Livestock Research for Rural Development 19 (4) 2007 Guide for preparation of papers LRRD News

Citation of this paper

Caractérisation de la conduite alimentaire des vaches laitières dans la région de Tizi-Ouzou, Algérie

S A Kadi*, F Djellal** et M Berchiche***

*Centre de Formation Professionnelle et de l'Apprentissage, Mechtras, Tizi-ouzou. Algérie
kadisiammar@yahoo.fr
**Département des sciences agronomiques, université Saad Dahlab, Blida. Algérie
fariddjellal@yahoo.fr
***Département des sciences agronomiques, université Mouloud Mammeri, Tizi-ouzou. Algérie

Résumé

En vue de caractériser l'alimentation des vaches laitières au niveau de la région de Tizi-Ouzou, 80 éleveurs ont été soumis à un questionnaire et 6 autres élevages ont été suivis durant 6 mois. La taille moyenne des élevages est de 20.5 vaches. Ces dernières reçoivent, indépendamment de leur état physiologique et de niveau de production, 5 à 10 kg de foin de vesce-avoine (rarement de ray gras d'Italie) et plus de 10 kg de concentrés (aliment composé à base d'orge, mais et tourteau de soja) par vache et par jour. Elles produisent en moyenne 12.8 litres par jour. La dépendance des élevages vis-à-vis du concentré est importante. Ce dernier est mal valorisé (0.8 UFLcc/kg de lait). La pratique de l'ensilage est quasiment absente.

Mots clés: Algérie, alimentation, pratiques d'élevage, vaches laitières



Characterization of feeding practices of the dairy cows in Tizi-Ouzou area, Algeria

Abstract

In order to characterize dairy cattle feeding in Tizi-Ouzou areas, eighty dairy farmers have been investigated and while 6 other farmers have been surveyed during 6 months. The average size of dairy herd is 20.5 cows. the animals receive 5 to 10 kg of dry roughage and more of 10 kg concentrate feeds (composed of barley, corn and soya ) per cow and per day, regardless their physiological state and production level. They produce 12.8 liters per day. The dairy cattle rely heavily on feed concentrate which is badly valorized. (0.8 UFLcc/kg of milk). The practice of silage is almost absent.

Key-words: Algeria, dairy cattle, feeding, husbandry practices


Introduction

L'Algérie est le premier consommateur laitier du Maghreb avec un marché annuel estimé, en 2004, à 1,7 milliard de litres, un taux de croissance de 8% et une consommation moyenne de l'ordre de 100 à 110 l/habitant/an. La production nationale couvre environ 40 % de ces besoins, le reste est couvert par des importations équivalant à prés de 750 millions USD en 2005. Par conséquent, plusieurs actions sont menées par les pouvoirs publics pour réduire ce déficit et la dernière en date consiste en un "programme national de réhabilitation de la production laitière" (Cherfaoui et al 2003).

Dans la majorité de ces programmes, l'aspect alimentaire a souvent été marginalisé. Aujourd'hui, notamment au niveau des élevages de petite taille, l'alimentation représente 60 à 70 % du coût de production du lait (Bennett et al 2006).

La wilaya (district) de Tizi-Ouzou, région pourtant montagneuse et à faible sole fourragère, est parmi les wilayas les plus productrices de lait au niveau national avec un nombre de 640 éleveurs et une production de 57 millions de litres de lait en 2005.

L'objectif de ce travail est de caractériser la conduite alimentaire au niveau des élevages laitiers dans la région de Tizi-Ouzou.
 

Matériels et méthodes

Région d'étude

La wilaya - district - de Tizi-Ouzou est située sur le littoral centre (Figure 1). Elle s'étend sur une superficie de 2958 Km2. Elle est subdivisée en 21 daïras et 67 communes. C'est une vaste région montagneuse. Elle est constituée d'un massif montagneux (le Djurdjura) qui culmine à 2308 m d'altitude, d'une chaîne côtière représentée par de hautes collines de 500 à 1000 m d'altitude et de 12 à 25 % de pente ainsi que d'une vallée (Sébaou) qui se caractérise par des terres dont la pente est inférieure à 12% et d'altitude ne dépassant pas les 500 m. Cette vallée est traversée par l'oued Sébaou, dont elle tire son nom, ce qui procure à la zone des possibilités d'irrigation.

