesuré 24h après l’abattage, les mâles ont des carcasses et des morceaux de découpe de carcasse, un rendement de carcasse, significativement plus élevés que ceux des femelles. Selon Sauveur (1997) le poids vif à l’abattage, le pourcentage de gras abdominal et le rendement de la carcasse à chaud sont respectivement de 3,47 kg, 3,45% et 66,1% chez les poulets standard. Chez les poulets de chair, le poids vif à 7 semaines est de 2,45 kg chez les mâles et de 1,99 kg chez les femelles (Ricard et al 1994). Il ressort de notre étude que les CoqArd présentent un poids à l’abattage plus faible que celui des poulets standard mais avec un rendement similaire à celui des mâles CoqArd. Cette différence pondérale s’observe également pour les morceaux de la découpe. Chez la race locale, le poids vif, le poids et le rendement de carcasse sont respectivement de 1190 g, 739 g et 62,2 % (Akuango 2005). Par rapport à la population de volaille locale, le CoqArd a une meilleure performance d’abattage.

 

Le poids à l’abattage et le poids de la carcasse sont positivement corrélés avec le blanc, l’ensemble cuisse et pilon et aile. Des corrélations similaires ont été obtenues par Akuango (2005), qui a observé que le poids à l’abattage est fortement et positivement corrélé avec le poids de la carcasse (r = 0,91). De même, des corrélations modérées et positives ont été obtenues entre le poids du bréchet et le poids de la carcasse (r = 0,42). Par rapport à notre étude, des corrélations similaires ont été obtenues entre le poids vif  et le poids des muscles pectoraux (r = 0,82) chez les poulets de chair (Ricard et al 1994). Tout comme dans la présente étude, une forte relation a été obtenue entre le poids vif et respectivement le poids du blanc, le poids des cuisses et pilons (r>0,76) chez les coquelets « Bresse-Pile » (Ricard et al 1967).

 

Les pH des muscles se stabilisent à une valeur appelée pH ultime, généralement comprises entre 5,7 et 5,9 chez la volaille (Santé et al 2001). Or les résultats de notre étude présentent des valeurs qui sont hors de cette marge. Le pH mesuré 1 heure après l’abattage a été respectivement de 5,8. Vingt quatre heures plus tard, le pH a évolué à 6,4. Le pH ultime dépend de la concentration en glycogène dans les muscles au moment de l’abattage et la vitesse de diminution du pH est directement liée à l’activité ATPasique du muscle. Lorsque les réserves en sucre sont épuisées au moment de l’abattage (transport trop long, etc.), le pH de la viande diminue à peine et 24h après l’abattage, le niveau d’acidité reste élevé (pH supérieur à 6,2) (FPW 2001). Dans le cadre des CoqArd, le pH ultime élevé pourrait être due à l’épuisement des animaux lors de leur capture avant l’abattage. Dans ce cas, la viande perd son aptitude à la conservation et devient plus sensible à la putréfaction.

 

Les pH1 et pH24 sont associés négativement  aux caractéristiques de la carcasse. Selon Youssao et al (2005), la capacité de rétention d’eau est associée négativement  aux caractéristiques de la carcasse et il en est de même pour les valeurs de pH1 et pH24 vis-à-vis des caractéristiques de la carcasse chez le porc. Les mêmes observations ont été faites dans cette étude.

 

Conclusions

 

Remerciements

Nous remercions M. Pascal Erpicum, administrateur délégué de CoqArd SA pour la mise à disposition des œufs.

 

Références bibliographiques

Ahounou G S 2005 Performances de croissance et aptitudes bouchères du poulet d’Ardenne (CoqArd) en zone tropicale sub-humide au Bénin. Mémoire de fin d’études pour le DIT, Université d’Abomey-Calavi, Bénin 62p.

 

Akuango F P 2005 Indices d’abattage et qualité de carcasse des populations locales de volaille du genre Gallus gallus, de phénotypes Fauve herminé, Noir-négre et Doré au Congo. Annale de l’Université du Congo Brazzaville 4 : 25-31

 

CeRPA 2004 Centre d’Action Régionale pour le Développement Rural, Départements de l’Atlantique et du Littoral du Bénin, Direction de la programmation, du suivi et de l’évaluation 59p.

