Livestock Research for Rural Development 2 (3) 1990

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Importance de la combinaison des parametres poids vif et longueur de coquille pour l'appreciation de la croissance chez les escargots geants africains

Corinne Stievenart

Service de Production Animale Tropicale (SPAT) Institut de Médecine Tropicale d'Anvers (IMTA) 155,Nationalestraat, B-2000 Anvers, Belgique


Resume

La poiëkilothermie et la capacité des gastéropodes de ralentir leur métabolisme lors d'estivation rendent caduque la référence classique à l'âge pour l'appréciation de la croissance de l'escargot géant africain. Une nouvelle conception du suivi de cette croissance à l'aide de la combinaison poids vif/longueur de coquille est développée. Elle permet en affinant la perception des processus physiologiques en cours, de mettre en évidence très tôt des phénomènes difficilement perceptibles visuellement au début de leur induction, d'alerter l'éleveur sur d'éventuelles anomalies de croissance et d'anticiper la mise en oeuvre des remèdes adéquats. Elle peut aussi être mise à profit pour l'expérimentation et semble rendre possible la comparaison de résultats expérimentaux élaborés dans des contextes géographiques, chronologiques et climatiques différents. Cette méthode qui suppose un enregistrement fréquent et régulier des paramètres zootechniques de chaque individu, n'est fiable que pour des groupes d'escargots qui accroissent leur spirale coquillière selon le même schéma d'occupation de l'espace. L'homogénéité d'enroulement de la spirale coquillière est donc la condition sine qua non de ce type de suivi qui est potentiellement utilisable pour apprécier la croissance de troupeaux d'escargots géants africains sous réserve de disposer d'informations tirées d'un nombre suffisant d'individus représentatifs de l'ensemble du troupeau élevé.

Mots-cle: Escargots Geants Africains, Croissance, Poids vif, Longueur de coquille


Summary

The poikilothermy and the capacity of the gastropod to slowdown its metabolism during the aestivation, make the classical reference to the age meaningless. A new concept of the growth follow-up of the giant African snail based on the combination between the shell length and the live weight is developed. It allows better and earlier perception of current physiological process of phenomena not easily perceptible at induction. The snail farmer could thus be quicky alerted on anomalies of the snail growth to anticipate adequate treatments. The combination shell length/live weight seems to make possible comparisons of experimental results elabored under different geographical, chronological or climatic conditions.

This method which requires frequent and regular recording of production parameters is reliable only for groups of snails growing with similar shell spiraling. Consequently, the homogeneity of the shell spiraling is the prerequisite for an adequate monitoring of the growth. Provided enough data are available from a sufficient number of representative animals, the combination shell length/ live weight is valid for the appreciation of the growth of groups of giant african snails.

Key-words: giant african snail, growth, liveweight, shell length


Introduction

Le mini-élevage est l'exploitation rationnelle et contrôlée d'animaux de petite taille tels que les vers de terreau, les grenouilles, les escargots ou des rongeurs comme le cobaye, le cricétome ou l'aulacode. Il constitue un moyen pour les pays en voie de développement de produire localement des protéines animales de qualité utilisables en alimentation humaine ou animale (Hardouin 1986).

L'héliciculture bien connue en Europe peut aussi être développée en Afrique avec les espèces indigènes comestibles représentées par les Achatinidae. Ces gastéropodes de grande taille possèdent une coquille formée par une spirale calcaire creuse qui s'enroule en vortex dextre autour d'un axe appelé columelle. Ce type d'enroulement donne aux coquilles d'Achatinidae l'aspect d'un cône plus ou moins effilé selon le degré de resserrement du vortex autour de son axe d'enroulement. Parmi les deux genres d'escargots géants africains (Archachatina et Achatina), on trouve des espèces de gabarits divers. En effet, chez Achatina fulica, l'individu qui ne mesure que 6cm de longueur de coquille et ne pèse que 60 g est déjà apte à la reproduction (Upatham 1988), alors que chez Archachatina marginata (Plummer 1975) ou Achatina achatina (Hodasi 1979), l'individu apte à la reproduction doit, semble-t-il, présenter une coquille d'une longueur supérieure et un poids vif plus élevé.