Figure 1.   Localisation de la région d'étude

La région de Tizi-Ouzou est dominée par un climat de type méditerranéen, qui se caractérise par deux saisons bien contrastées : un hiver humide et froid et un été sec et chaud.

Les précipitations varient en général entre 600 et 1000 mm/an; la neige tombe principalement sur les régions de montagne; les gelées sont fréquentes en février à travers la totalité du territoire de la wilaya. Les températures obéissent à un gradient altitudinal et l'on distingue grosso modo un « climat montagnard » où les températures sont moins importantes et un « climat tellien » où l'on enregistre les températures extrêmes.

La SAU de la wilaya est de 94 537 ha, soit 31 % de la superficie totale. Prés de la moitié (48 %) de la superficie de la wilaya est occupée par la végétation naturelle. Ces surfaces se subdivisent en pacages et parcours localisés dans les zones de montagnes et les exploitations forestière.
 

Méthodologie

Le travail a été conduit suivant deux axes: le premier a consisté en la réalisation d'une enquête, le second a porté sur un suivi de quelques élevages. La combinaison d'enquêtes et de suivi d'élevages est intéressante en ce sens qu'elle permet d'adjoindre à des données d'enquête de fiabilité aléatoire, basées le plus souvent sur la mémoire et les dires des éleveurs, des résultats de suivi des animaux nettement plus réels et précis. La combinaison de ces deux aspects (enquêtes et suivis) permettent d'avoir une vision plus correcte du fonctionnement des exploitations.

Enquête

L'enquête a été menée entre septembre et novembre 2005. L'échantillon est constitué de 80 exploitations, possédant 1496 vaches et produisant quotidiennement 14730 l de lait; selon la bibliographie notamment Udo et Cornelissen (1998), un échantillon de 60 éleveurs enquêtés est suffisant pour obtenir des informations utiles dans ce genre de travaux.

Un questionnaire a été développé pour obtenir des informations sur les caractéristiques de gestion de l'exploitation notamment les facteurs ayants trait à l'alimentation des vaches laitières.

Les interviews ont été menées au gré des rencontres des éleveurs au niveau des centres de collecte du lait repartis à travers tout le territoire de la wilaya de Tizi-Ouzou (figure 1) et appartenant soit à la laiterie de Draa Ben Khedda (6 centres), soit à l'entreprise Danone-Djurjura (2 centres). Lorsque les éleveurs sont consentants, une visite de l'exploitation est réalisée.

Suivi d'élevages

Le choix des exploitations et des éleveurs résulte d'un compromis entre la volonté d'une représentativité des systèmes d'élevage existant dans la zone d'étude, l'acceptation par les éleveurs des contraintes du suivi, la condition que l'élevage soit déclaré donc le cheptel vacciné et enfin un nombre minimal de vaches en production supérieur à dix. Ainsi, 06 exploitations ont été sélectionnées à travers la région d'étude et suivies de septembre 2005 à février 2006.

Au niveau de chacune des six exploitations, toutes les vaches en production ont été identifiées et une fiche individuelle de suivi a été établie pour chacune d'elles soit un total de 261 vaches.

Durant la visite des exploitations (deux fois par mois), plusieurs paramètres sont mesurés ou observés:

         PV= Poids Vif (kg) ; TP= Tour de Poitrine (m)

Dans chacune des exploitations suivies, des échantillons de fourrage et de concentré utilisés sont prélevés pour en déterminer la composition chimique (AFNOR 1981); notamment la matière sèche, les matières minérales, les matières organiques, les protéines brutes, la cellulose brute et les matières grasses.