 

Djikinhedo A E et Toviehou  A B 2006 Comparaison des aptitudes bouchères des CoqArd à celles des coquelets Harco Mémoire de fin d’études au Lycée Agricole Médji de Sékou 82p

 

FPW 2001 La qualité de la viande de porc. Filière porcine Wallonne, Gembloux. N° Dépôt Légal. 2001, D/20018887/1.

 

Larivière J-M and Leroy L 2003 Genetics of growth in a slow growing broiler obtained from different crosses between the Ardennaise male and a « Label Rouge » breeder female. 3rd European Poultry Genetics Symposium. Wageningen, September 2003: 17-19

 

Leroy P L, Lebailly P, Beduin J-M, Berti F et Verleyen V  2003 Bleue des prés, Porc Fleuri, Poulet d’Ardenne, trois productions de qualité différenciée en Région Wallonne. 8ème Carrefour des productions animales de Gembloux – 22-01-03 : 55-58

 

Leroy P, Larivière J-M, Verleyen V, Thewis A, Lebailly P h et Erpicum P  2003b Le développement de la filière « Poulet d’Ardenne » en Région Wallonne. Troupeaux et Cultures des Tropiques 2: 88-89 http://agriculture.wallonie.be/apps/spip_wolwin/ecrire/Dossiers/Troupeaux/Broch2/AviCultChairWall.pdf

 

N’dri A L 2002 Performances de croissance du Poulet d’Ardenne. Mémoire de DEA en santé et en production animale, Université de Liège, Faculté de Médecine Vétérinaire, 32 p.

  

Ricard F H, Marche G et Bihan-Duval E 1994 Essai d’amélioration par sélection de la qualité de la carcasse du poulet chair. INRA. Productions Animales 7 (4) : 253-261 http://granit.jouy.inra.fr/productions-animales/1994/Prod_Anim_1994_7_4_03.pdf

 

Ricard F H, Rouvier R, Marche G et Lafont F 1967 Etude de la composition anatomique du poulet : 1. Variabilité de la répartition des différents parties corporelles chez des coquelets « Bresse-Pile ». Annales de Zootechnie 16: 23-39 http://animres.edpsciences.org/index.php?option=article&access=standard&Itemid=129&url=/articles/animres/pdf/1967/01/Ann.Zootech._0003-424X_1967_16_1_ART0004.pdf

 

Sante V, Fernandez X, Monin G et Renou J-P 2001 Nouvelles méthodes de mesure de la qualité des viandes de volaille. INRA Productions Animales 14 (4): 247- 254 http://granit.jouy.inra.fr/productions-animales/2001/Prod_Anim_2001_14_4_03.pdf

 

Statistical Analysis Sytrem 1989 SAS/STAT. User’s guide (version 6, 4th Edition). SAS., Inst.Inc., Cary, NC, USA.

 

Sauveur B 1997 Les critères et facteurs de la qualité des poulets Label Rouge. INRA Productions Animales 10 (3): 219-226 http://granit.jouy.inra.fr/productions-animales/1997/Prod_Anim_1997_10_3_03.pdf

 

Tesseraud S et Temim S 1999 Modifications métaboliques chez le poulet de chair en climat chaud : conséquences nutritionnelles. INRA Productions Animales 12: 353-363 http://granit.jouy.inra.fr/productions-animales/1999/Prod_Anim_1999_12_5_02.pdf

 

Youssao A K I, Koutinhouin G B, Edenakpo A, Mourot J et Adjapka A 2005 Amélioration génétique des performances pondérales, des caractéristiques de  carcasse et de la qualité de la viande du porc locale du BENIN. Journées de recherches scientifiques de l’INRAB, Abomey-Calavi du 14 au 17 décembre 2004 : 22-30



Received 11 May 2008; Accepted 24 August 2008; Published 18 April 2009

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