Les techniques de production d'escargots géants africains en pays en voie de développement s'inspirent de l'héliciculture italienne qui exploite des escargots terrestres de petit gabarit du genre Helix (H.aspersa, H.pomatia, H.lucorum ...) (FAO 1986).

Les Helix possèdent une coquille formée par l'enroulement d'une spirale calcaire selon une trajectoire beaucoup plus proche d'une hélice que d'un vortex, ce qui ne donne pas l'aspect conique qu'on rencontre chez les escargots géants africains.

Les escargots ne régulent pas leur température corporelle, et leur métabolisme dépend notamment de la température ambiante du milieu où ils vivent. Ne possèdant pas un tégument s'opposant efficacement à la déshydratation et pour survivre lorsque le milieu de vie devient trop sec, ils doivent adopter une stratégie conservatoire qui consiste à se murer dans la coquille derrière une pellicule plus ou moins calcaire -l'épiphragme- qu'ils ont produite. Durant ce phénomène d'estivation la croissance de l'escargot est arrêtée et l'animal, vivant au ralenti, puise sur ses réserves et s'amaigrit. Ces deux phénomènes (absence de régulation de la température corporelle et estivation) rendent caduque la notion d'âge en termes de jours, semaines, mois chez l'escargot géant africain.

Ce bref aperçu des particularités morphologiques et physiologiques de l'escargot géant africain permet de comprendre qu'il n'est pas possible pour la guidance d'exploitation d'escargots géants africains d'utiliser tels quels les paramètres zootechniques caractérisant les escargots Helicidae, ni de présenter les paramètres de poids ou de taille de ces gastéropodes géants selon la référence classique à l'âge comme on le fait en production d'animaux de rente (oiseaux ou mammifères).


Materiel et methode

Des investigations ont été menées dans l'élevage expérimental du Service de Production Animale Tropicale (SPTA) de l'Institut de Médecine Tropicale Prince Léopold d'Anvers (Belgique) sur une espèce gabonaise d'Archachatina originaire de Libreville. Cet élevage se déroule sous un climat tropical humide et un régime d'alternance de 12 heures de lumière et 12 heures d'obscurité. L'expérimentation, qui a duré 8 mois, a tenté d'évaluer en laboratoire l'impact d'un confinement trop exigu et le bénéfice offert par une complémentation à base de carbonate de calcium apportée dès le premier jour de vie.


Paramètres enregistrés

Ces paramètres ont toujours été enregistrés durant la première heure de lumière.

Température et humidité de l'air ambiant

Dans la mesure du possible, une lecture quotidienne d'un thermomètre sec a été réalisée .Le taux d'humidité de l'air a été vérifié quotidiennement à l'aide d'un psychromètre jusqu'en septembre 1989, puis à l'aide d'un hygromètre à cheveu.


Croissance des escargots

Les poids vifs et les longueurs de coquille ont été déterminés pour chaque individu. La détermination du poids vif a été réalisée après que les escargots qui avaient été douchés, aient déployé leur pied et libéré la terre éventuellement emprisonnée par la sole pédieuse. Chaque sujet d'élevage a été à cette occasion l'objet d'une observation critique (qualité de coquille, état de la lèvre et de la cuticule coquillières, degré d'activité de l'escargot, présence d'épiphragme, état d'embonpoint, ...)


Matériel

Dix escargots provenant d'oeufs de gabarit semblable issus d'une seule ponte, ont été répartis en 2 lots identiques (moyenne et variance de la longueur de coquille) de 5 individus.

Chaque lot d'escargots a été confiné dans un bac en matière plastique, dont le dessus a été clos par un filet à mailles carrées de 0,5 cm et le fond a été garni de terreau de fleuriste en quantité suffisante pour permettre à l'escargot s'y enfouissant de s'y dissimuler totalement.

L'alimentation distribuée ad libitum était composée de farinepour Helix, de salade, de carottes et de pommes, l'aliment sec étant déposé dans une boîte de Pétri compartimentée et les aliments frais sur le terreau. Les escargots ont disposé d'eau de ville déposée dans une autre boîte de Pétri compartimentée.