Les résultats des analyses physico-chimiques sont utilisés pour estimer la valeur nutritive des aliments. Cette dernière est réalisée selon la démarche séquentielle basée sur l'estimation de la digestibilité de la matière organique (dMO) et de la matière organique fermentescible (MOF). Par la suite, l'unité fourragère lait (UFL) est calculée à partir des estimations de l'énergie brute, de l'énergie digestible, de l'énergie métabolisable et enfin de l'énergie nette. Les protéines digestibles dans l'intestin permises par l'énergie (PDIE) et par l'azote (PDIN) sont calculées par l'estimation des protéines d'origine alimentaire (PDIA) et celles d'origine microbienne permise par l'énergie (PDIME) et par l'azote (PDIMN). L'ensemble de ces calculs est fait selon les équations d'Andrieu et al (1981), Andrieu et Demarquilly (1987), Aufrère et al (1989), Demarquilly et al (1978), Giger-Reverdin et al (1990). Sauvant et al (1987, 2002) et Vérité et al (1987). Selon Baumont et al (1999), les valeurs de DT (dégradabilité théorique) et de dr (digestibilité réelles des protéines) ne peuvent pas à ce jour être prévues pour les fourrages; nous avons donc utilisé celles indiquées dans les tables par Andrieu et Demarquilly (1987): DT= 0.66 et dr = 0.70. Pour la DT des concentrés, nous l'avons estimé à 0.75 qui est la moyenne des DT des concentrés simples les plus usités dans les concentrés composés rencontrés dans notre cas. Cette méthode d'estimation a été inspirée de celle de Demarquilly et al (1978).

Analyses statistiques

Toutes les données sont rassemblées dans un fichier type tableur avec, en lignes, les différentes exploitations et, en colonnes, les variables explicatives et expliquées représentées par les différentes questions. Les statistiques descriptives élémentaires ont été calculées pour chacun des paramètres (moyennes, écart-types et proportions).

L'indépendance de la variable expliquée quantité de lait produite avec les variables explicatives surface fourragère irriguée, quantité de fourrage vert distribuée, quantité de concentré distribué, calcul de la ration à distribuer et la fréquence d'abreuvement d'une part et de la variable expliquée nombre de vaches avec les variables explicatives surface fourragère irriguée et surface fourragère conduite en sec d'autre part a été vérifiée à l'aide du test c2. Dans le cas positif, les variables ont été soumises à une analyse factorielle des correspondances (AFC) à l'aide du logiciel Statbox 6.4 dans le but de préciser leur degré de liaison.
 

Résultats

Caractérisation des exploitations agricoles

La répartition en classes des exploitations concernées par l'enquête selon la superficie fourragère utilisée en sec et celle en irriguée est représentée dans la figure 2. Il existe 45.5 % des exploitations qui n'ont pas de surface fourragère irriguée et 17.5 % n'en ont pas en sec. Dans 38 % des exploitations, la superficie fourragère irriguée est inférieure à 3 ha. Dans le cas de la conduite en sec, la proportion la plus importante est celle de la classe de 3 à 6 ha (36.25 %). Les superficies fourragères sont occupées exclusivement par le sorgho, le trèfle d'Alexandrie, l'orge et l'avoine.


Figure 2.  Répartition des exploitations agricoles par classe de surface fourragère


Le nombre de vaches par élevage est en moyenne de 20.5 ± 19.04 ; 45 % des enquêtés élèvent exclusivement des montbéliardes contre 14 % pour les holsteins. Les deux races se retrouvent mélangées dans 37.5 % des exploitations.

La majorité des éleveurs interrogés (36.25 %) ont un niveau d'étude moyen alors que 10 % sont des sans niveau et 8.75 % sont des universitaires. Par ailleurs, la quasi-totalité (97,5 %) de ces chefs d'exploitations n'a pas suivi de formation agricole.

Conduite de l'alimentation

Les proportions "nombre de vaches" et "quantités de lait produites" sont confrontées à l'aide du testc2 aux principaux paramètres influençant l'alimentation et la production laitière (tableau 1).

Tableau 1.   Résultats du test c2  appliqué à  quelques paramètres en relation avec l’alimentation des vaches laitières au niveau de la région d’étude

Paramètres

Valeur
observée

Valeur théorique

ddl

Signification statistique

Nombre de vaches / surface fourragère irriguée

89.55

119.87

96

NS

Nombre de vaches / surface fourragère conduite en sec

191.19

199.25

168

NS

Quantité de lait produite / surface fourragère irriguée

25.65

23.68

14

*

Quantité de lait produite / quantité de fourragé vert distribuée

14.50

9.46

4

*

Quantité de lait produite / Quantité de concentré distribué

18.20

26.29

16

NS

Quantité de lait produite / calcul de la ration à distribuer

7.23

5.94

2

*

Quantité de lait produite / fréquence d’abreuvement

7.45

12.57

6

NS

NS : non significatif           * : p<0.05

 

Il en ressort l'existence d'une relation significative entre les paramètres quantités de lait produites et les paramètres surfaces fourragères en irriguées, quantité de fourrage vert distribuées ainsi que la pratique du rationnement. Ces donnés ont été soumises à une analyse factorielle des correspondances (AFC) (figure3).


Q22 : surface fourragère en sec. Q34 : Calcul de la ration.
Q35: quantités de fourrage vert distribuées aux vaches. Q58: Production laitière/jour/vache

Figure 3. Représentation, selon les deux premiers axes de l'analyse factorielle des correspondances, des variables étudiées

Il n'y a pas de dépendance entre le nombre de vache et la surface fourragère que ce soit en sec ou en irriguée, ce qui dénote d'une conduite en « hors sol » des élevages. Cette situation est signalée dans d'autres régions d'Algérie par Adem (2003). C'est le cas aussi dans les élevages laitiers peri-urbains au Maroc (Srairi et al 2005).

Globalement (71.23 % des exploitations), les vaches reçoivent une quantité de foin comprise entre 5 et 10 kg par jour. Le foin étant dans la majorité des élevages celui de vesce avoine et de qualité moyenne voire mauvaise (Tableau 2).

Tableau 2.   Valeur nutritive des foins et concentrés utilisés au niveau des exploitations suivies

 

Foin

Concentré

UFL

PDIE

PDIN

UFL

PDIE

PDIN

Exploitation 1

0.57

73.82

39.29

1.02

105.26

131.03

Exploitation 2

0.53

53.20

34.48

0.94

101.66

118.72

Exploitation 3

0.53

53.20

34.48

0.94

101.66

118.72

Exploitation 4

0.53

53.20

34.48

0.94

101.66

118.72

Exploitation5

0.67

62.60

48.77

0.89

97.36

103.93

Exploitation 6

0.60

61.41

50.31

1.12

103.94

126.43

UFL:unité fourragère lait; PDIE: protéines digestibles dans l’intestin permises par l’énergie;
PDIN: protéines digestibles dans l’intestin permises par l’azote

L'utilisation de l'ensilage est absente dans la quasi-totalité (98.75 %) des exploitations. Par contre, l'aliment concentré composé du commerce est abondamment utilisé; 40 % des éleveurs en distribuent plus de 10 kg/vache/jour (figure 4).


Figure 4.  Répartition des exploitations agricoles par classe de quantité
de concentré distribué quotidiennement aux vaches laitières


Le rendement UFLcc/Kg de lait (déterminé comme étant l'ensemble des consommations de concentrés alimentaires par les vaches d'une exploitation au cours d'une année, exprimé en UFL, rapporté à la quantité totale de lait produite) est en moyenne de 0.88 ± 0,74. Dans les élevages suivis, ce rendement varie de 0.57 dans l'exploitation 5 à 0.98 dans l'exploitation 2 et atteint en moyenne 0.80 ± 0,14 (Tableau 3).

Tableau 3.   Caractéristiques structurelles et performances des élevages suivis.

Exploitation No

1

2

3

4

5

 6

Moyenne

SAU, ha

31

9

27

21

350

192

105.00

S F T, ha

23

7

19

16

235

140

73.33

S F I, ha

9

2

5

00

90

62

28.00

S F N I, ha

14

5

14

16

145

78

45.33

Nombre de vaches

36

14

16

18

97

80

43.50

Concentré /vache/an,  kg

4582.57

5490.69

4110.03

3791.16

2509.08

3527.55

4001.84

UFLcc/kg de lait

0.93

0.98

0.86

0.82

0.57

0.69

0.80

Rendement laitier, kg de lait/vache/an

4117.5

4681.75

3993.50

3863.37

3678.30

4272.00

4101.07

SAU: Superficie Agricole Utile, SFT: Superficie Fourragère Totale, SFI: Surface Fourragère Irriguée, SFNI: Surface Fourragère Non Irriguée, UFLcc: Unité Fourragère Lait des concentrés.