Le traitement des déjections des escargots a été assuré par une population de quelques vers de terreau de l'espèce Eisenia foetida qui ont été placés en début d'expérimentation dans chaque bac de confinement. On a renouvelé l'eau de boisson quotidiennement ainsi que les aliments frais.


Méthode

A: Eclosion

Les 10 escargots qui ont éclos le même jour, ont été déposés avec la coquille de l'oeuf dont ils provenaient dans un petit pot noir (hauteur: 8 cm, diamètre: 8 cm) garni de terreau. Lorsque l'ensemble des escargots a eu terminé l'ingestion des coquilles, les deux lots expérimentaux ont été formés. Un lot a bénéficié durant toute sa vie de craie en bâtonnets déposés sur le terreau, tandis que l'autre n'y a jamais eu accès.


B: Croissance

Les escargots n'ont été manipulés qu'à partir de l'âge de 28 jours et ensuite tous les 14 jours pour effectuer les mesures de poids et de longueur de coquille. La saison humide a été simulée par l'humidification quotidienne de l'air ambiant entraînant une humidité relative toujours supérieure à 85% avec remontée du taux jusqu'à 99% durant au moins 12 heures sur 24. Les escargots ont vécu 136 jours de vie active en saison humide expérimentale.

La saison sèche artificielle a débuté dès le 137 ème jour de vie active des escargots. L'induction du phénomène d'estivation a été assurée par le remplacement du terreau d'élevage par un autre de même qualité mais sec, et par l'arrêt de l'humidification quotidienne de l'air ambiant. Le taux d'humidité relative est descendu progressivement pour osciller entre 70 et 80%. Au cours de la saison sèche, aucun enregistrement de paramètres zootechniques n'a été réalisé sur les escargots.

Dès la fin de la saison sèche, chaque lot a été transféré dans une enceinte d'élevage plus spacieuse (surface de terreau explorable deux fois plus élévée, volume de l'enceinte quatre fois supérieur à celui du bac de confinement précédent). L'enregistrement des paramètres zootechniques a repris dès le premier jour de la nouvelle saison humide selon la même fréquence que celle adoptée durant la saison humide précédente. En plus des douches imposées par des enregistrements des paramètres zootechniques, on a procédé quotidiennement et durant la première heure de lumière à l'aspersion légère du fond du bac d'élevage recouvert de terreau où s'enfouissent partiellement les escargots.

Durant la seconde saison humide, un stress thermique involontaire a été imposé aux escargots. Il a consisté en l'arrêt brutal du chauffage du local, ce qui a eu pour conséquence une chute de 10°C de la température ambiante qui avait oscillé depuis la naissance des escargots autour de 24 à 25°C. Cette températue anormalement basse a persisté pendant 72 heures au cours desquelles aucune humidification ni du bac de confinement, ni de l'air n'a été opérée. Dès la fin du stress thermique, les escargots ont été douchés, pesés et mesurés.

La saison humide a ensuite repris son cours habituel, mais un mois après le stress thermique, le régime d'humidification de l'air du local d'élevage a été modifié: les nuits ont été plus sèches (75% d'humidité relative à la première heure du jour), les journées restant cependant très humides.


Resultats

Les longueurs de coquille et les poids vifs moyens successifs des 2 lots sont consignés dans le tableau 1.