Ce chiffre est énorme, ce qui montre clairement que les concentrés couvrent les besoins du lait mais aussi une large part des besoins d'entretien. Cette situation est causée notamment par la qualité moyenne des fourrages mais surtout par les faibles quantités consommées. En effet, le prix des fourrages notamment les foins, est très élevé durant la période d'étude aux point ou certains éleveurs se rabattent sur l'utilisation de la paille à la place des foins et son remplacement par la sciure de bois comme litière.

Les principales sources de concentré sont le son de blé (52.50 % des exploitations) et l'aliment composé du commerce (46.25 %). L'utilisation de la pierre à lécher est signalée dans seulement 32.5 % des exploitations.

Le tarissement représente une période délicate en terme d'alimentation de la vache laitière (Friggens et al 2004, Kokkonen 2005); c'est la période durant laquelle a lieu la préparation de la vache à la lactation suivante. Dans la majorité des exploitations, cette période n'est pas maîtrisée et les éleveurs ne semblent pas mesurer son importance. Dans un quart des élevages, les vaches sont nourries de la même manière avant et après le tarissement (figure 5).


Figure 5.   Répartition des exploitations agricoles par classe
de mode d'alimentation des vaches laitières durant le tarissement


Production laitière

Le numéro de lactation est en moyenne 4.08 ± 1.47. La moyenne technique est de 12.78 ± 3.67 litres/vache/jour et la moyenne économique de l'ordre de 9.45 ± 2.5 litres/vache/jour. Le meilleur rendement est réalisée par l'exploitation 2 avec 4681.75 litres/vache/an. Quant à l'exploitation 5, elle réalise le rendement le moins bon avec 3678.30 litres/vache/an.

Prés de 70 % des exploitations n'élevant que des montbéliardes produisent entre 10 et 15 litres par vache et par jour (figure 6).



Figure 6. 
Répartition des exploitations par classe de quantité de lait produite par vache et par jour selon que ces exploitations élèvent uniquement des holsteins, uniquement des montbéliardes ou les deux races à la fois.


Celles qui élèvent les montbéliardes et holsteins mélangées réalisent la même performance dans 52 % des cas. Par contre, les exploitations qui n'élèvent que des holsteins produisent en majorité (50 %) des quantités inférieures à 10 litres par vache et par jour. La classe de production comprise entre 16 et 20 litres par vache et par jour est surtout rencontrée dans les exploitations où les deux races sont mélangées.
 

Discussion

Plus d'un tiers des éleveurs interrogés (36.25 %) ont un niveau d'étude moyen alors que 10 % sont des sans niveau et 8.75 % sont des universitaires; au niveau national, ces proportions sont respectivement égales à 5.8 %, 65 % et 1%. Par ailleurs, la quasi-totalité (97,5 %) de ces chefs d'exploitations n'ont pas suivi de formation agricole (97, 3 % au niveau national).

Le nombre moyen de vaches par exploitation (20.5) est supérieur à celui signalé au niveau national (8 sujets). Selon la direction des services agricoles, le nombre de vaches laitières au niveau de la wilaya est passé de 18700 en 1986 à 38550 en 2005.

L'alimentation du bétail en Algérie se caractérise notamment par une offre insuffisante en ressources fourragères ce qui se traduit par un déficit fourrager estimé à 34% par Houmani (1999). Les éleveurs sont alors contraints de se rabattre sur des fourrages de moindre qualité mais surtout d'utiliser les concentrés d'une manière abusive. Dans la région d'étude, le déficit fourrager est estimé à 30% (Nouad et al 2000).