L'observation des premières semaines de vie des deux lots permet de constater que bien que le lot n'ayant pas accès à de la craie ait atteint plus rapidement la taille moyenne d'environ 42 mm de longueur de coquille, le lot ayant eu accès à de la craie atteindra plus rapidement la taille moyenne de 47 mm de longueur de coquille. A partir d'une longueur de coquille moyenne de 47,2 mm pour le lot n'ayant pas accès à la craie et de 58,9 mm pour l'autre lot, des fractures de la lèvre coquillière apparaissent chez tous les individus. Elles coïncident avec un manque d'espace dans les petites enceintes d'élevage. Au sein de chaque lot, c'est l'escargot le plus grand qui présente le nombre de traits de fracture le plus faible. Ces fractures se répéteront jusqu'au transfert dans les enceintes d'élevage plus spacieuses qui a eu lieu dès la fin de la saison sèche au cours de laquelle les escargots ont estivé (productions d'épiphragme constatées). Dès la reprise de la saison humide, les escargots ont recommencé à produire du matériau coquillier. Les individus ayant eu accès à de la craie ont accru leur spirale coquillière sans que survienne aucune fracture, tandis que ceux n'ayant pas eu accès à de la craie ont continué à subir des fractures de la lèvre coquillière. Les tentatives de réparation de ces fractures ont eu pour conséquence un alourdissement de la coquille, mais dans le lot n'ayant pas eu d'accès à la craie, cette production coquillière n'a pas donné lieu à un allongement notable de la spirale coquillière. Aucune érosion de la cuticule coquillière n'a été remarquée dans les deux lots.

Durant tout le stress thermique intervenu au cours de la seconde saison humide, on a constaté une léthargie subite des escargots, une rétraction anormale des individus dans leur coquille mais pas de production d'épiphragme. Durant les semaines suivantes, la vie active a repris lentement mais la consommation d'aliments a diminué au cours de la période de nuits peu humides enregistrée un mois après le stress thermique.

Durant ces 8 mois d'expérimentation, l'enroulement de la spirale coquillière s'est déroulé selon un schéma d'occupation de l'espace identique chez les dix sujets testés.


Discussion

Analyse des résultats

Les deux lots d'escargots ont débuté leur croissance par la formation d'une coquille de qualité, légère, pourvue d'une cuticule coquillière non altérée. Aucun amaigrissement n'est apparu durant les dix premières semaines de vie active des animaux.

Quinze jours avant que l'incidence du confinement trop exigu ne soit perceptible sur les animaux, on constate pour les deux lots que le tracé du rapport poids vif moyen/ longueur de coquille moyenne a déjà commencé à varier dans le sens de l'augmentation. Il a été démontré (Stiévenart 1989) que les prises anormales de poids en cas de fractures répétées de lèvre coquillière chez des Archachatines sont essentiellement dues à un alourdissement de la coquille avec un arrêt de la croissance en longueur.

Durant la saison sèche, l'arrêt de croissance a été progressivement induit, et les escargots rétractés dans leur coquille obstruée par un épiphragme ont puisé sur leur réserves nutritives pour survivre. Leur poids vif en fin de saison sèche a donc été inférieur à celui présenté en début de saison sèche.

Dès le retour de la saison humide, les escargots à nouveau actifs ont recouvré un état d'embonpoint indispensable à une bonne croissance. Ils ont également disposé alors de plus d'espace pour se mouvoir. On remarque que les escargots ayant accès à des bâtonnets de craie ont recommencé rapidement une production de matériau coquillier de qualité qui leur a permis - la cause principale de traumatisme étant écartée - un accroissement coquillier normal. Leur spirale coquillière s'est donc accrue. Par contre et malgré une surface de bac plus grande également, les individus du lot n'ayant pas accès à des bâtonnets de craie ont éprouvé des difficultés à produire un matériau coquillier résistant. Cette mauvaise qualité de la coquille n'a pas permis de résister aux chevauchements opérés par l'individu le plus grand sur ses congénères plus petits mais pourtant éclos à la même date. L'accroissement de la spirale coquillière de l'individu dominant dans le lot n'ayant pas accès à des bâtonnets de craie a été cependant plus laborieux que celui observé chez le sujet dominant du lot ayant accès à des bâtonnets de craie.

Un graphique du rapport poids vif/longueur de coquille (PV/L) pour chaque lot permet mieux de constater une perte de poids importante au terme du stress thermique par comparaison avec le poids vif moyen qu'auraient au moins dû avoir les escargots s'ils n'avaient été soumis à ce stress thermique entre les 192ème et 234ème jours. On assiste au retour progressif des escargots à un poids vif moyen plus propice à une croissance à partir du 206ème jour.