Une utilisation abusive de concentrés (le taux d'UFLcc/kg de lait est de 0.80 ± 0.15), en plus de déprécier la productivité des vaches laitières et d'augmenter les coûts de production, présente un risque élevé de troubles métaboliques notamment une acidose latente ou sub-clinique (Peyraud et al 2006; Khampa et Wanapat 2007). De plus, d'après Chenost et Kayouli (1997), la complémentation "supplémentaire" apportant les nutriments permettant de couvrir les besoins de production devra être réaliste sur le plan non seulement nutritionnel mais également socio-économique(disponibilité, coût,…etc.).

Selon Houmani (1999), les élevages de bovins laitiers en Algérie, se caractérisent par l'usage excessif des foins secs et des concentrés au détriment des fourrages verts et de l'ensilage. D'ailleurs, durant une grande partie de l'année, la paille y est prioritairement utilisée comme aliment et non comme litière, à cause de son prix élevé (Abdelguerfi et Zeghida 2005).

L'aliment concentré est mal valorisé (0.8 UFLcc/kg de lait). Au niveau de l'est algérien, région la plus riche en fourrages, Madani et al (2004) ont rapporté de meilleures performances allant de 0.32 à 0.53. Dans les conditions d'élevage au Maroc, Sraïri et al (2005) signalent un rendement de 0.76. La part du concentré dans l'apport énergétique total pour les vaches laitières est en moyenne de 34,8 % ±21,6. Au niveau national, Adem (2003) signale un taux de 50 % alors que Srairi et Khattabi (2001) signalent un taux de 72.9 % les exploitations marocaines.

Toutes les vaches reçoivent la même ration, indépendamment de leur niveau de production, de leur stade physiologique et parfois même durant la période de tarissement. Cette situation est signalée aussi dans les élevages laitiers dans la région de Constantine (Est du pays) par Kayoueche (2000).

Concernant les rendements laitiers, la moyenne technique est de 12.78 ± 3.67 litres de lait/vache/jour et la moyenne économique de l'ordre de 9.45 ± 2.5 litres/vache/jour. Pour la même région d'étude et concernant la compagne agricole 2000/2001, Adem (2003) signale 13.52 et 9,49 litres/vache/jour respectivement pour la moyenne technique et la moyenne économique. Le même auteur, rapporte dans le cadre du CIZ (centre d'information zootechnique qui suit 88 exploitations et 1995 vaches laitières sur l'ensemble du territoire national) une moyenne technique de 13.38 et une moyenne économique de 9.81 litres/vache/jour. Pour la région de la Mitidja, réputée parmi les principaux « bassins laitiers » du pays, Ouakli et Yakhlef (2003) rapportent une moyenne technique de 11.48 et une moyenne économique de 8.91 litres/vache/jour. Rapportée à une lactation de référence (305 j), la production au niveau des exploitations suivies avoisine les 3900 litres ce qui est légèrement supérieur aux performances signalées par Srairi et Baqasse (2000) au Maroc (3560 litres) mais largement inférieur aux potentialités des deux principales races élevées à savoir la Montbéliarde et la Holstein.

Les vaches de race montbéliarde semblent mieux adaptées aux conditions d'élevages dans la région puisqu'elles réalisent les meilleures performances. Ceci explique la préférence des éleveurs pour cette race (présentes dans 82.5 % des élevages).

L'exploitation 2 qui réalise le meilleur rendement est celle où le concentré est le plus utilisé avec 5490.69 kg de Concentré/vache/an et un rapport UFLcc/kg de lait de 0.98. L'exploitation 5 qui réalise le moins bon rendement est celle où le concentré est le moins utilisé (3678.30 kg de Concentré/vache/an et un UFLcc/kg de lait de 0.57). Le rendement laitier moyen (4101.07 kg/vache/an) est légèrement supérieur à la moyenne nationale qui est de l'ordre de 3806 kg/vache/an (Ferrah 2007).
 

Conclusion

Remerciements

Les auteurs remercient vivement les éleveurs et les responsables des centres de collecte de lait (laiterie DBK et Danone-Djurdjura) pour leur collaboration qui a permis la réalisation de ce travail ainsi que le réviseur de la Revue pour ses remarques pertinentes.


References

Abdelguerfi A et Zeghida A 2005 Utilisation des engrais par culture en Algérie. Food and Agriculture Organization, Rome. Italy. édition. 56p ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/008/y5953f/y5953f00.pdf

Adem R 2003 Les exploitations laitières en Algérie: structure de fonctionnement et analyse des performances technico- économiques : cas des élevages suivis par le c.i.z. http://www.gredaal.com/ddurable/agricelevage/obselevages/lait_vrouges/lait/tiziouzou2003rachid.pdf

AFNOR 1981 Méthodes d'analyse des aliments du bétail. AFNOR édition. Paris, 300 p

Andrieu J et Demarquilly C1987 Valeur nutritive des fourrages : tables et prévision. Bulletin Technique du Centre de Recherche Zootechnique et Vétérinaire, INRA (70) 61-73

Andrieu J, Demarquilly C, Wega-Litre E et Weiss Ph 1981 Prévision de la valeur énergétique des foins : in prévision de la valeur nutritive des aliments des ruminants. édition INRA. P119-127

Aufrère J, Graviou D, Demarquilly C, Vérité R, Michalet-Doreau B et Chapoutot P 1989 Aliments concentrés pour ruminants : prévision de la valeur azotée PDI à partir d'une méthode enzymatique standardisée. INRA Production Animale, 2, 249-254

Baumont R, Champciaux P, Agabriel J, Andrieu J, Aufrère J, Michalet-Doreau B et Demarquilly C 1999. Une démarche intégrée pour prévoir la valeur des aliments pour les ruminants : PrévAlim pour INRAtion. INRA Production Animale., 12, 183-194. http://www.inra.fr/internet/Produits/PA/an1999/tap1999/baumont993.pdf

Bennett A, Lhoste F, Crook J and Phelan J 2006 The future of small scale dairying. In Livestock Report 2006. Food and Agriculture Organization, Rome. Italy. 85p http://www.fao.org/AG/AGAInfo/resources/en/publications/sector_reports/2006livestockreport.pdf

Chenost M et Kayouli C 1997 Utilisation des fourrages grossiers en régions chaudes. Etudes FAO: Production et santé animales - 135 http://www.fao.org/docrep/W4988F/W4988F00.htm

Cherfaoui M L, Mekersi S et Amroun M 2003 Le programme national de réhabilitation de la production laitière: Objectifs visés, contenu, dispositif de mise en œuvre et impacts obtenus http://www.gredaal.com/ddurable/agricelevage/obselevages/lait_vrouges/lait/Aidespubliqueslait.pdf

Demarquilly C, Andrleu J et Sauvant D 1978 Composition et valeur nutritive des aliments. In: Alimentation des Ruminants, INRA Publications Versailles, 469-518

Ferrah A 2007 Le programme national de réhabilitation de la production laitière : Objectifs visés, contenu, dispositif de mise en œuvre et impacts obtenus. Consulté le 23 janvier 2007. http://www.gredaal.com/ddurable/agricelevage/obselevages/publications/autres/Elevage-Algerie-2005.pdf

Friggens N C, Andersen J B, Larsen T, Aaes O and Dewhurst R J 2004 Priming the dairy cow for lactation: a review of dry cow feeding strategies. Animal Research 53, 453-473 http://www.edpsciences.org/articles/animres/pdf/2004/06/z204001.pdf

Giger-Reverdin S, Aufrere J, Sauvant D, Demarquilly C, Vermorel M et Pochet S 1990 Prévision de la valeur énergétique des aliments composés pour les ruminants. INRA, Production Animale, 3(3), 181-188

Houmani M 1999 Situation alimentaire du bétail en Algérie. Recherche Agronomique (INRAA). 4, 35-45

ICAR 2005. International agreement of recording practices. 403p http://www.icar.org/Documents/Rules%20and%20regulations/Guidelines/Guidelines_2005_final_low_resolution.pdf