Entre les jours 234 et 248, l'accroissement coquillier a été faible. La pesée intermédiaire opérée au J241 permet de percevoir entre J234 et J241, une période de relative inactivité des escargots qui coïncide avec une consommation alimentaire faible observée au cours de l'instauration de la séquence de nuits sèches. La pesée de J241 ayant nécessité un contact prolongé des escargots avec l'eau, ces derniers ont été stimulés et sont sortis de leur torpeur. Dès ce moment ils ont repris une évolution pondérale en harmonie avec leur taille.


Limitations et exigences du suivi de la croissance d'escargots géants africains à l'aide de la combinaison PV-L.

La limitation de l'utilisation de ces courbes de référence PV/L est liée à la valeur intrinsèque de la combinaison "Poids vif/longueur de coquille". En effet, au cours de son processus de croissance, Achatina fulica ne déroule pas la même spirale coquillière dans l'espace qu'Archachatina marginata ou Achatina achatina. La fiablité de ce type de suivi requiert donc, au sein de la population d'escargots géants africains observée, une homogénéité du développement de la spirale coquillière au cours de l'accroissement coquillier. De plus, outre les observations directes des animaux, l'enregistrement des poids vifs et longueurs de coquille devra être fréquent et régulier. La pesée nécessitant le contact de l'escargot avec de l'eau, il est donc peu recommandable d'intervenir sur le lot en saison sèche car on risquerait d'interférer sur le phénomène d'estivation.

On notera aussi que la connaissance du nom exact de l'espèce d'escargots géants africains n'est pas requise pour le développement d'un tel suivi de croissance. En effet, au sein d'une même espèce, on a constaté au S.P.A.T. une certaine variabilité du degré de développement du vortex dextre de la spirale coquillière, sans pouvoir cependant en déterminer l'étiologie exacte pour le moment.


Application de ce type de suivi

Ce type de suivi de croissance a été pratiqué au S.P.A.T. dès la fin de l'année 1988. Il a d'abord été utilisé pour l'appréciation critique de l'amélioration progressive de la technique d'élevage employée. Celle-ci est passée d'une production d'escargots géants africains anormalement alourdis au niveau coquillier, à une production d'escargots géants africains qui, tout en développant une croissance harmonieuse, possèdent une coquille légère mais résistante, non fracturée et revêtue d'une cuticule colorée non érodée. D'autre part et pour l'expérimentation, l'analyse des tracés PV/L complétée par l'observation directe des animaux permet de comprendre comment un accroissement coquillier insuffisant s'opère. Cette approche du phénomène peut aider à différencier un processus pathologique d'un arrêt physiologique de la croissance.

En production d'escargots géants africains, ce type de suivi de croissance peut être indiqué sous réserve de disposer d'informations tirées d'un nombre suffisant d'individus représentatifs de l'ensemble du troupeau élevé où l'homogénéité du développement de la spirale coquillière des animaux est une condition sine qua non. Les paramètres effectifs des troupeaux élevés pourront être ainsi utilement confrontés à la courbe de référence poids vif / longueur de coquille établie au laboratoire ou dans les meilleures conditions d'élevage pour la croissance non pathologique d'escargots de cette population. Ce tracé PV/L de référence constituera en quelque sorte un guide pour l'éleveur. Les tracés PV/L réels permettront aussi de caractériser le vécu de chaque troupeau.


Conclusion

Jusqu'à présent, l'évolution de la croissance d'escargots géants africains a, la plupart du temps, fait l'objet d'une présentation classique poids/âge ou longueur de coquille/âge (Cobbinah 1988; Esobe 1986; Hodasi 1982; Plummer 1975; Upatham 1988). Cependant la poïkilothermie et la capacité du gastéropode de ralentir son métabolisme lors d'estivation, rendent caduque la référence classique à l'âge.

La nouvelle conception du suivi de la croissance d'escargots géants africains à l'aide de la combinaison poids vif/longueur de coquille permet d'affiner la perception des processus physiologiques en cours. Elle a l'avantage de mettre en évidence très tôt des phénomènes difficilement perceptibles visuellement au début de leur induction, d'alerter l'éleveur sur d'éventuelles anomalies de croissance et de permettre l'anticipation de la mise en oeuvre des remèdes adéquats. Elle peut aussi être mise à profit pour l'expérimentation et semble rendre possible la comparaison de résultats expérimentaux élaborés dans des contextes géographiques, chronologiques et climatiques différents. Elle suppose un enregistrement fréquent et régulier des paramètres zootechniques de chaque individu. Elle est potentiellement utilisable pour le suivi de croissance de troupeaux d'escargots géants africains sous réserve de disposer d'informations tirées d'un nombre suffisant d'individus représentatifs de l'ensemble du troupeau élevé.

Le suivi de croissance d'un lot d'escargots géants africains à l'aide de la combinaison poids vif moyen/longueur de coquille moyenne n'est fiable que pour des groupes d'escargots qui accroissent leur spirale coquillière selon le même schéma d'occupation de l'espace. L'homogénéité d'enroulement de la spirale coquillière est donc la condition sine qua non de ce type de suivi.


Remerciements

L'auteur remercie le Professeur J.Hardouin pour l'attention et les conseils prodigés tout au long de cette recherche ainsi que l'ensemble du personnel du Service de Production Animale Tropicale de l'Institut de Médecine Tropicale d'Anvers (Belgique) où ont été réalisés ces travaux qui ont été rendus possibles par le soutien indirect du Rijkskas Voor Arbeidsvoorziening.


Bibliographie

Becquaert J C 1950 Achatinidae: Studies. Bull. Mus. Comp. Zool., 105:1 217.

Cobbinah J R, Osei-Nkrumah A 1988 The effect of food on growth of Achatina achatina. Snail Farming Research 2:20-24

Esobe S O. 1986 Feeding of the Giant African Snail Achatina achatina (Linné): some feeds compared. ASnail Farming Research 1:50-53

FAO 1986 Farming Snails 1-2. Better Farming Series 33 & 34 Hardouin J 1986 Mini-élevage et sources méconnues de protéines animales. Ann.Gx., 92:153-162

Hodasi J K M 1979 Life-history of Achatina achatina (Linné). J Moll Stud 45:329-339.

Hodasi J K M 1982 The effect of different light regimes on the behaviour and biology of Achatina achatina (Linné). Journal Moll. Stud. 48:283-293

Plummer J M 1975 Observations on the reproduction, growth and longevity of a laboratory colony of Archachatina marginata (Swaison) sub-species ovum. Proc. Malacol. Soc. London 41:395- 413

Stievenart C 1989 Nanisme chez l'escargot géant africain. (texte à soumettre à l'ANE (Cherasco-Italie) pour publication dans la revue Snail Farming Research Volume 3, 1990)

Upatham S E, Kruatrachue M, Baidikul V 1988 Cultivation of the Giant African Snail, Achatina fulica. Journal Science Society Thailand 14:25-40

 

Tableau 1 Lots experimentaux    
Lot ayant eu acces a des batonnets de craie Lot n'ayant pas eu acces a des batonnets de craie
P.V. L. Délai J P.V. L.
  15,8 J01   15,8
4,7 29,1 J28 4,8 29,3
7,4 33,9 J42 8,4 35,6
10,8 40,1 J56 12,4 42,2
17 46,9 J70 15,7 45,6
21,2 50,2 J83 20,2 47,2
27 56,1 J98 23,7 49,6
31,9 57,3 J112 25,8 50,2
36,8 58,9 J127 28,3 51,7
38,4 59,9 J136 28,3 52

saison sèche depuis J137 jusqu'à J164

33,1 60,8 J165 26,5 52,4
46 64,3 J179 31,4 54,5
51,9 68,3 J192 36,9 58,4

stress thermique entre J202 et J206

51,6 70,9 J206 36,4 59,6
57,2 72 J220 38,7 61,7

nuits sèches à partir de J226

68,7 75,2 J234 46,1 64,1
66,6 76,2 J241 46 65,1
76,9 76,8 J248 51,3 65,3

Significations des abréviations
P.V. = poids vif moyen du lot d'escargots (exprimé en grammes)
L. = longueur de coquille moyenne du lot d'escargots (exprimée en mm)
Délai J = nombre de jours écoulés depuis l'éclosion