Kayoueche F Z 2000 Pratiques d'élevage : structure et fonctionnement de onze elevages de la wilaya de constantine. 3ème Journée de la Recherche sur les Productions Animales, Tizi Ouzou, 13-15 Novembre 2000, 60-68, 368p

Khampa S et Wanapat M 2007 Manipulation of Rumen Fermentation with Organic Acids Supplementation in Ruminants Raised in the Tropics. Pakistan Journal of Nutrition, 6 (1): 20-27 http://www.pjbs.org/pjnonline/fin589.pdf

Kokkonen T 2005 Energy and protein nutrition of dairy cows during the dry period and early lactation: Production performance and adaptation from pregnancy to lactation. PhD thesis, Helsinki University, 66p http://ethesis.helsinki.fi/julkaisut/maa/kotie/vk/kokkonen/energyan.pdf

Madani T, Mouffok C et Frioui M 2004 Effet du niveau de concentré dans la ration sur la rentabilité de la production laitière en situation semi-aride algérienne. 11émes Rencontres de la Recherche sur les Ruminants http://217.167.235.86/html28/IMG/pdf/2004_itineraire_20_Madani.pdf

Marmet R 1983. La connaissance du bétail: Les bovins. Tome 1. Lavoisier edition 187p

Nouad M A, Askri A et Belhadi Z 2000 Etude systémique pour une contribution a la connaissance et a l'amélioration de l'élevage des ruminants dans la wilaya de Tizi ouzou. 3ème Journée de la Recherche sur les Productions Animales Tizi Ouzou, 13-15 Novembre 2000, 98-108, 368p

Ouakli K et Yakhlef Y 2003 Performances et modalites de production laitiere dans la mitidja. 4èmes Journées de Recherche sur les Productions Animales Tizi-Ouzou 7, 8, 9 Décembre 2003 4ème Journée de la Recherche sur les Productions Animales, Tizi Ouzou, 7-9 Décembre 2003, 34-42, 161p

Peyraud J L et Apper-Bossard E 2006 L'acidose latente chez la vache laitière. INRA Production. Animale., 19, 79-92.http://www.inra.fr/productions-animales/tap2006/peyraud262.pdf

Sauvant D, Aufrere J, Michalet-Doreau B, Giger S et Chapoutot P 1987 Valeur nutritive des aliments concentrés simples: Tables et prévision. Bulletin Technique du Centre de Recherche Zootechnique et Vétérinaire Theix, INRA, 70, 75-89

Sauvant D, Chapotou P, Peyraud J L, Meschy F et Doreau B 2002 Valeur nutritive pour les ruminants. In: Tables de composition et de valeur nutritive des matières premières destinées aux animaux d'élevage. D Sauvant, G.M.Perez et G. Tran. edition INRA-AFZ, p43-51

Sraïri M T et Baqasse M 2000 Devenir, performances de production et de reproduction de génisses laitières frisonnes pie noires importées au Maroc.Livestock Research for Rural Development.Volume. 12, Art.123 http://www.cipav.org.co/lrrd/lrrd12/3/sra123.htm

Sraïri M T et El Khattabi M 2001 Evaluation économique et technique de la production laitière intensive en zone semi-aride au Maroc. Cahiers d'études et de recherches francophones / Agricultures. Volume 10, Numéro 1, 51-5, Janvier - Février 2001, Notes de recherche

Sraïri M T, Hasni Alaoui I, Hamama A et Faye B 2005 Relations entre pratiques d'élevage et qualité globale du lait de vache en étables suburbaines au Maroc. Revue de Médecine Vétérinaire 2005, 156, 3, 155-162 http://revmedvet.envt.fr/RevMedVet/2005/RMV156_155_162.pdf

Udo H and Cornelissen T 1998 Livestock in ressource-poor farming systems. Outlook on Agriculture 27:237-242

Vérité R, Michalet-Doreau B, Chapoutot P, Peyraud J L et Poncet C 1987 Révision du système des protéines digestibles dans l'intestin (P.D.I). Bulletin Technique du Centre de Recherche Zootechnique et Vétérinaire Theix, INRA, 70, 19-34.



Received 28 January 2007; Accepted 22 February 2007; Published 2 April 2007

Go to top